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la lanterne de diogène
30 mars 2009

Cadeaux bonus

Natixis, Fortis, Dexia, Société Générale, AIG, Madoff, Kerviel, Lehman Brothers, Unilever, Continental, UBS, Jersey, Caïman. Tous ces noms ont fait irruption dans nos vies à la faveur de la crise de l’été dernier. On ne sait pas ou plus à quoi ça se réfère mais on sait que tous sont liés à la crise. Les uns ont grugé leurs clients, les autres licencient, d’autres encore empochent des sommes dont on ne se fait pas une idée quand on est simple salarié. La presse nous en parle tous les jours depuis la crise et même un peu avant. Oui, il y avait des signes avant-coureurs. Oui, des personnalités avaient tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme mais, comme d’habitude, on feignait de ne pas comprendre. En général, on se faisait traiter de keynesien quand on évoquait la nécessité d’établir des règles, y compris pour la grand finance internationale ; celle-là même qui est à l’origine du chômage et des faillites de banques et d’entreprises.

 

Devant le désastre, Keynes redevient persona grata. C’est tout ce qu’on a trouvé pour conserver le capitalisme malgré les signes évidents de son échec patent. Or, le chômage existe depuis plus de trente ans, depuis la fin de ce qu’on a appelé « les trente glorieuses ». Or, les délocalisations se développent depuis près de vingt ans, depuis l’essor de

la Chine

et de l’Inde. Or, ces scandales de bonus, de super profits, de subprimes, de stock-options, de primes aux patrons et à certains cadres, de parachutes dorés, de rendements à deux chiffres des actions, sont monnaie courante depuis les années 1980 (donc plus d’un quart de siècle). Il y a peu, on n’y prenait garde. Ceux qui s’en offusquaient se trouvaient ringardisés in petto.

 

Tout cela existait et l’on avait fini par trouver ça normal et, quand on n’y participait pas, on éprouvait une fâcheuse impression de n’être pas normal. Il a fallu que le scandale touche les plus riches pour qu’on s’en inquiète. Maintenant, on en parle mais pour combien de temps encore ? Cet épisode de la crise passé, cela retombera dans l’oubli et le banal ; comme il n’y a pas si longtemps. Souvenons-nous. Désormais, on parle de « moraliser » le capitalisme. On nous dit qu’il faut des règles quand, il y a moins d’un an, on répétait à l’envi la leçon de Milton Friedman assénée en France par Raymond Barre : le marché se régule de lui-même, il faut laisser faire et tout ira bien. Tous les jours nous pouvons voir le bien dans lequel nous évoluons avec ces théories fumeuses et ces hypothèses d’école.

 

Qu’on se rassure, la moralisation n’est pas pour demain. Il faudra sans doute une nouvelle crise ou, plutôt, un nouvel avatar de celle déclenchée après le premier choc pétrolier de 1974. Tout comme le droit opposable au logement, tout comme les promesses que plus jamais on ne verrait de drame social. Les intentions sont louables mais elles se heurtent déjà aux vieux intérêts. Les vieux démons reviennent. Les paradis fiscaux, on n’en veut pas chez les autres mais chez soi, on les tolère parfaitement.

La Grande

Bretagne

s’insurge contre le Liechtenstein mais possède Jersey, Guernesey, Man et, plus loin, les Caïmans, Bermudes, Vierges etc. Les Etats-Unis ont le Delaware,

la Chine

, Hong-Kong et

la France

, Monaco, Saint-Martin. Les bonus pour les possédants seront, à peine, rognés. Autre option, quelqu’un finira par inventer –si ce n’est déjà fait –une autre formule qui, par sa nouveauté, échappera forcément à la loi si, toutefois, il y en a une.

 

Quand les exploiteurs auront pris leurs cadeaux bonus, ils auront tout loisir de laisser les exploités faire la lessive.

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