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la lanterne de diogène
10 avril 2007

départ de M.Azouz Begag : beaucoup de bruit...

Etrange le raffut autour de la démission du Secrétaire d’Etat à l’Egalité des Chances. Tout se passe comme s’il suffisait d’être opposé un tant soit peu à M.Sarkozy pour décrocher une sorte de label de brave type et se voir soudain paré de toutes les vertus. Ainsi devient-on respectable par le simple fait que l’on s’est quelque peu opposé au Ministre de l’Intérieur. C’est, me semble-t-il, accorder à celui-ci une importance démesurée qu’il n’a pas.

M.Azouz Begag fait partie de ces gens qui évoluent en permanence dans la confusion. Au cours de l’émission « Périphériques » d’Edouard Zambeaux, diffusée le dimanche 8 avril 2007 sur France-Inter (mais enregistrée bien avant), il s’est répandu longuement sur son rôle dans le gouvernement. Il a asséné, comme il le fait régulièrement, deux inexactitudes majeures. Majeures parce qu’elles fondent son engagement et que d’elles, découlent toutes les inversions de valeurs, tous les errements du personnages. Il a réaffirmé que la gauche, en 1981 a voulu promouvoir « la France black-blanc-beur » mais s’est montrée incapable de mettre en avant un ministre ou un élu issu de cette France.

Première erreur, l’expression « black-blanc-beur » a été utilisée au lendemain de la Coupe du Monde de foot de 1998 (soit un écart de 17 ans) pour magnifier la sélection nationale de football qui venait de remporter l’épreuve. C’était le symbole d’une France mélangée, d’une France urbaine qui réussissait au grand dam des idées racistes véhiculées au cours de ces années, précisément. Le quotidien Le Monde avait même titré sur « la victoire du métissage », sans pour autant titrer sur l’échec du métissage pour l’édition de 2002 qui a vu la même équipe éliminée dès le premier tour sans avoir marqué un seul but. L’excès en tout est nuisible. De plus, il est particulièrement choquant, même pour la bonne cause, d’évaluer la réussite d’une équipe de foot et plus encore d’un pays sur des critères raciaux. Si la sélection de 1998 l’a emporté, c’était avant tout parce qu’elle était composée d’excellents joueurs, bien entraînés et bien préparés et non parce qu’on y a mélangé une dose de Noirs, une dose de Blancs, un Kabyle et deux Arméniens. Cette suggestion est tout simplement monstrueuse.

Deuxième erreur, la gauche a promu M.Kofi Yamgnane au poste de Secrétaire d’Etat aux Affaires Sociales et à l’Intégration. Maire d’une commune de Bretagne, originaire du Bénin, M.Yamgnane a rejoint le gouvernement Cresson à un poste qui avait plus ou moins les mêmes attributions que celui de M.Begag. Mais, celui-ci aime bien se mettre en avant et ne supporte pas l’idée de n’être pas le premier. De plus, tout son raisonnement s’écroulerait. Or, il en a fait sa principale raison d’intégrer le gouvernement de Villepin. Pour lui, mieux vaut une droite qui n’a jamais rien promis aux jeunes issus d’immigrés qu’une gauche qui a beaucoup promis et peu tenu ; rien selon lui. Il est vrai que la gauche a surtout cultivé l’idéologie de l’excuse pour toutes les violences, toutes les dérives et même la délinquance provenant de ces milieux.

Pour la gauche, il existe des catégories qui, par définition sont victimes du système et, à ce titre autorisées moralement à s’exprimer violemment et illégalement. La légitimité plutôt que la légalité. Ce faisant, elle exacerbe la population la plus modeste et nourrit le racisme politique entretenu par l’extrême droite. La gauche commet également l’erreur de croire que ces catégories qu’elle considère avec beaucoup de condescendance comme des victimes du système –auquel elle participe en alternance –forment naturellement une réserve de sympathisants et d’électeurs. Pourtant, quiconque connaît un peu ces populations sait parfaitement que les plus jeunes aspirent au contraire à intégrer la société libéraliste et en adopte tous les codes ; l’expression la plus voyante étant la recherche des marques, notamment pour les vêtements et les automobiles. C’est précisément à cause du racisme et des archaïsmes sociaux que les jeunes issus d’immigrés ne peuvent pas intégrer comme ils le souhaitent cette société qui a fait rêver avant eux, leur parents et leurs grands-parents au point qu’ils ont souhaité demeurer. Cette position, qualifiée de laxiste par ses détracteurs n’est pas seulement aberrante mais produit des victimes pour de vrai au sein de ces populations. Il s’agit principalement des femmes, premières véritables sacrifiées par la légitimité reconnue aux hommes qui imposent leurs lois plutôt que la légalité républicaine et démocratique. L’histoire de Samira Bellil, violée à maintes reprises, celle de Sohane, brûlée vive,  la création de « Ni putes, ni soumises » n’ont même pas ébranlé les certitudes des beaux parleurs de la gauche. Pourtant, ces exemples parmi d’autres marquent l’échec des rapport entre elle et les enfants d’immigrés. Pleine de certitudes théoriques et éloignée de ces populations qu’elle ne fréquente pour ainsi dire jamais, la gauche ne comprend pas ces jeunes et s’attache surtout à les encourager dans leur réaction viscérale contre M.Sarkozy.

