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la lanterne de diogène
28 novembre 2009

Introuvable nation arabe même sur un terrain de foot

A l’occasion d’un simple match pour la qualification à

la Coupe

du monde de football, deux pays arabes d’Afrique du nord voient leurs supporteurs s’affronter, en venir aux mains, casser les boutiques, les bureaux du pays adverse. Les échauffourées se sont étendues à l’Europe où dans les grandes villes, les Algériens et fils et petits fils d’Algériens ont manifesté violemment contre l’Egypte et, quand ils en ont trouvé, contre les représentations égyptiennes, à défaut contre des commerces totalement ignorants de ce qui se passait. Au Caire, où avait lieu la rencontre, la tension était vive.

 

Pourtant, régulièrement, des dirigeants arabes en appellent à la fraternité. Pour les y aider, rien de mieux que de se trouver un ou plusieurs ennemis communs. Israël fait très bien l’affaire pour ça. Episodiquement, on en ajoutera un autre : les Etats-Unis, le plus souvent,

la France

quelques fois, comme après le référendum à Mayotte. D’une part, l’idée même de demander son avis au peuple parait aberrante pour ces dirigeants qui, au mieux, tirent leur pouvoir de Dieu mais, plus prosaïquement, des armes dont ils ont fait usage pour y parvenir. D’autre part, rien, pas même l’avis des populations concernées ne justifie que des musulmans préfèrent être administrés par un Etat démocratique mais laïque plutôt que par un Etat corrompu, incapable mais musulman.

La nation arabe pourrait se rassembler autour de l’islam. Pourtant, elle n’y est jamais parvenue même aux temps des califats tant les guerres intestines étaient récurrentes. Cordoue est tombé suite à une montée de l’intégrisme et le calife a cédé le pouvoir à des roitelets ennemis et faibles. L’empire ottoman a engendré le ressentiment des Arabes contre les Turcs mais, une fois le sultan balayé, les divisions ont reparu. Rien qu’en Afrique du nord, au moins cinq pays ont émergé des ruines de l’empire. Malgré une langue commune diffusée par la religion commune, la nation arabe se cherche toujours.

 

Parlant d’ennemi commun, on a vite fait de découvrir qu’Israël n’est qu’un leurre. Lorsque son armée a chassé du Liban les Palestiniens de l’OLP sous la protection de

la France

, il ne s’est trouvé que la lointaine et petite Tunisie de Bourguiba pour les accueillir. Même cela ne suffit pas. Plus récemment, c’est un pays non-arabe, l’Iran, qui a soutenu la guerre d’une faction libanaise contre l’Etat hébreu. Plus près de nous, les Arabes du Maghreb se détestent. Chacun accuse ses frères des pires turpitudes. Il n’y a que la chasse au faciès, en Europe, qui les réunit et leur fait comprendre qu’ils sont arabes avant tout, avant même d’être français et ça, c’est un autre vrai problème.

 

A l’occasion d’un match de foot qui devrait permettre aux pays arabes d’échanger et de fraterniser comme les autres, on assiste, au contraire, à des règlements de comptes. Ces comptes, ce sont les accusations sempiternelles d’être des traitres à la cause arabe ou à l’islam ou aux deux. Les drapeaux sortent, sont brandis comme pour une guerre. A côté, les hooligans anglais ou italiens, les ultras du PSG aux crânes rasés passent pour d’aimables turlurons.

Le match retour a eu lieu en terrain neutre, à Khartoum. Rencontre sous plus haute tension encore après que des rumeurs ont fait état de supporteurs algériens tués au Caire. D’autres ont été étonnés du choix de la capitale soudanaise dont ils n’avaient jamais entendu parler. Pourtant, si le Soudan est multiracial et multiconfessionnel, le pouvoir est détenu en sa capitale par les Arabes musulmans. La méconnaissance géographique est universelle mais là, il s’agit de méconnaissance d’un peuple de l’oumma, l’ensemble des nations musulmanes. Il est à noter que la plupart des Arabes ignorent qu’ils sont minoritaires dans l’islam. Cela fait beaucoup pour pouvoir prétendre rapprocher à défaut d’unir tous les Arabes.

 

Les Arabes qui, dans le passé ont refusé l’imprimerie et la caravelle, refusent aujourd’hui l’unité et préfèrent haïr les Etats –d’Amérique d’abord puis d’Europe aujourd’hui –qui s’unissent plutôt que d’engager le processus, quand on songe aux décennies qu’il faut pour réaliser un semblant d’unité.

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Commentaires
Y
Quel beau commentaire! Tellement vrai!
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