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la lanterne de diogène
26 octobre 2008

Badinter démission !

 

Au début des années 1980, le slogan faisant florès. Le moindre larcin, la moindre insulte publique, n’importe quelle violence provoquait l’ire de la droite et d’une partie de la population. Le dessinateur du Monde, Plantu, en avait fait un leitmotiv pour fustiger l’opposition systématique au gouvernement socialiste une fois passé « l’état de grâce » –qui a tout de même duré plus d’un an, entretenu par l’inflation enfin jugulée et un train de réformes longtemps attendues.

 

 

 

Depuis le fameux rapport européen sur les prisons françaises, les gouvernements de droite reconnaissent du bout des lèvres le problème de surpopulation et d’insalubrité mais s’empressent d’ajouter que la situation n’est pas nouvelle. Comme chacun sait que les journalistes de l’audiovisuel font bien leur travail en toute objectivité, ils se retournent vers les anciens Gardes des Sceaux de gauche pour leur demander des comptes. Finalement, les deux camps sont renvoyés dos à dos. Au cours de l’émission « Polémiques » sur France-Inter, vendredi dernier, Plantu s’en est pris à M. Mélenchon pour lui dire que le PS était au pouvoir il y a trente ans et n’a rien fait.

 

 

 

Qu’on se souvienne qu’à l’époque, toute loi, tout projet de loi, visant à améliorer la condition des détenus provoquait aussitôt la protestation des braves gens et de ceux qui se plaçaient « du côté des victimes ». Comme en ces affaires, le ressenti est plus fort que la réalité, on était persuadé que les criminels étaient relâchés quand les libérations provisoires et conditionnelles étaient moins nombreuses sous Badinter que sous son prédécesseur, le sinistre Peyrefitte.

 

 

 

Aujourd’hui, le nombre de suicides en prison alerte l’opinion publique qui, de toute évidence, a évolué sur ce sujet. On entend moins parler de « prisons quatre étoiles » mais davantage des risques internes qui s’ajoutent à la peine prononcée. Mme Dorlhac, en son temps, s’était fait huer par le personnel pénitentiaire lors d’une visite suite à la mort d’un gardien. Le président Giscard avait désorienté ses électeurs pour s’être rendu en prison et avoir dialogué aussi avec des prisonniers. Aujourd’hui, quand Mme Boutin ressort d’une maison d’arrêt en se disant indignée par les conditions de détention, cela ne provoque plus les protestations de son électorat, notamment. Il y a donc une évolution tendant vers une meilleure compréhension. Si la détention demeure plébiscitée par une majorité, en revanche, peu de monde se montre insensible à la surpopulation dans les cellules, à l’absence d’intimité pour la toilette et l’usage des latrines, à la violence entre prisonniers, au mélange entre individus dangereux et minables ou jeunes. Egalement, on n’accepte de moins en moins que le petit ou grand voleur de voiture se retrouve derrière les barreaux quand la délinquance financière reste encore largement impunie.

 

 

 

Pourtant, si évolution il y a, on peut tout de même remarquer la coïncidence entre cette prise de conscience grandissante et la volonté d’affaiblir une ministre qui, de toute évidence, n’est pas à la hauteur de la tâche.

 

 

 

Quant à Plantu qui dénonçait ceux qui criait « Badinter démission ! » dans les années 1980, il est visiblement atteint d’amnésie au point de ne plus s’en rappeler et de mettre tout le monde dans le même panier. Est-ce pour paraître objectif ? Assez mal inspiré depuis quelques temps, dessinant pour Le Monde et pour L’Express, on peut craindre qu’il n’évolue comme Jacques Faizant.

 

 

 

Il est trop facile de ne pas avoir de mémoire.

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