Abbé Pierre : deux ans
Deux ans que l’Abbé Pierre nous a quittés. L’an dernier je demandais : qui va nous défendre à présent ?
En 1954, l’appel de l’Abbé Pierre était entendu après la mort d’une pauvre femme sur un boulevard de Paris. Aujourd’hui, plusieurs dizaines de personnes sont déjà mortes de froid, de faim depuis le début de l’hiver qui n’est pas fini. Peu s’en indignent et, en tous cas, aucun dans la sphère politique. Le fameux appel de l’abbé avait conduit le parlement à voter des crédits pour la construction de logements bien au-delà de ce qu’avait demandé l’ancien Résistant et qu’il n’aurait pas osé demander même en rêve. Plus d’un demi-siècle a passé et, au contraire, on méprise les malheureux dans la classe politique qui vient de débloquer des centaines de milliards de crédits pour soutenir les banques et les financiers, principaux responsables du désastre actuel.
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L’Abbé Pierre avait cette personnalité hors du commun et cette légitimité issue du combat dans l’ombre. Aujourd’hui, la voie est libre pour tous les abus. Nous vivons le temps du mépris. D’autres morts de froid et de faim, sous nos latitudes, devant chez nous viendront s’ajouter d’ici la fin de l’hiver. Comment pouvons-nous tolérer cela ? Quelle peur, quelle lâcheté sont les nôtres ? Que risquons-nous ? L’adversaire est-il plus effrayant que le nazisme combattu par les Résistants dont l’Abbé Pierre ?
Nous pouvons répéter comme ce personnage de Conrad dans Au cœur des ténèbres : « L’horreur ! L’horreur ! ».