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la lanterne de diogène
29 janvier 2010

Clark-Peillon : justifier la désinformation

 

Revenir sur le coup médiatique de M. Peillon ne doit pas signifier qu’on s’engouffre dans un épiphénomène. Seulement, les conditions du débat entre la journaliste revenue sur France-Inter après passages par RTL et Canal + et le secrétaire national du PS posent problème.

 

D’abord, une fois de plus sur Inter, on reçoit un invité qui s’est déjà exprimé en direct plusieurs fois sur la chaîne entre le soir du coup d’éclat (14 janvier) et aujourd’hui, 28 janvier. On ne s’occupe pas de ce que font les autres. Rien d’autre n’a d’importance que ce qu’on fait. Ensuite, la journaliste n’a cessé d’interrompre les réponses aux questions qu’elle posait. En cela, elle fait comme beaucoup qui se donnent une image de journaliste indépendant et impertinent pour pas cher. Bien entendu, tout le reste a démontré le contraire, à savoir un parti pris pour la consœur Arlette Chabot. Pourtant, ça ne me parait pas le plus grave dans la mesure où c’était prévisible en diable. Ce qui est en cause, c’est bien la volonté de faire dire à M. Peillon que les journalistes de France-Inter étaient aussi « serviles » que ceux du plateau de l’émission de France-2. En effet, on imagine les réactions immédiates. Ça aurait valu une sortie de M. Jean-Luc Hees ou de M. Philippe Val.

 

Une fois de plus, les journalistes font preuve d’un corporatisme d’une puissance démesurée. Les journalistes forment le seul corps de métier absolument incritiquable. On arrive à porter plainte contre des policiers auprès d’un tribunal tandis qu’on ne peut remettre en cause le travail journalistique. Evidemment, c’est parce qu’ils détiennent les canaux de diffusion de la parole que c’est possible et aussi parce qu’ils viennent des mêmes écoles de formation. Aucun autre métier n’est, à ce point, calibré et formaté.

 

Personne ne peut approuver l’impolitesse de M. Peillon qui, au dernier moment, refuse de participer à un débat où il était invité de longue date. Voilà pour la forme. Sur le fond, le socialiste voulait protester contre un débat sur un sujet qui n’intéresse pas beaucoup les Français, à savoir l’identité nationale. Tous les sondages indiquent leur désintérêt mais –et c’est là l’essentiel –les rédactions imposent à la population de prendre position dans un débat quand on doit faire face au chômage, aux forts loyers et même à l’insécurité.

Le choix d’un thème racoleur mais sans intérêt autre que celui d’être inspiré par le gouvernement est le véritable problème de l’affaire Peillon. On attend d’une rédaction qui n’est pas liée aux intérêts privés, qui n’a pas à faire de l’audience pour exister qu’elle soit au plus près des préoccupations de ses clients, en l’occurrence les téléspectateurs qui ne sont pas esclaves de l’artificiel et du superficiel.

 

Les arguments utilisés par les journalistes pour justifier de leur indépendance paraissent assez maladroits. D’abord, encore une fois, personne –à part le gouvernement –n’a réclamé un débat sur l’identité nationale. On a beaucoup critiqué –et souvent à juste titre –M. Jean-Pierre Elkabach pour se prises de positions qui transparaissaient à l’antenne mais, peu après sa nomination au fauteuil occupé aujourd’hui par Mme Chabot, il avait organisé un débat sur le nucléaire qui avait réuni des spectateurs et des spécialistes après plusieurs semaines de travail en amont. On l’a aussi critiqué pour sa présence à l’antenne alors qu’il était directeur. De toute évidence, ses successeurs n’en ont cure et font également leurs propres plateaux.

 

Ensuite, M. Patrice Duhamel n’est surement pas le mieux placé pour défendre l’indépendance des journalistes. Aujourd’hui directeur de France-Télévision, il a été fortement critiqué à l’époque où, chef du service politique sur TF1 (télévision publique à l’époque), il téléphonait régulièrement au secrétariat de l’Elysée pour savoir comment le président Giscard souhaitait voir abordés certains thèmes. Pris à parti, pendant un débat lors de la campagne pour la présidentielle de 1981, il a préféré ne plus poser de question à Mme Marie-France Garaud, candidate qui venait de dénoncer ses engagements et l’orientation de sa question. Evincé des télévisions publiques, il a participé au lancement de la chaine de télévision de M. Berlusconi,

La Cinq

, en France avant de travailler sur d’autres chaînes privées ainsi qu’au Figaro. Nommé ces dernières années chez France-Télévision, son retour coïncide avec l’ascension de M. Sarkozy au pouvoir.

 

Autre maladresse : M. Duhamel a répondu que France-Télévision avait organisé de nombreux débats sur d’autres thèmes que l’identité nationale notamment « le dimanche à 17h 40, une heure de grande écoute » sur…France 5. Sans commentaire quand on connaît l’audience de cette chaîne. C’est une vieille ficelle des journalistes mis en cause sur leurs choix éditoriaux : « on en a parlé aussi ! ». C’est parfois vrai mais jamais dans les mêmes proportions. Toujours cette idée que tout se vaut.

 

Le journalisme qui alimente des polémiques qui n’intéressent personne, qui se déchaîne contre les seconds couteaux et fait montre d’une belle accointance avec les décideurs présents ou à venir discrédite la notion même d’information. C’est la porte ouverte à toutes les rumeurs qui circulent encore plus facilement depuis la banalisation de l’Internet.

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