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la lanterne de diogène
8 mars 2009

Jour de femmes - Le nom de femme

Je prends en marche le train de la journée internationale des femmes. J’enfonce une porte ouverte en regrettant que les femmes soient célébrées un jour par an. Un jour seulement ou un jour de trop ? Où en sommes-nous pour qu’il faille attirer l’attention des populations sur un peu plus de la moitié de l’humanité ? Normalement, cela devrait être inutile or, partout dans le monde, les femmes sont souvent victimes de l’autre moitié, des lois des hommes. La civilisation s’est construite dans le mépris des femmes, reléguant la magnificence aux poètes. Dans les deux cas, la gent féminine occupe une situation passive. Le mépris s’exprime aussi lorsque la voix des femmes est étouffée et que l’attitude quotidienne consiste à mépriser l’autre et lui faire sentir que quelque soit les circonstances, quelque soit la compétence, elle ne doit se manifester sous aucune forme.

 

Après cinq mille ans de civilisations en tout genre, après avoir lu les écrits des philosophes, des prophètes et encore des philosophes, la situation n’a pas beaucoup changé sinon que dans beaucoup de pays, on ne fait plus la lessive à la main. Exceptionnellement mais aussi au quotidien, partout où la civilisation locale est détournée ou méprisée, la situation des femmes est infernale. Objets sexuels quand il s’agit de celles qui sont d’ailleurs, filles surveillées pour celles qui sont du clan, elles sont perdantes. Il y a quelques années, l’une d’elles, un peu rebelle pour les mâles qui l’entouraient l’a payé de sa vie en étant immolée comme une sorcière au milieu des poubelles. La reconstitution a vu les coupables applaudis par les badauds amis des criminels et criminels aussi. Des femmes courageuses (n’est-ce pas l’un des traits de caractères des femmes en général ?) ont créé l’association Ni putes, ni soumises. Les termes sont forts, choquants mais ce qu’elles dénoncent l’est bien davantage. Ça n’a pas empêché d’autres sous-hommes de brûler une de nos mères potentielles dans un bus de Marseille plus tard. Mama restera invalide toute sa vie. En Iran, l’adultère et la prostitution sont punies de mort. Autrement dit, voilà encore une peine qui ne s’applique qu’aux femmes. Pourtant, contrairement à une idée reçue et profondément ancrée, ce n’est pas dans ce pays que les femmes souffrent le plus. J’aurais tendance à penser qu’elles pâtissent plus des préjugés des occidentaux que dans leur quotidien. De l’autre côté du Golfe, en Arabie saoudite une femme ne peut pas louer une chambre d’hôtel. Dans un reportage vu, il y a quelques années dans Faut pas rêver, on voyait un homme d’un pays d’Océanie déclarer sans nuance que les femmes sont leurs esclaves.

 

Toutes les discriminations imposées par les hommes et quelque soient les motivations, quelques soient les arguments dans lesquels elles se drapent conduisent à confiner les femmes dans un rôle subalterne et de les empêcher de sortir de chez elles afin même de leur ôter la pensée qu’il existe autre chose. Ensuite, on imagine les violences courantes dont les femmes sont les premières victimes. Pourtant il en existe bien d’autres. Au quotidien, ici même, sans aller dans les cités des grandes villes, sans aller chercher la religion, des femmes partent au boulot le ventre noué. Elles savent qu’au bureau, dès leur arrivée, elles vont essuyer des quolibets sur leur vie sexuelle supposée et sur leur physique. Après, on s’étonnera que les Français consomment tant de psychotropes. Il faut tenir. Elles ne savent plus s’il faut opposer un silence méprisant ou répondre pour montrer qu’elles n’ont pas peur. Avant de rentrer, il faudra encore faire quelques courses. Peut-on encore faire bonne figure pour ceux qu’on aime après des journées comme ça ?

 

La force physique de l’homme, la vulnérabilité des femmes et donc leur dépendance condamnent, depuis la nuit des temps les femmes à la soumission. La maternité, le soin aux enfants les tiennent à l’écart pendant de nombreuses années parfois. Tout cela aboutit à la situation qui sévit encore aujourd’hui et ce n’est pas en réduisant les congés après la naissance des enfants qu’on y portera remède.

 

Seulement voilà, nous venons tous des femmes comme le rappelait le groupe de femmes algériennes Djurdjura dans une de leurs chansons. A l’exception de l’aînée, les autres ont dû renoncer aussi à une belle carrière artistique. Mépriser le sexe qui nous met tous au monde est significatif d’un grave dysfonctionnement et l’on peut sans risque d’erreur évaluer le degré de développement d’un individu ou d’une nation à l’aune de la déconsidération des femmes. Chaque fois qu’on porte atteinte à une femme parce qu’elle est femme, on scie la branche sur laquelle on se tient. On sape la base sur laquelle on vit. Exagéré ? L’histoire de l’humanité est une histoire de guerres, de massacres, de catastrophes provoquées par la folie des hommes. L’homme qui méprise le sexe qui l’a mis au monde ne peut pas faire mieux que détruire ce qui l’entoure et haïr ses semblables.

djurdjura_1


D nek umi qqaren tamettut - C'est moi qui porte le nom de femme

 

C'est moi qui porte le nom de femme

Lorsque je suis née

Se sont endeuillées les traverses de la toiture,

Celle qui m'a enfantée

N'a pas profité de sa jeunesse.

Mon Père, honteux d'avoir engendré une fille

Alla se lamenter à cause de celle qui venait de naître.

 

Mère, réponds-moi

Mère, regarde-moi

Mes yeux sont fardés du khôl des tisons.

Mère, qui suis-je ?

Ma jeunesse a tant souffert

Et mon savoir reste vain.

Qui dira d'où je viens ?

Mes racines sont déterrées.

 

Pourtant

Je suis l'astre du berger

Je suis le soleil de l'hiver

Je suis l'essence même de la dignité

C'est du soleil que j'ai pris racine

Je suis la branche du savoir

Je suis la fille issue de l'honneur

Je suis le sceau en argent

Je suis la beauté du Djurdjura

 

Je suis le bâton de la chance

Je suis celle qui ne transige pas

Je suis celle pour qui le repos n'existe pas

Grâce à moi, nous sommes fiers

Je suis la beauté du Hoggar.

 

Alors

Vous tous qui me voyez

Vous qui me regardez comme une étrangère

Sachez que je porte le nom de femme

Et que c'est de moi que vous êtes nés.


 

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Commentaires
H
Très beaux textes qui font réfléchir!<br /> Merci!
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D
Merci mon ami pour ce discours sur les femmes et leur maltraitance ou le mal vivre qu'elles sont comme tu dis, on pourrait en parler pendant des heures...<br /> <br /> Et pourtant l'homme sans la femme n'est rien ! Sans elle, plus d'enfants, plus d'avenir, plus de nom... Malheureusement bcp d'entres eux oublient qu'ils doivent bcp aux femmes. Alors Messieurs un peu de respect pour nous. Merci
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