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la lanterne de diogène
18 juillet 2006

finance et démocratie

Décidément, la mondialisation libéraliste, c’est l’événement permanent.

Ces jours-ci, nous apprenons que General Motors, fait appel à Renault pour la sortir du mauvais pas dans lequel elle s’est fichue.

General Motors est un nom qui fait rêver.

Général suggère la puissance d’une armée (même si ça n’a rien à voir) et la primauté du grade. Quant à l’anglais « motor », la sonorité fait penser à des moteurs extrêmement puissants. General Motors ce sont ces grosses américaines qui faisaient rêver dans les films des années 50. GM n’est que le nom de la société qui fabrique des véhicules qui sortent sous des marques différentes qui, toutes, font rêver : Chevrolet, Pontiac, GMC, Buick, Cadillac et d’autres moins connues ici. En Europe, ces véhicules sont commercialisés sous la marque Opel ou Vauxhall et Bedford en GB. Il faut ajouter Saab qui s’est fait bouffer, il y a quelques années et Chevrolet qui existe en Belgique et en Suisse et qui va reprendre les modèles de Daewoo. N’en jetez plus !

Or, voici que ce qui symbolise le mieux, avec Ford, la puissance de l’industrie automobile fait appel au groupe Renault. Le groupe Renault, lui même, en 1999, a repris Nissan qui pendant longtemps a été le numéro 1 de l’industrie automobile japonaise à l’époque où celle-ci faisait peur à tout le monde. Renault n’a pu le faire qu’en raison d’assises fortes, en clair de la garantie de l’actionnaire majoritaire de l’époque : l’Etat français. Mais, il ne faut pas le dire car toute tentation keynésienne est taboue. Renault n’a jamais pu ne serait-ce que figurer sur le marché nord-américain malgré le rachat calamiteux d’American Motors et la réussite du rachat progressif de Mack Trucks. Dans le premier cas, on devrait savoir gré à Renault d’avoir ainsi participé, involontairement, à l’élimination du numéro 3 local. Quant aux camions, je ne serai pas étonné que la marque Renault disparaisse à moyen terme au profit de Mack.

A noter que depuis quelques années, Renault et GM produisent ensemble les véhicules utilitaires nommés traffic et master qui s’appellent vivaro et movano sous la marque Opel. Ceci explique sans doute cela.

Comment en est-on arrivé là ? Les principales difficultés du géant étatsunien tiennent au fait que l’entreprise doit supporter le versement de pensions de retraite à ses anciens salariés vu que la Sécurité Sociale n’existe pas là-bas. Or les actionnaires d’aujourd’hui ne voient qu’une chose : l’argent donné aux vieux ne rentre pas dans leur poche.

De son côté, Nissan, présente sur le continent américain –avec Datsun –depuis moins longtemps n’a pas proposé à ses salariés les mêmes avantages que les grandes marques nationales qui ont dû négocier avec le très puissant syndicat AFL-CIO. Au contraire, on a même apprécié de voir ces mangeurs de riz investir là-bas à l’époque où l’industrie locale tardait à se moderniser et produisait du chômage.

Résultat, le symbole du capitalisme triomphant «  s’en va crier famine [en France] chez sa voisine ». La vieille Europe et ses Etats-providence (du moins ce qu’il en reste) tient le coup.

Comme les actionnaires ne sont décidément pas des amis du genre humain, on apprend qu’en Chine, ils menacent de se retirer ou de ne plus investir si la législation instaure la semaine de 40 heures, une hausse du salaire minimum et du tarif des heures supplémentaires. Je leur propose d’aller délocaliser au Bangladesh puis, quand les hères du Bengale sortiront un peu la tête du delta du Gange, ils pourront ensuite investir au Niger, vu que là-bas, le prolétariat ne risquera jamais de sortir la tête de l’eau puisqu’il n’y en point. Ensuite ? eh bien il se trouvera quantité de pays ruinés par la mondialisation et qui présenteront des conditions dignes des bagnes romains ou barbaresques. Le rendement des actions sera optimal.

Le pouvoir financier n’a pas encore pu investir le pouvoir politique même s’il tente et réussit souvent à l’influencer. En fait, dans la plupart des cas, il n’en a pas besoin vu qu’il exerce le vrai pouvoir face à des politiques affaiblis et des populations endoctrinées et résignées. En détenant les principaux moyens d’information, la bonne parole est largement diffusée : Fox news, AOL, et en France les TF1, Hachette-Lagardère médias, publications Dassault. Ne revenons pas sur l’intimidation des électeurs français lors du référendum européen. Cependant, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Ainsi, il y a deux ans, la défaite d’un parti hindouiste alors au pouvoir en Inde avait provoqué la ire de la finance. Qu’importe que ce parti, le BJP, qu’on qualifierait de fasciste en Europe de l’ouest, ait instauré un climat d’affrontements entre hindous et musulmans qui fait encore des centaines de morts aujourd’hui et menace la stabilité du sous-continent : les entreprises qui investissaient sur place réalisaient de confortables revenus pour leurs actionnaires. Dans le même temps, les informaticiens indiens, sous-payés mais anglophones, s’exilaient pour concurrencer dans les pays industrialisés leurs camarades locaux. Les ouvriers indiens viennent construire des bateaux jusqu’à Saint-Nazaire, aux conditions indiennes à peine améliorées (préfiguration de la directive Bolkestein),  pour permettre de conserver la construction navale en France. Des profits, oui mais pas pour les salariés. La coalition emmenée par le Parti du Congrès risque de se montrer plus favorable à sa population qu’aux actionnaires lointains. Les financiers menacent.

Nul doute que, si la démocratie ne donne pas satisfaction à la finance mondialisée, celle-ci trouvera les moyens de contourner le suffrage populaire.

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