Guy Roux à toutes les sauces

Ce qui devait arriver est arrivé, le Président tient ses promesses : l’âge de la retraite a été repoussé, non pas à 65 ans comme on pouvait le penser mais à 70 ans… En fait, ce n’est pas aussi brutal. Ce n’est qu’une possibilité offerte –sans qu’on leur ait demandé leur avis –aux personnels navigants d’Air France. Maintenant, on connaît la ficelle. D’abord, on offre une possibilité au nom de la liberté de travailler plus pour gagner plus. Ensuite, cette possibilité devient la règle générale et, donc, il n’y a plus de raison d’offrir une gratification supplémentaire. Enfin, on s’offusque que certains échappent à cet inconvénient forcé et on généralise la régression sociale à l’ensemble des salariés. Le plus fort, c’est que ça marche. Les syndicats protestent au début mais, faute de soutien à la base, ils capitulent. La base, elle, trouve finalement anormal que tout le monde ne soit pas logé à la même enseigne ; perversion de l’idée d’égalité à la française. Ce qu’on appelle improprement les « régimes spéciaux » devaient se généraliser à l’ensemble des salariés, en commençant, par les métiers les plus pénibles. Des décennies plus tard, le régime ne s’est pas étendu mais beaucoup trouvent que les tâches des certains ne sont plus aussi pénibles que ça. On oppose les salariés pour mieux les berner et les exploiter. Recette archi connue également mais qui fonctionne toujours.

Le plus drôle, c’est qu’on est allé chercher la figure emblématique de Guy Roux pour justifier cet amendement voté en catimini, un vendredi, veille de Toussaints à minuit. Après tout, il a fait vendre des engrais, des voitures, des téléphones, de l’eau etc. Rappel des faits, le populaire et historique entraîneur de l’AJA (club de football pro d’Auxerre) s’ennuyait, en fin de saison et avait décidé de rejoindre le Nord, pas encore à la mode, en début de saison 2007-2008. Or, son âge ne lui permettait plus d’obtenir une licence d’entraîneur. Colère de l’intéressé qui, au passage, est coutumier de ce genre d’excès. En pleine sarkomanie, ça faisait désordre. Il fallait à tout prix que ce vieux qui voulait travailler plus puisse le faire et le faire savoir haut et fort. La Fédération a donc plié et l’impétrant a débuté la saison avec le RC Lens, un club très populaire comme peut l’être l’AJA. Las, après la cinquième journée du championnat, Guy Roux s’est rendu compte qu’il n’avait plus ni l’énergie, ni l’enthousiasme pour entraîner un club de première division professionnel. Il a jeté l’éponge et s’en est retourné à Auxerre, à la direction technique.

Seulement, aveuglée par son idéologie, la droite a cru bon récupérer l’incident Guy Roux pour en faire un exemple à suivre par tous. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas suivi l’affaire et que le sportif Guy Roux a découvert pourquoi on a inventé la retraite des travailleurs. Même en bonne santé, même avec de la volonté, les ans sont là et l’on n’est plus aussi efficace à 69 ans qu’à –disons – trente ans. Seulement, comme ni la droite, ni les journalistes, ni le bon peuple n’a de mémoire –même sur un an –eh bien, on peut dire n’importe quoi pourvu que ça marche. On vient de le voir.

liens : http://sports.nouvelobs.com/cmc/football/200734/guy-roux-jette-l-eponge-_145696.html?idfx=RSS_notr

http://www.cheny.net/plus/appoigny01.html

une belle intervention de Léo Ferré : http://www.lespipoles.com/star-guy-roux.html