Dialogues : Serrault, Lustiger et les autres

Il n’est pas dans mon intention de faire concurrence au blog de l’ami Alain mais juste d’évoquer un souvenir personnel.

Il y a quelques années, je me trouvais à Paris pour quelques jours et j’en avais profité pour assister à une émission de France-Inter en direct dont l’invité était Michel Serrault.

Avant que cela ne commence, le public s’est levé à son arrivée. J’en étais ému car j’y voyais la reconnaissance du public pour le grand comédien et la belle âme qu’il enveloppait. En fait, j’ai eu l’occasion de voir, plus tard, que le public se lève pour n’importe qui. Je sais bien que l’on se déplace pour ceux qu’on aime mais quand même, ce nivellement enlève tout son sens devant ceux qui le méritent. Ainsi, autrefois allumait-on les briquets quand un chanteur ou une chanteuse (j’avais pu voir Joan Baes ) interprétait un morceau lié à une lutte ou une noble cause. Par la suite, ce geste ne revêt plus qu’un caractère nostalgique lorsque un chanteur commercial chante la chanson sur laquelle on a flirté. Tout fout le camp comme disait l’autre…

Donc, avant le début de l’émission dont Michel Serrault était l’invité, il avait évoqué, micro fermé, sa jeunesse dans un lycée catholique puisqu’il se destinait alors au séminaire. Je cite de mémoire : Parmi nous se trouvait un garçon maigre, un peu triste, qui restait souvent à part. Nous savions qu’il était juif et se cachait. A plusieurs reprises, il a fallu le mettre dans des lieux plus sûrs des bâtiments de l’école. C’était Jean-Marie Lustiger. Il ne faut pas oublier que des choses comme ça ont existé…

C’était ça aussi, Michel Serrault. Mais voici que son ancien camarade de classe le suit de peu dans ce voyage mystérieux d’où l’on ne revient pas.

D’abord, je m’étonne que dans un pays laïc, on parle autant de la disparition de l’ancien archevêque de Paris. Mais, bon, quoi qu’il en soit, j’ai entendu ce matin la rediffusion d’une intervention de Mgr Lustiger sur France-Inter. Il commentait un dialogue entre Jésus et Simon-Pierre. Je cite textuellement :

« -Pierre, m’aimes-tu ?

C’est seulement la réponse à cette question qui donne un sens à nos vies ».