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la lanterne de diogène
4 avril 2009

Mayotte fait de l'ombre à l'Afrique

Au-delà des clichés qui font que presque tout le monde pense qu’il n’existe pas un seul habitant de l’Afrique en bonne santé, force est de constater que l’Afrique souffre et, à travers elle, les Africains.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/01/13/3677037.html

 

Depuis des siècles, ce continent est pillé, ses richesses volées, ses fils et ses filles exploitées partout. Dire que c’est pire depuis l’indépendance serait absurde. Sous statut colonial, l’Afrique n’était pas à égalité avec les métropoles européennes. Depuis, après les rêves qui ont suivi le départ des Blancs, les pays africains s’enlisent et aucun espoir ne point à l’horizon. Tout a été dit. Il faut, pourtant, insister sur la corruption de ses classes politiques.

Ce sont elles les vraies responsables de la pauvreté des populations. Quand le sol, le sous-sol, la mer regorgent de richesses, même payées vil prix, il est tout à fait inconcevable que ceux qui travaillent en tirent si peu de bénéfice. Inutile de revenir sans cesse sur le cas emblématique du Gabon qui, avec sa petite population d’à peine un million d’habitants, un sous sol gorgé de pétrole et une nature fertile traine dans la pauvreté tandis que son président à vie possède des palaces en France ?

 

Dans ce contexte, les populations qui ont eu le recul nécessaire pour choisir ou non l’indépendance se sont montrées très partagées. Bien sûr, il faut parler des Comores. Le sens de l’Histoire va vers l’indépendance de tous les Etats. Pourtant, il se trouve des populations qui, devant la corruption et l’impéritie des classes politiques africaines préfèrent encore la tutelle de l’ancien colonisateur plutôt que la soumission à l’un des leurs dont le seul objectif sera de vivre dans un luxe insolent et de protéger ses richesses volées au peuple par une armée suréquipée. Le référendum à Mayotte montre que, décidément, on préfère les Blancs qui leur lèguent des miettes plutôt qu’un Noir qui gardent tout pour lui. Personne ne peut s’en réjouir.

 

Devant ce résultat, les instances africaines ont réagi promptement, Union Africaine en tête. Selon elles, ce référendum est nul et

la France

occupe illégalement une terre africaine. A aucun moment, elles ne se sont interrogées sur les raisons de ce choix. S’interroger signifierait se remettre en cause. D’ailleurs, les classes politiques africaines ne sont pas habituées à demander leur avis à la plèbe. Des discours enflammés tiennent lieu de politique. En général, on désigne un ennemi et la population fera front et acceptera tous les sacrifices y compris de se faire exploiter par une poignée de leurs compatriotes. Est-ce si simple ? Pas vraiment. L’Africain est très bien informé et très lucide. Il écoute la radio toute la journée y compris au travail quand il le peut. Il écoute la radio gouvernementale mais aussi toutes les radios internationales en anglais, en français. Il comprend aisément ce qui se passe dans son pays et sait bien que, pas loin de lui, d’autres se gobergent.

 

L’Union Africaine a réagi promptement pour condamner le souhait des Mahorais de rester sous tutelle française. On l’a peu entendue quand il s’agissait de reconnaître l’indépendance du Somaliland et de sa population lassée des guerres de chefs à Mogadiscio.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/06/13/2079694.html

 

 On l’a peu entendue quand Mugabe a dénié le résultat sorti des urnes donnant la victoire à son opposant et quand il précipite son pays dans l’inflation tandis que le choléra décime la population. On l’a peu entendue quand il s’agissait de condamner le dictateur soudanais Omar El-Béchir voire d’appliquer le mandat international contre celui qui fait la guerre aux Noirs de son pays depuis des années. Le conflit au Darfour, sur fond de pétrole pour les Chinois n’est

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/02/05/3907736.html

 

que l’épisode en cours de décennies de guerres dans cet immense pays arrosé par le Nil et situé au bord de la mer. Les Soudanais émigrent vers l’Egypte qui n’est pourtant pas un pays d’abondance. C’est dire ce que ce doit être au Soudan. On n’entend pas l’Union Africaine quand des centaines d’hommes se noient en mer pour échapper à la misère dont sont responsables ses membres. Non, le principal est bien de condamner le référendum à Mayotte et le choix des électeurs mahorais.

 

Tant que l’Afrique sera dirigée par des gens qui pérorent entre eux dans le meilleur des cas, qui font la guerre à la moitié de leur peuple ou à leurs voisins, qui spolient leurs pays et leurs habitants, il n’y a rien à attendre. Les Africains continueront de vouloir rejoindre les anciennes puissances coloniales, pourtant honnies, au péril de leurs vies. Décimée par la traite négrière autrefois, l’Afrique l’est, aujourd’hui, par l’émigration. Partout dans le monde, la démocratie s’est accompagnée de progrès économiques et matériels. Quelques pays africains commencent à effectuer cet effort et les résultats sont, encore, à peine perceptibles. Ils ne sont pas encouragés car trop d’intérêts sont en jeu. Les grandes sociétés étrangères et –pourquoi ne pas le dire ? –certains Etats préfèrent s’arranger avec un roi nègre plutôt qu’avec un gouvernement qui devra rendre des comptes devant un parlement.

