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la lanterne de diogène
10 janvier 2009

Bachelot ne voit pas pourquoi

Au début de ce mois de janvier, l’émission consumériste de France-Inter, animée par Isabelle Giordano, a repassé deux ou trois fois la déclaration de Mme Bachelot, l’été dernier, qui « ne voyait pas pourquoi les mutuelles augmenteraient leurs cotisations ». Moins de six mois plus tard, on nous annonce le contraire.

On lira avec intérêt ces deux lignes : « Par ailleurs, la protection sociale a réalisé un important effort de couverture du risque chômage quand il est élevé. La baisse du chômage doit, en retour, pouvoir être mise à profit pour réduire les cotisations et procéder ainsi, à taux de prélèvements constant, à une hausse des cotisations retraite. Ce mouvement doit être engagé dès 2009. ».

 

http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr-cfiab/07-08/c0708105.asp

 

 

 

http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20080730002952AA6Uhu3

 

 

 

 Le mois dernier, le Président Sarkozy se fâchait car, à sa connaissance, le TGV n’arrive toujours pas à Strasbourg.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/12/04/11617311.html

 

 

 

Arrêtons-nous un instant. Si, dans les années 1980, la gauche avait dit ou fait la moitié des bourdes de cette majorité, on aurait vu le Quotidien de Paris et le Figaro de l’époque monter au créneau pour fustiger les socialos. On aurait eu droit à des dessins de Jacques Faizant dans Le Point (remplacé depuis par Plantu) et dans le Figaro pour démontrer qu’ils étaient vraiment des incapables et des comiques. D’ailleurs, même sans en faire autant que le gouvernement actuel, c’était déjà ce qui se passait. Aujourd’hui, ce qui reste de la presse de gauche –c'est-à-dire pas grand-chose –fait preuve de retenue ; c’est le moins qu’on puisse dire. Qu’on ne s’étonne pas si les citoyens sont résignés. Voudraient-ils réagir que leurs médias les convaincraient que tout ne va pas si mal. Raison de plus pour souligner le travail des journalistes de France-Inter. L’an passé, ils avaient déjà relevé que le Président Sarkozy avait promis que GDF ne serait jamais privatisé. Moins d’un an après son élection, on a pu voir ce qu’il en était.

 

 

 

En fait, les bourdes de Mme Bachelot sont caractéristiques de la droite et pas seulement depuis une vingtaine d’années. Naïveté, aveuglement, fanatisme, bêtise, on ne sait, mais les droitistes sont persuadés de vivre dans le meilleur des mondes. Pour eux, les hommes politiques de droite sont honnêtes tandis que ceux de gauche ne pensent qu’à favoriser leurs amis. Les patrons veulent embaucher mais ne trouvent que des fainéants qui préfèrent toucher le RMI plutôt que travailler. Ils sont prêts à partager leurs maigres bénéfices avec leurs salariés qui, les ingrats, en veulent toujours plus. Les riches sont accablés par les impôts et sont contraints d’aller dépenser le peu qu’il leur reste ailleurs. Les entreprises nationalisées (du moins ce qu’il en reste) et les administrations bénéficient d’une situation de monopole éhontée qui leur permet de pratiquer des tarifs abusifs tandis que la concurrence « libre et non faussée » fait baisser les prix et tire la croissance. Des savants trouveront bien une solution à l’épuisement du pétrole et à la pollution. Les déchets nucléaires seront bien valorisés un jour futur.

 

 

 

En fait, si l’on lit bien ce paragraphe, tout ce qui est présenté comme négatif par la droite est précisément ce qui a rendu possible l’expansion (on ne disait pas trop ‘croissance’) dans les « trente glorieuses ». Or, les économistes libéralistes, R. Barre en tête, n’ont eu de cesse de dénigrer ces pratiques, de vouloir la vérité des prix, de laisser faire le marché ou, du moins, l’idée qu’ils s’en faisaient. Le résultat, nous le vivons en ce moment. Que l’on songe qu’on nous prodigue, depuis quelques jours, par voie de presse, des conseils pour faire des économies qui ressemblent bigrement à ceux qu’on voyait au cinéma sous l’occupation. Ces conseils vont d’ailleurs à l’encontre de l’élan que voudrait impulser le gouvernement en encourageant les gens à consommer tous les jours même le dimanche.

 

 

 

C’est comme pour le chômage : c’est en faisant travailler plus ceux qui n’en peuvent mais que le chômage diminuera. M. Estrosi avait même parlé de « logique implacable ». Là, on nous dit que c’est en dépensant plus qu’on va s’enrichir. On est dans le double langage permanent. On passe du rêve à la réalité, du souhait à la crainte sur le même ton et avec le même aplomb insolent. La crise financière de l’été aurait pu mettre sous les yeux de nos rêveurs attardés l’inanité de leurs théories fumeuses exhumées de la tombe d’Adam Smith par Milton Friedman. Eh bien non, il faut s’entêter, « poursuivre les réformes », c'est-à-dire continuer à appauvrir les classes moyennes (les autres sont déjà SDF), à favoriser la production dans les pays où la main d’œuvre n’a pas encore relevé la tête, à légaliser la non-redistribution des bénéfices. Puisqu’on nous dit que tout ira mieux si l’on continue comme ça…

 

 

 

Si Mme Bachelot « ne voit pas pourquoi », elle pourrait s’acheter des lunettes. Avec une bonne ‘complémentaire’ ça ne devrait pas lui coûter trop cher.

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