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la lanterne de diogène
1 mars 2010

La tempête Xinthia est passée

C’est le moment d’ouvrir les fenêtres, de s’aventurer au dehors et de constater les dégâts. Sur la côte poitevine, les digues se sont rompues sous les effets combinés de vents violents, de forte dépression et de la grande marée.

 

En entendant le récit des désolations, on apprend, incidemment, que depuis des siècles, on a gagné sur la mer, on a donc construit des digues pour protéger les territoires conquis. Les digues sont solides, nul n’en doute mais, face à l’exceptionnel, elles ne peuvent rien. L’eau est passée par-dessus, tout simplement, comme l’armée allemande a contourné la ligne Maginot en 1939.

 

Dès le dimanche soir, M. De Villiers reconnaissait que, dans les années 1960, notamment, les élus cédaient facilement à la pression de particuliers voulant obtenir le permis de construire dans les zones à risque. Ses propos laissaient supposer que l’habitude perdure malgré un encadrement plus strict. On remarque aussi que les quartiers historiques des villes sinistrées ont été épargnés car construits sur les hauteurs.

 

La question qui se pose, c’est de savoir quel sera le poids des élus et des administrations lorsque les commerçants des bords de mer voudront se réinstaller et qu’on leur répondra que toute construction est interdite sur une distance de quelques centaines de mètres voire de quelques kilomètres. Une fois la terre séchée, on aura oublié la catastrophe, on rappellera que ça n’arrive pas tous les ans et que ce principe de précaution est décidemment un carcan intolérable. On cèdera une nouvelle fois et il est probable que la loi sur la protection du littoral sera assouplie dans les mois et les années qui viennent. C’est en préparation.

 

Particulièrement en France, la foi aveugle dans un progrès sans fin et sans limite ouvre la porte à toutes les audaces et toutes les imprudences. Les progrès réels font qu’on se croit protégé de tout. Pouvoir apporter des explications scientifiques à presque tout renforce cet aveuglement. Marcellin Berthelot ne déclarait-il pas en 1887 : « L’univers est désormais sans mystère ». Alors oui, on peut détourner les fleuves, changer le climat, faire manger des produits à base de viande aux vaches, nourrir leurs veaux de lait en poudre, les concevoir sans taureau, transformer un minerais en matériau, modifier les tomates pour qu’elles ne pourrissent pas,

Tout passe quand, dans le même temps, de graves maladies ont été éradiquées et qu’on peut marcher sur la lune. Pour le commun des mortels, cela fait partie d’un tout et l’on n’imagine plus que l’eau puisse passer les digues, qu’il s’agisse des torrents de montagne ou, plus rarement, de la mer. Sur la côte poitevine, la mer a retrouvé son littoral d’autrefois. Or, le réchauffement climatique fait monter le niveau des océans ; de quelques centimètres par ans, il est vrai.

 

Particulièrement en France, la foi aveugle dans un progrès sans fin et sans limite laisse penser que l’on peut dompter la nature et que l’homme se doit d’être le plus fort. Sans doute, aussi, la perte d’influence des Eglises y est-elle pour beaucoup. Si Dieu n’existe pas, alors l’Homme est le maitre. De toute évidence, ni l’un ni l’autre ne maitrise quoi que ce soit. L’arrogance de notre époque qui n’en finit pas de s’auto-admirer nous fait mépriser les peuples d’autrefois ou les populations primitives qui dans un excès inverse divinisent la nature. Force est de reconnaître qu’ils la connaissent, s’adaptent et s’en protègent en permanence.

 

La prudence incite à se protéger. La folie fait croire que l’on peut contrarier les éléments déchainés. Il faut composer avec la nature, la respecter plutôt que d’ambitionner de la soumettre. Il faut la comprendre pour anticiper les catastrophes et s’en protéger.

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