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la lanterne de diogène
29 octobre 2008

Mensonge présidentiel

La lanterne a déjà souligné que, contrairement à ce que l’on affirmait il y a quelques mois, le président de la République ne fait pas autre chose que ce qu’il avait annoncé.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/05/18/9222919.html

 

 

 

Le problème c’est que chacun de ses électeurs était persuadé qu’il ferait ce qui se cache au fond de son ressentiment. Avec lui, sûr qu’il y aurait plus d’ordre, de sécurité, une augmentation automatique du pouvoir d’achat, du blé pour ceux qui veulent vraiment bosser et la trique pour tous les fainéants qui abusent des aides sociales. Tout cela du seul fait de la présence de l’omniprésident. Comme l’on voit peu venir, que les entreprises continuent de licencier et que les prix à la consommation augmentent, c’est la colère. Pourtant, il avait bien annoncé les aides aux grandes entreprises d’abord, aux plus petites maintenant. Il n’avait jamais dit que les salaires augmenteraient mais que si l’on voulait gagner plus, il faudrait travailler davantage. Maintenant, il nous dit qu’il faudrait travailler le dimanche, les jours fériés. Bientôt, il annoncera qu’il faudra travailler pendant les vacances. D’ailleurs, il a déjà indiqué que pour que les vieux aient un meilleur revenu, ils prendraient leur retraite plus tard et ainsi continueraient à toucher un salaire. Tout cela était annoncé. Ne revenons pas sur la politique étrangère. L’alignement sur la Maison Blanche était aussi annoncé.

 

 

 

D’ailleurs, comme l’a montré l’indignation calculée à propos de la Marseillaise sifflée au Stade de France, M. Sarkozy excelle dans les déclarations offusquée qui rejoignent, souvent à juste titre, le ressenti de la population.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/10/17/10992894.html

 

 

 

Après plus rien ne se passe mais comme elle se sent en phase avec lui, la population en a fait son héraut et lui attribue les vertus qu’elle souhaite voir incarnées.

 

 

 

En revanche, un mensonge, autrement plus spectaculaire passe presque inaperçu, du moins chez les commentateurs. « Les caisses sont vides », « l’Etat est en situation de faillite » ne provoquent que peu d’écho respectivement, tout comme : « GDF ne sera pas privatisé ». Dans les conversations particulières, le bon sens populaire qui s’était soumis à l’idée que « les caisses sont vides », commence à l’avoir mauvaise en constatant qu’il en est autrement mais pas pour le populo. Depuis le début de la crise, il n’est pas une semaine où l’on n’annonce le déblocage de dizaines ou de centaines de milliards quand des améliorations ont été repoussées en raison d’un coût de quelques centaines de millions. De toute évidence, les caisses disposent d’un double fond quasi inépuisable. Comme on n’est qu’au début d’un vaste chantier de rénovation du capitalisme, nul doute que les prochaines semaines seront tout aussi prodigues.

 

 

 

Ce mensonge présidentiel –puisque prononcé dans le cadre des fonctions suprêmes et non sous la pression d’une campagne électorale –relève de ce totalitarisme consenti et qui caractérise la mainmise du dogme libéraliste partout.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/10/14/10955580.html

 

 

 

 En effet, c’est bien pour rester fidèle à la non intervention de l’Etat dans les affaires économiques que M. Sarkozy avait affirmé –avec quelle emphase ! –son impuissance à prendre des mesures en faveur du pouvoir d’achat, notamment. Comme le système s’effondre, dans la précipitation, le plus urgent est de le réparer par tous les moyens y compris en faisant intervenir l’Etat honni et impuissant. En fait, il ne varie pas tant que cela puisqu’il trouve des centaines de milliards pour financer la banque, dont un milliard pour la seule Dexia, et qu’il annonce que prochainement l’Etat viendra compenser le manque à gagner pour les communes qu’entraînera la suppression progressive de la taxe professionnelle. Hier, il annonçait un plafonnement de l’impôt sur les plus hauts revenus qui s’ajoutait à des décennies de prise en charge des cotisations patronales en vue de relancer l’emploi, avec le succès que l’on sait.

 

 

 

Il y a peu, on annonçait que le groupe EDF-GDF devait être démantelé en raison de sa position dominante en France et en Europe. Peu après, on justifiait le regroupement de GDF et de Suez –une privatisation de fait et un cadeau pour Suez ancien banquier du RPR –afin d’avoir une taille suffisante pour affronter le marché dérégulé. Ce qui était soi-disant impossible dans un cas le devenait miraculeusement dans l’autre sans aucun problème. C’est cette logique de mensonge qui prédomine la politique gouvernementale.

 

 

 

Qu’importe, l’essentiel c’est de sauver le capitalisme mondialisé. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Tous les systèmes totalitaires l’ont expérimenté. Trotski a pu appeler cela « les poubelles de l’histoire » après avoir fait massacrer les marins de Cronstadt.

 

Le capitalisme avait commencé avant. Les accidents du travail, les coups de grisou en étaient les premiers avatars. De nos jours ce sont les dépressions, le chômage, la précarité.

 

 

 

Dans tous les totalitarismes, la découverte des mensonges a provoqué, à terme, la chute du régime. « L’archipel du Goulag » de Soljénitsyne, les prisons de Sékou Touré et d’autres ont marqué le début de la fin. Pourtant, dans ce cas précis, on peut douter d’un changement. Dans les autres, l’Etat policier provoquait un rejet massif  et justifié de la part des populations. Concernant le capitalisme –mauvais ou bon –il offre une telle vitrine que l’on peut penser qu’il a encore des jours devant lui. Pinocchio a préféré aussi suivre les mauvais garçons et leurs promesses d’un monde de jouets plutôt que d’aller à l’école. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui quand on préfère arborer des marques plutôt que de construire une société équitable.

 

 

 

Ainsi, le mensonge présidentiel fait naitre, paradoxalement, un espoir : puisque, finalement, les caisses ne sont pas aussi vides, il y aura peut-être quelque chose pour moi. Le totalitarisme politique n’offrait aucun espoir tandis que le totalitarisme économique et financier promet beaucoup : du vent, certes mais il promet. C’est ce qui le maintient envers et contre tout et c’est pour cela que le Président ou un autre peut multiplier les mensonges. Comme ces mensonges entretiennent l’espoir et bercent d’illusions, leurs propres victimes font tout pour que cela perdure.

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