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la lanterne de diogène
18 janvier 2008

CREER C'EST RESISTER

 Je me permets de te recommander l’écoute du reportage diffusé sur France-Inter, dimanche 20 janvier 2008 dans Interception. Il s’agit de l’histoire d’un homme, nommé Francesco Lotoro, qui recherche et recopie des partitions composées par des déportés dans les camps nazis.

Voici la présentation qu’en fait la station de service public :

Interception vous raconte cette semaine l'histoire d'une passion. Un pianiste italien vient de passer quinze années de sa vie à rechercher des partitions écrites par les prisonniers et les déportés dans les camps nazis. Ces partitions étaient oubliées dans des bibliothèques ou chez les familles des déportés. Francesco a exhumé près de quinze mille partitions, chansons, poèmes écrits sur des papiers de fortune par des musiciens amateurs ou professionnels déportés. Il a remis à neuf tous les documents, a persuadé des musiciens et des chanteurs de se lancer dans l'aventure, a fait enregistrer sur CD ces œuvres méconnues. Grâce à son acharnement, la première Médiathèque de la littérature musicale concentrationnaire va ouvrir ses portes le 30 janvier prochain à Rome. Eric Valmir a notamment rencontré des familles de déportés ayant composé des musiques, bouleversées par de telles découvertes et par la démarche de Francesco.

A l’idée d’entendre ces partitions venues du fond de l’horreur humaine, on ne peut que se sentir ému à l’avance. Imaginer que ces notes ont été posées sur du papier entouré de souffrances, d’injures, d’abjection donnera, à n’en pas douter une force incomparable. Cependant, il ne faut pas croire que c’est une initiative unique. On sait que des tournois sportifs étaient organisés dans certains camps par ceux des prisonniers qui avaient encore les ressources de s’entretenir et de se mesurer. Il faudrait encore moins croire que la vie dans ces camps était une partie de plaisir simplement parce que certains ont survécu et que d’autres ont pu s’évader grâce à l’art ou au sport. Il suffit de se rappeler cette phrase de Malraux qui figurait en exergue de la lanterne de diogène jusqu’à hier : « Ecrire était alors le seul moyen de continuer à vivre ». D’ailleurs, il a écrit cela alors qu’il était prisonnier pendant la guerre.

 

A ce stade, je repense à Jean-Paul Kaufman qui tenait le coup, alors qu’il était pris en otage au Liban, en lisant, quand il pouvait et en essayant de regarder par un trou minuscule la lumière de l’extérieur. Bien sûr, Van Gogh représente le cas typique. Un malade hospitalisé qui échappe à son sort en peignant la campagne environnante, les Alpilles, les anciennes carrières, la plaine de

la Crau.

Ces

déportés, musiciens, utilisaient leurs compétences pour fuir la réalité et continuer d’évoluer dans la beauté. Je crois que Lavilliers a dit un jour : la beauté fait peur au fascisme. Et si Miguel Benasayag a pu écrire : « Résister c’est créer », il me semble que l’on peut affirmer également que CREER C’EST RESISTER.  

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Commentaires
Z
Je penserai à écouter le 20 janvier, ca doit etre très poignant. Car ses hommes et ses femmes qui ont été déportés et pour le plupart sauvés grace à leur talent de musicien, est quelque chose d'incroyable dans l'horreur de l'époque... Ils crient à leur manière leur souffrance et la douleur d'etre traiter pire qu'un chien, pire que tout, il n'y a pas de mot pour décrire la souffrance de ses gens.
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