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la lanterne de diogène
19 janvier 2009

Obama au Fouquet's

Faut-il craindre Obama ?

Tout a été dit sur lui alors même qu’on ne sait rien de lui et qu’il n’a encore rien fait. Pour le moment, c’est son avantage. On sait aussi que les femmes le trouvent beau mec après avoir vu ses photos en maillot de bain et ça, c’est plutôt positif. Ça lui servira quand il sera en difficulté. La moitié de la population s’en rappellera et lui trouvera toujours une bonne excuse.

Pour le reste M. Obama est avant tout un Etatsunien et il illustre parfaitement l’adage selon lequel on peut commencer sa vie dans une cabane en rondins et la terminer à la Maison Blanche : « from the log cabin to the White House ». C’est pour cela qu’il ne faut pas se méprendre sur sa couleur de peau et en faire le premier président noir dans un pays blanc. D’abord, il n’en joue pas. Il aime ses deux parents et leurs familles et leur témoigne une égale affection qui plait beaucoup. Ensuite, il est issu pour moitié de l’immigration et non de la communauté afro-américaine. Or, dans ce pays, on préfère les immigrés qui rappellent le fondement de la nation aux communautaires.

Examinons, à présent, quelques idées reçues de ce côté-ci de l’Atlantique.

Vous avez dit « pragmatique » ?

Contrairement à ce qu’on a pu dire en France, le Parti Démocrate n’est pas un parti de gauche. La chose serait tout simplement impensable aux Etats-Unis. Certes, il existe une gauche là-bas mais elle demeure ultra minoritaire et très parcellée. Le parti de M. Obama est centriste et appartiendrait, ici, à la mouvance démocrate-chrétienne ; ce qui correspond plus ou moins en France au Modem.

Il ne faut pas attendre de grands changements mais, l’économie se trouve dans un tel chantier qu’il faudra bien prendre des mesures et, en soi, ce sera une nouveauté. L’actuel président en prenait aussi mais c’était pour se désengager de la sphère économique autrement dit, dans le but suprême de ne plus avoir à en prendre. On a appelé cela « dérégulation » puisque, selon l’idéologie libéraliste, le marché se régule de lui même comme par enchantement. Cette fois, il faudra agir et, ici, on aura l’impression qu’il change de politique. En fait, il fera de la politique, tout simplement, quand son prédécesseur appliquait le principe de l’Ecole de Chicago selon lequel « l’Etat n’est pas la solution mais le problème ».

On sait aussi qu’il sera avant tout pragmatique, comme tout bon Etatsunien et pragmatique ne signifie pas reculer quand on s’aperçoit que c’est trop difficile.

Maintenant, les sujets qui fâchent.

D’abord, il y en a marre de cette obamanie en France, pays qui, de par son passé, possède aussi des communautés noire et arabe et qui se réjouit surtout quand un Noir est élu ailleurs. Certes, depuis longtemps des hommes politiques noirs occupent des postes de tout premier plan. On peut citer Gaston Monerville, président du Sénat (excusez du peu il aurait pu assurer l’intérim de la présidence de la république), Kofi Yamgnane, Roger Bambuck, ministres. Bien avant eux, le futur Saint-John Perse avait fait mieux que collaborer au mémorandum Briand dont il était le bras droit et a plus que préparé les accords de Locarno. On n’évoquera pas les ministres issus des colonies comme Houphouët Boigny et Léopold Senghor avant l’indépendance de leurs pays d’origine.

Le problème c’est, qu’au niveau local, ces minorités n’ont pas de référent. On objectera que c’est précisément parce qu’ils sont minoritaires mais on peut penser que dans les circonscriptions où ils sont un peu plus nombreux, on devrait pouvoir trouver des candidats représentatifs et compétents. Il est vrai qu’en France, on aime les minorités tant qu’elles sont victimes. Du moment qu’elles ne les seraient pas ou plus, leurs élites se verraient taxer de tous les noms se référant à la trahison. Il suffit de voir comment le chanteur Abd-al-Malik se trouve fustigé pour parler de ce qu’il connaît en termes opposés à ceux qui, d’habitude, parlent sans savoir.

Enfin, il ne faut pas oublier que parmi ceux qui ont voté Obama, il y en a forcément beaucoup qui ont réélu G.W. Bush. C’était il y a tout juste quatre ans. A ce moment-là, on savait déjà que Bush était un crétin fini et un dangereux individu du fait de son pouvoir. Ce revirement n’est tout de même pas dû à une inspiration soudaine et céleste.

http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/geopolitique/

Au Moyen-Orient, on a frôlé la catastrophe. Imaginons que le président iranien ait affirmé sa préférence pour le candidat Obama. Pour le coup, il n’aurait pas été élu. En revanche, son élection inquiète nombre d’Israéliens qui se satisfaisaient de la présence à la Maison Blanche d’un imbécile à qui l’on pouvait faire gober n’importe quoi et qui n’exerçait aucune pression sur Israël. Le nouveau président aura sans doute à cœur de (re)lancer le processus de paix, ne serait-ce que pour diminuer l’aide à ce pays jamais satisfait. Avec cette nouvelle donne, M. Netanyahou a de plus fortes chances de l’emporter aux élections anticipées. Il aura avec lui, tous ceux qui ne voudront pas qu’Israël négocie quoi que ce soit avec les Arabes. Dans l’immédiat, il faudra qu’il prenne une position concernant Gaza le jour-même de son investiture et, forcément, cette position sera critiquée.

C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, dit-on. Les sondages ont l’habitude de mettre en avant ceux qui ne font rien. Ici, Le Journal du dimanche a publié son palmarès de l’année qui couronne des personnalités qui, même dans leur domaine superficiel, ne font pas grand-chose, à l’exception de l’humoriste Dany Boon. Il est évident que, dès qu’on agit, on s’expose à la critique, qu’elle vienne des opposants ou de ceux qui ne fichent rien.

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Peu après son élection, on a pu constater que M. Obama, ainsi que son rival défait M. McCain, possède la carrure d’un homme d’Etat. Les commentateurs ont noté qu’il s’était avancé lentement vers la tribune pour prononcer sa première allocution. Il a utilisé un ton posé. Rien à voir avec le nôtre qui donne l’impression d’être toujours agité, instable. Il était déjà président. Autre signe de la stature présidentielle de M. Obama et qui montre qu’il est diamétralement opposé à son homologue français : le lendemain de son élection, il se rendait à une réunion de parents d’élèves de l’école de sa fille tandis que le nôtre se rendait avec ses proches dans un restaurant huppé des Champs-Elysées. Toute la différence est là.

http://www.boston.com/bigpicture/2008/11/the_next_president_of_the_unit.html

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