RFI en grève pour quoi faire ?

L’actualité ne manque pas en ce moment pour un blog qui veut apporter un éclairage différent sur l’actualité et sur les sujets traités par l’actualité. De nombreux articles se trouvent en attente. Il fallait faire un choix et ce sera RFI et la grève des journalistes.

D’abord, une remarque préliminaire. Il n’est pas facile de trouver une information sur la toile. J’en déduis que si je n’écoutais par France-Inter, je ne serai pas au courant de ce qui se passe chez RFI.

Radio France Internationale est une radio publique, issue du démantèlement de l’ORTF puis sortie du giron de Radio France. En intégrant les services du Quai d’Orsay, cette petite radio se veut la voix de la France et surtout une voix francophone audible partout (ou presque) dans le monde. Ça peut paraître anachronique à l’heure où la bande FM a pris l’habitude de s’adresser à un public de proximité et à l’heure où la TV nous inonde de feuilletons étatsuniens.

Il faut avoir voyagé, notamment en Afrique, pour constater qu’il existe une forte demande d’informations en français un peu partout ; soit parce que, sur place l’audiovisuel est contrôlé par un Etat autoritaire, soit parce qu’il n’existe que des radios privées dont le seul but est de faire dépenser l’argent de ceux qui en ont le moins. En France, on trouve tout à fait normal que la BBC inonde le monde avec son programme international. On en rajoute sur le sérieux de la chaine comme si l’on vivait encore sous l’occupation. La BBC est certes sérieuse mais elle n’est pas la seule. La radio suisse francophone émet aussi à l’attention du monde entier. RFI a donc sa place dans les émissions destinées à l’étranger.

En parcourant le blog http://rfiriposte.wordpress.com/

on comprend facilement que les mesures annoncées de fermetures de bureaux à l’étranger vont dans le sens de l’idéologie consistant à rogner sur le personnel pour faire faire des économies. Il manquerait 9 millions pour faire la soudure. Que l’on compare cette somme avec les milliards débloqués pour sauver les banques et, avant pour sauver Alstom. L’Etat ne peut pas trouver 9 millions pour un outil qui lui appartient ?

On apprend que ce plan fait partie d’un vaste projet établi depuis quelques mois. Il consiste à rassembler dans une même holding toutes les sociétés d’émissions destinées à l’étranger : RFI, TV5 et la coûteuse France 24 qui ambitionne de concurrencer CNN. Comme les temps sont durs, il faut faire des choix. Comme les hautes sphères de l’Etat ne savent pas à quoi sert la radio quand elle ne fait pas vendre et qu’elles ne sortent pas de chez elles sauf pour aller dîner sur les Champs-Elysées, ce sera RFI la sacrifiée.

Il faut avoir vu, en Afrique, les gens pendus à leur transistor toute la journée pour comprendre l’importance d’un tel média. Parfois, les Africains font preuve d’une ingéniosité incroyable pour capter les ondes, allant jusqu’à relier l’antenne du poste à la tôle du toit pour faire antenne. Ils connaissent tout de l’actualité en France, en Belgique, en Suisse, au Canada, dans chaque pays africain et dans le leur. Tous les Africains ne savent pas lire mais tous écoutent la radio et comprennent très vite et bien mieux qu’au Nord les enjeux et les conséquences des événements. Ils comprennent aussi quand une nouvelle n’est plus reprise. Ils sont bien mieux informés que nous. Enfin, tous n’ont pas la télévision, loin de là car, dans beaucoup de zones, il n’y a même pas l’électricité. Or, on peut aller acheter des piles pour la radio. De toute évidence, celles et ceux qui président aux destinées de l’audiovisuel français destiné à l’étranger ignorent cette réalité simple.

Ces économies aux dépens de RFI s’ajoutent aux fermetures de centres culturels français à l’étranger engagées depuis 1986. Soyons polémiques, la droite au pouvoir connaît l’arithmétique mais se montre incapable de voir plus loin que le bout de Paris. Elle ne comprend pas la province dont elle est issue ; alors l’étranger…

Le Ministère des Affaires étrangères n’est pas une entreprise destinée à faire des bénéfices. C’est la défense des intérêts des Français à l’étranger mais aussi un peu de la France dans les pays lointains. Or, elle s’acquitte très mal de ces deux missions qui sont sa raison d’être. Il ne faut pas avoir de problème dans un pays étranger quand on est Français. Aucune aide n’est à espérer de ce côté. Il ne faut pas espérer une aide pour créer une entreprise à l’étranger. Quant à la diffusion de la culture française, parlons-en ! Il y a peu d’années, on cherchait en vain un journal français à Ouagadougou ou alors, on trouvait un vieux numéro, probablement déjà lu. En revanche, l’ambassade de Grande-Bretagne faisait parvenir le plus vite possible (48h/72h) la presse londonienne aux collèges et lycées du Burkina Faso. Dans beaucoup de pays, la France est carrément absente sauf au niveau diplomatique à la petite semaine. Personnellement, je me suis vu demander de l’aide à l’ambassade des Etats-Unis qui m’a gentiment renseigné sans pouvoir me faire bénéficier des avantages dus à leurs compatriotes ; ce qui est normal.

Maintenant, on va priver de leur radio francophone des gens qui demandent plus de France –du moins plus de français. Non seulement, il est difficile dans certains pays de rencontrer des Français plus ou moins officiels mais il deviendra impossible d’entendre parler le français de France. Il ne s’agit pas de nationalisme ou de néo-colonialisme mais de répondre aux attentes de populations qui ont souvent une histoire commune avec la France et envers qui la France a une dette imprescriptible. On leur répond par le mépris, comme toujours. Ils ne sont pas assez rentables pour certains. Tous les jours, nous pouvons constater la catastrophe à laquelle nous a conduit l’idéologie de la rentabilité. Qu’on se rassure : pendant la catastrophe, la course aux profits continue.

Que croyez-vous que vont faire les Africains, par exemple ? Vont-ils se lamenter en n’entendant plus RFI ? Ils vont faire un effort pour comprendre un peu mieux l’anglais voire l’arabe et, pourquoi pas le chinois. Quand l’élite financière et commerciale voudra faire des affaires, ils se tourneront tout naturellement vers leurs homologues américains, britanniques, arabes etc. d’autant que dans ces pays, on délivre volontiers des visas pour les étudiants en sachant qu’ils retourneront dans leurs pays faire des affaires avec eux.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/02/05/3907736.html

De toute évidence, les dirigeants français sont trop intelligents pour comprendre les choses les plus simples. Après, on pourra organiser des sommets de la francophonie avec des pays où l’on ne parle même pas ou même plus français pour l’administration extérieure. Ce ne sont pas ces sommets qui concourent à la diffusion du français mais les moyens mis en œuvre au jour le jour.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/10/23/11075440.html

Non seulement RFI ne devrait fermer aucun bureau mais devrait en ouvrir d’autres afin d’assurer la diffusion de la culture française et d’une information sinon indépendante, du moins indépendante des pouvoirs locaux. Sans illusion, il s’agit de soutenir la lutte de RFI.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/05/13/index.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/07/20/index.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/10/02/index.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/01/13/index.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/07/17/2307359.html

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[Jef (20six)]

le sarkozysme veut éradiquer tout ce qui est public