 

La Ligue

Arabe

réunie à Doha n’a pas fait mieux que l’Union Africaine. Elle a proclamé le « rejet de l'occupation française et demandé à

la France

de poursuivre le dialogue avec le gouvernement comorien pour parvenir à un règlement qui garantit le retour de l'île Mayotte sous la souveraineté des Comores ». Donc, pour elle, le plus important, c’est que Mayotte passe sous contrôle de Moroni plutôt que de Paris. Qu’importe que, précisément, les Comoriens fuient leurs îles pour regagner Mayotte en espérant rejoindre Marseille plus tard. Pas un mot des dirigeants arabes sur ces théories qui fuient la misère de leurs pays, au péril de leurs vies, sur des coquilles de noix. Pourtant, ils embarquent tous, depuis les côtes de pays membres de

la Ligue

: Mauritanie, Maroc et Libye. Après une traversée du désert épuisante, voilà que ces hommes qui ne savent pas nager sont livrés aux vagues. Un nombre indéterminable disparaît en mer tandis que, parmi les survivants, certains deviennent fous. De ça, ces messieurs de l’Union Africaine et de

la Ligue

Arabe

n’en ont cure. A croire que tous ces dirigeants africains et arabes ne se complaisent qu’en sachant que le peuple souffre. D’ailleurs, dans les ors de leurs palais, ils ne savent plus que le peuple existe. Tandis que le colonel Kadhafi paradait, à quelques encablures de la capitale de son pays, environ 220 personnes se noyaient en voulant échapper à la pauvreté due, aujourd’hui à l’indifférence de la plupart des dirigeants africains

http://www.20minutes.fr/article/316815/A-la-Une-Plus-de-20-clandestins-morts-200-disparus-au-large-de-la-Libye.php

 

A noter que la presse parle de « clandestins ». Ils n’ont même pas droit d’être des « hommes », tout simplement. On dénie à ces gens l’appartenance à l’humanité.

 

On retiendra du référendum à Mayotte que l’immense fossé s’est encore élargi entre les classes politiques africaines et les populations qui n’en peuvent plus.


Thomas_Sankara

 

Dans les années 1980, un homme avait décidé de tourner le dos à cette fatalité : Thomas Sankara

 

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2007-10-15-Thomas-Sankara-l-homme-integre

 

http://www.thomassankara.net/

 

 

Un peu avant, le grand François Béranger avait parfaitement compris la situation. Près de trente ans ont passé :

 

Mamadou m'a dit
Mamadou m'a dit
On a pressé le citron
On peut jeter la peau

Les citrons c'est les négros
Tous les négros d'Afrique
Sénégal Mauritanie
Haute -Volta Togo Mali
Côte d' Ivoire et Guinée
Cameroun et Tutti Quanti

Les colons sont partis avec des flons-flons
Des discours solennels des bénédictions
Chaque peuple c'est normal dispose de lui-même
Et doit s'épanouir dans l'harmonie
Une fois qu'on l'a saigné aux quatre veines
Qu'on l'a bien ratissé et qu'on lui a tout pris.

Les colons sont partis
Ils ont mis à leur place
Une nouvelle élite
Des noirs bien blanchis
Le monde blanc rigole
Les nouveaux c'est bizarre
Sont pires que les anciens
C'est sûrement un hasard
.

Le monde blanc rigole quand un petit sergent
Se fait sacrer empereur avec mille glorioles
Après tout c'est pas grave du moment que les terres
Produisent pour les blancs ce qui est nécessaire
Le coton l'arachide le sucre le cacao
Remplissent les bateaux saturent les entrepôts.

Après tout c'est pas grave
Les colons sont partis
Que l'Afrique se démerde
Que les paysans crèvent
Les colons sont partis
Avec dans leurs bagages
Quelques bateaux d'esclaves
Pour ne pas perdre la main.

Quelques bateaux d'esclaves pour balayer les rues
Ils se ressemblent tous avec leur passe- montagne
Ils ont froid à la peau et encore plus au cœur
Là-bas c'est la famine et ici la misère
Et comme il faut parfois manger et puis dormir
Dans les foyers taudis on vit dans le sordide.

Et puis un jour

la Crise
Nous

envahit aussi
Qu'on les renvoie chez eux
Ils seront plus heureux
Qu'on leur donne un pourboire
Faut être libéral
Et quant à ceux qui râlent
Un bon coup de pied au cul.

Vous comprenez Monsieur c'est quand pas normal
Ils nous bouffent notre pain ils reluquent nos femmes
Qu'ils retournent faire les singes dans leur cocotiers
Tous nos bons nègres à nous qu'on a si bien soignés
Et puis c'qui est certain c'est qu'un rien les amuse
Ils sont toujours à rire ce sont de vrais gamins.

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