Dans ce contexte, M.Begag, toujours très enjôleur, passé maître dans l’art d’embobiner son public, se dandine dans cette confusion au point de trouver à la droite méprisant les Français issus d’immigrés toutes les vertus pour ne leur avoir rien promis. Pour lui, mieux vaut ne rien faire plutôt que de faire ce qu’a essayé la gauche. D’un autre côté, le discours de M.Sarkozy ne peut le satisfaire. Il est vrai que son bilan au Ministère de l’Intérieur s’avère catastrophique. Son successeur, qui croyait sincèrement en son bilan, a dû vite déchanter, lui qui pensait traiter les affaires courantes en roue libre. Par ses propos, qu’on voudrait croire maladroits, M.Sarkozy n’a cessé de monter les jeunes contre tous les pouvoirs publics et pas seulement la police. La situation est telle qu’une simple réprimande pour une infraction quelconque devient insupportable pour une partie de la population jeune et, dans un deuxième temps, un règlement de compte personnel avec M.Sarkozy et sa police. Une grande partie de la population a fini par désapprouver tout rappel à l’ordre car cela rappelle surtout M.Sarkozy. Là encore, on trouve la légitimité contre la légalité, le désordre contre la démocratie. Tout ce qui se dit et se fait contre lui devient légitime. Au cours de l’émission « Périphériques », l’animateur a cru bon de signaler que les bureaux de M.Begag étaient encombrés de cartons. Il y voyait un signe prémonitoire. Quelle prédiction, en effet ! M.Begag ne fait que partir trois semaines avant l’échéance. De toutes façons, tous les ministres préparent leurs bagages depuis longtemps. S’il avait réellement été en désaccord avec le numéro deux du Gouvernement, il pouvait claquer la porte avant. Il y a des précédents. Il faut croire que même mis à l’écart, il y trouvait quelque peu son compte. Nommé par M. de Villepin, M.Azouz Begag retrouve pour la circonstance un peu de solidarité avec ses origines après avoir fait le jeu de son mentor dans la guéguerre de fin de règne au sein du triumvirat gouvernemental.

Alors, l’avenir de M.Begag est tout tracé. D’abord, il va retrouver son poste de chercheur. Puis, quelque soit le nouveau Président, on lui proposera une chronique dans un grand hebdomadaire, comme avant lui le gros Barre et Claude Allègre. Il pourra, à son tour, se prévaloir de ce qu’il n’a pas fait et critiquer ses successeurs qui agissent et donner un avis sur tout. Avant son entrée en politique, M.Begag écrivait des livres, notamment sur son parcours de fils d’immigré, modeste, dans la banlieue lyonnaise jusqu’à sa réussite comme universitaire. Il adoptait, en toutes circonstances, un ton amusé, une satisfaction de lui-même qu’il mettait en avant systématiquement. Il aimait à répéter qu’il était « l’Arabe qui cache la forêt », maintenant, il se dit « l’Arabe de service » et cherche à mettre les rieurs de son côté. Toujours est-il que les Arabes de France ne se reconnaissent pas en lui : ni sa carrière universitaire, ni le peu de moyens dont il disposait au gouvernement.

Pendant ce temps, la majorité des immigrés et de leurs descendants, les femmes, devront encore subir l’autoritarisme, la violence, les intimidations, d’un poignée de délinquants que l’urbanisation délirante leur impose comme voisins. M.Begag écrira d’autres livres que les Arabes de France ne liront pas.

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