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la lanterne de diogène
14 février 2009

Gaza - Carthage

Pour le moment, les armes se sont tues… jusqu’à la prochaine fois. Les victimes tâchent de panser leurs plaies. Tout a été dit sur l’horreur de cette offensive. Ici même, l’attention était attirée sur la masse de civils victimes, les bâtiments publics détruits avec leurs occupants, les structures sanitaires anéanties. Revenons sur les hôpitaux puisque le personnel soignant étranger a observé des pathologies très différentes des traumatismes habituels dus aux batailles, aux balles, aux éclats de projectiles, aux effondrements. En clair, il s’agissait de lésions qui continuaient à se développer après les premiers soins et pendant longtemps, ce qui laisse penser que des armes non-conventionnelles ont été utilisées. Le problème n’est pas de se conformer à un règlement de la guerre mais que ces armes infligent des souffrances encore plus horribles. Pourquoi ? Pourquoi ajouter à l’élimination physique de l’adversaire des souffrances atroces et des séquelles pérennes ? Encore un élément qui ajoute à l’horreur de cette guerre.

 

Pourtant, nous voudrions, ici, insister sur un autre point, généralement négligé. C’est bien l’intérêt d’un blog que de se focaliser sur autre chose que ce que les grands médias couvrent traditionnellement.

 

On sait que les fermes autour des villes de la bande de Gaza ont été détruites également. Nul doute que l’armée israélienne prétend qu’elles abritaient des combattants du Hamas ; et c’était sans doute vrai car, le propre du combattant est de chercher un abri lorsqu’il ne combat pas. Cet argument fallacieux est utilisé chaque fois que de braves gens sans histoire s’ajoutent aux victimes. En d’autres lieux on appelle cela des « dégâts collatéraux ». La belle affaire. Ceux qui pleurent un proche se moquent bien du nom et de la justification. En fait, la destruction des fermes s’ajoute à quantités d’actions menées depuis des années par l’autorité d’occupation des territoires palestiniens. En Judée et en Samarie, on a la_barriere_a_bil__inconstruit des routes goudronnées sur des terres cultivables afin de relier les colonies illégales de juifs et de contourner les villages arabes. Il s’agit aussi de morceler le territoire palestinien afin de le rendre ingouvernable par une administration palestinienne. En effet, un arabe ne peut ni emprunter ni traverser ses routes. Tout comme pour la transamazonienne, les accotements ont été largement dégagés. Le fameux mur antiterroriste est lui aussi édifié sur des terres cultivables confisquées aux Palestiniens. En fait de confiscation, il s’agit de vol puisque, jamais ces parcelles ne pourront être restituées. Sans doute, les Israéliens d’aujourd’hui vengent-ils les pionniers qui ont dû acheter à vil prix les terres caillouteuses dont voulaient se débarrasser leurs propriétaires arabes. N’empêche que, sur un territoire (celui d’Israël et des régions occupées ou annexées) constitué aux deux tiers de terres incultes, la destruction de celles qui sont fertiles constitue un autre crime. Justement, pour construire les colonies juives en territoires arabes, ils procèdent souvent à la destruction de forêts. D’ailleurs, si l’on regarde l’équivalent du plan d’occupation des sols du « grand Jérusalem », on se rend compte que les quartiers ou villages arabes sont entourés soit d’espaces verts inconstructibles (pour le moment), soit de colonies juives. On sait qu’arrivera le jour où les zones vertes deviendront des extensions des colonies et qu’encerclés, les Arabes n’auront d’autre solution que de partir car ils ne pourront même plus sortir de chez eux pour s’approvisionner ou aller travailler. Là encore, le peu de terre fertile est utilisé pour construire et ne pourra plus être récupéré.

 

En quittant les colonies juives installées dans la bande de Gaza, leurs occupants ont, non seulement, détruit leurs maisons mais l’armée a bétonné la terre. Toujours cette stratégie pour empêcher toute agriculture vivrière. Un film qui passe encore actuellement, « Les Citronniers » raconte la procédure engagée par une veuve palestinienne pour empêcher les militaire israéliens de raser les citronniers de son mari, sa seule source de revenus. Tsahal s’est engagé à détruire tous les vergers palestiniens dont les arbres sont susceptibles de dissimuler des combattants. Ainsi, l’Union européenne a-t-elle financé, il y a quelques années, la replantation d’oliviers sur une terre palestinienne où les arbres avaient été abattus. Le lendemain de l’inauguration par des officiels, l’armée abattait les oliviers fraîchement plantés. A Gaza aussi, des oliviers viennent d’être renversés. Inutile de souligner la charge émotionnelle que représente l’olivier ni le symbole de paix abattu par les engins militaires.

arrachage_oliviers_cisjordanie

Quand on pourra reconstruire, on utilisera encore des terres arables (moins chères et vides de gravats) qui viendront diminuer encore la capacité d’autosuffisance alimentaire de la population. Le temps est proche où il n’y aura plus de terre cultivable dans la bande de Gaza. Israël pense, peut-être, que les Arabes leur achèteront les produits alimentaires et qu’ils pourront faire pression grâce au prix et au bon vouloir ; bref, maintenir les Palestiniens dans une sujétion sans fin. Les Arabes préfèreront prendre tous les risques plutôt que de s’en remettre à ceux qui les asservissent. Déjà, les tunnels –pourtant l’objectif principal de l’armée –ont été rouverts, renforcés pour reprendre le trafic avec l’Egypte. Certains s’en offusquent mais, dans une situation de blocus, c’est la seule issue. Nul doute que les Egyptiens qui participent à ces échanges profitent également de ce débouché inattendu. Les fermes détruites n’étaient pas seulement des structures d’une économie de survivance. Ces fermes étaient regroupées en coopératives ; la plupart prospères. C’est donc un pan essentiel de l’économie de Gaza qui est atteint, en plus de la survie alimentaire rendue impossible. olivier_mathusalem

 

On voudrait empêcher les Arabes palestiniens de se relever, on voudrait les affamer qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’était déjà la stratégie d’Attila. C’était aussi celle de Rome après avoir vaincu Carthage : détruire ce qui reste de la ville, répandre les gravats et saler pour que rien ne repousse. Delanda Cartago !

 

Encore une fois, Israël a le droit de se défendre contre le terrorisme qui touche sa population civile. En revanche, la stratégie de vexation, d’humiliation, d’asservissement ne conduit qu’à entretenir la rancœur qui alimente le terrorisme. La diffusion de l’information renforce autour du petit Etat hébreu le radicalisme islamiste qui fournit les cohortes prêtes à tout pour anéantir les Juifs, où qu’ils soient et leur alliés réels ou supposés. En humiliant un peuple, en l’affamant, Israël forge les armes de ses ennemis.

 

http://www.resister.biz/photo-159670-la-barriere-a-bil--in_jpg.html

 

http://www.horyzon.ch/ob/aktion.fr.html

 

http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Haaretz.030207.htm

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=2996

 

http://www.zatoun.com/vivelesoliviers.htm

 

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