La brève de comptoir contre l'argument
Mercredi soir, débat entre MM. Accoyer (invité principal) et Emmanuelli (contradicteur) sur France-Inter. Le président de l’Assemblée affirme un certain nombre de choses sans pouvoir étayer le moins du monde son propos. Il dénonce, notamment, les 35 heures, l’âge de la retraite en arguant du fait que les Français sont ceux qui travaillent le moins au monde. En face, M. Emmanuelli, chiffres à l’appui, lui démontre le contraire. Pourtant, même parmi ceux qui sont favorables aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, tout le monde est convaincu que, en effet, on travaille moins en France. Les uns trouvent ça très bien, les autres s’en offusquent mais tous acquiescent.
http://www.dailymotion.com/video/xda5uw_question-du-mercredi-accoyer-emmanu_news
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/video/index.php
Autre point : la diminution du nombre de fonctionnaires
qui est un bien pour l’un et mauvais pour l’autre puisque les économies
réalisées sont très insuffisantes par rapport aux pertes provoquées par le
bouclier fiscal, la baisse de la
Tva
M. Emmanuelli se justifie : « Nous ne somme pas dans une discussion de bistrot : moi, j’ai donné des chiffres ! »
En fait, rien ne peut
combattre les idées reçues. On peut démontrer les propriétés du carré, si
quelqu’un est convaincu qu’il s’agit d’un rond, rien ne pourra le faire changer
d’avis.
Hasard ? le matin même, M. Mélenchon était présent dans Le Fou du roi. Il regrettait de n’être jamais invité dans les émissions politiques et devoir se contenter de figurer dans les émissions de divertissement. Certes, l’audience est plus forte mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il passe pour un bouffon au même titre que les autres intervenants. Son accrochage avec un étudiant en journalisme a bien montré que l’on préfère toujours un sujet scabreux plutôt qu’un projet politique argumenté. Que valent des arguments face à des lieux communs ?
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/04/10/17529034.html
Dans le même ordre d’idée, je déplore toujours que les
articles qui me demandent le plus de temps sont ignorés tandis que les frasques
des médias et les intrigues de France-Inter font exploser la fréquentation.
Ainsi Camus, les attaques contre la démocratie et la Grèce
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/04/19/17622672.html
L’intérêt pour les personnalités et l’indifférence pour les problèmes de société ne sont pas pour nous étonner. La résignation, l’impuissance, l’inculture sont les éléments indispensables pour perpétuer la précarité, faire accepter toutes les politiques d’austérité et d’injustices sociales flagrantes. On pourrait penser que face à des attaques jamais vues depuis la fin du 19ième siècle, les salariés auraient à cœur de défendre le peu qu’il leur reste. Pas du tout ! on se précipite sur la presse à scandales et on attend que les décideurs aient fini de débattre pour savoir à quel âge on partira à la retraite. Aucune mobilisation, sous quelque forme que ce soit !
http://altermondyonne.canalblog.com/archives/2010/05/12/17869458.html
Même les luttes féminines sont mises sous le boisseau. Les
filles pensent que tous les avantages dont elles bénéficient leur sont dus.
Elles les ont toujours connus. Qu’on ne les emmerde pas avec les combats de leurs
grand-mères hystériques qui vivaient forcément avant guerre, du temps de
Napoléon et de Jeanne d’Arc (c’est la même époque puisque c’était avant ma
naissance). Qu’on les laisse regarder Mimie Mathy et voter pour elle comme
femme la plus importante de France face à Simone Veil (qui c’est
celle-là ?). Le seul vote auquel on participe, c’est celui de la Star Academie.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/03/08/17160983.html
Pour l’invention de Parienti qui permet aux aveugles de lire n’importe quel texte, on en a parlé peu dans la presse et cinq visites sur le blog.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/09/17835836.html
Dans ces conditions, qu’on se rassure : l’ultra libéralisme a de beaux jours devant lui. Tant que je ne suis pas trop touché, c’est acceptable. Quand je suis touché, il n’y a plus personne pour me défendre parce que les autres font pareil. On vit une époque formidable !