CREER C'EST RESISTER
Voici la
présentation qu’en fait la station de service public :
Interception vous raconte cette semaine l'histoire d'une
passion. Un pianiste italien vient de passer quinze années de sa vie à
rechercher des partitions écrites par les prisonniers et les déportés dans les
camps nazis. Ces partitions étaient oubliées dans des bibliothèques ou chez les
familles des déportés. Francesco a exhumé près de quinze mille partitions,
chansons, poèmes écrits sur des papiers de fortune par des musiciens amateurs
ou professionnels déportés. Il a remis à neuf tous les documents, a persuadé
des musiciens et des chanteurs de se lancer dans l'aventure, a fait enregistrer
sur CD ces œuvres méconnues. Grâce à son acharnement, la première Médiathèque
de la littérature musicale concentrationnaire va ouvrir ses portes le 30
janvier prochain à Rome. Eric Valmir a notamment rencontré des familles de
déportés ayant composé des musiques, bouleversées par de telles découvertes et
par la démarche de Francesco.
A l’idée d’entendre ces partitions venues du fond de l’horreur
humaine, on ne peut que se sentir ému à l’avance. Imaginer que ces notes ont
été posées sur du papier entouré de souffrances, d’injures, d’abjection
donnera, à n’en pas douter une force incomparable. Cependant, il ne faut pas
croire que c’est une initiative unique. On sait que des tournois sportifs
étaient organisés dans certains camps par ceux des prisonniers qui avaient
encore les ressources de s’entretenir et de se mesurer. Il faudrait encore
moins croire que la vie dans ces camps était une partie de plaisir simplement
parce que certains ont survécu et que d’autres ont pu s’évader grâce à l’art ou
au sport. Il suffit de se rappeler cette phrase de Malraux qui figurait en
exergue de la lanterne de diogène
jusqu’à hier : « Ecrire était
alors le seul moyen de continuer à vivre ».
D’ailleurs, il a écrit cela alors qu’il était prisonnier pendant la guerre.
A ce stade, je repense à
Jean-Paul Kaufman qui tenait le coup, alors qu’il était pris en otage au Liban,
en lisant, quand il pouvait et en essayant de regarder par un trou minuscule la
lumière de l’extérieur. Bien sûr, Van Gogh représente le cas typique. Un malade
hospitalisé qui échappe à son sort en peignant la campagne environnante, les Alpilles,
les anciennes carrières, la plaine de la Crau.
Ces