Goutte d'or à l'apéro (ou le contraire ? )
Je me sens concerné par ces initiatives pour avoir longtemps habité la Goutte d'Or. A l’époque, il était surtout connu pour héberger les travailleurs Nord-Africains et pour les bordels clandestins où se pratiquait l’abattage pour les prostituées punies par leurs maquereaux.
Avec la culture bobo, le quartier est considéré comme pittoresque depuis que les immigrés ont quitté le quartier (retour au pays ou regroupement familial en banlieue). Une population métissée –comme on aime à dire aujourd’hui –cohabite mais ne se mélange pas. Les anciens appréciaient, autrefois, la présence des Arabes qui avaient repris les commerces sans lesquels ces personnes vulnérables auraient été encore plus handicapées. De nos jours, les nombreux problèmes de notre temps sont amplifiés dans ce quartier où se concentrent presque toutes les difficultés. Les jeunes générations sont plus violentes et plus agressives que leurs ainés, comme ailleurs mais, c’est vécu plus difficilement dans un quartier exigu.
On dit que c’est pour réagir à l’évolution musulmane du quartier que des personnes ont organisé cet « apéro géant ». La démarche part d’un mouvement négatif. Il y a quelques années, on avait interdit, dans Paris, une distribution de soupe populaire aux lardons par une organisation humanitaire liée à l’extrême droite. C’était proprement ahurissant. On ne voit pas en quoi la consommation de soupe, même avec des lardons, peut troubler l’ordre public.
En revanche, appeler à saucissonner et boire du vin dans un quartier fortement peuplé de musulmans ressemble à une provocation. Il n’est pas nécessaire d’afficher publiquement des pratiques jugées comme des péchés par le voisinage. Pas la peine d’en rajouter. Peut-être, aussi, que si la police faisait son boulot quand les riverains se plaignent du bruit en pleine nuit, ça n’amènerait pas ces réactions aussitôt récupérées par l’extrême droite.
Du coup, certains voulaient organiser, en même temps, un autre rassemblement autour de thé à la menthe et de viande hallal. Ce qui aurait été bien, c’est que les uns et les autres puissent organiser sans heurts leurs différentes réjouissances. Ce qui aurait été bien, c’est que les visiteurs, les badauds aient pu aller d’un rassemblement à l’autre et voir qui étaient les plus sympas. Ce qui aurait été encore mieux, c’est que les organisateurs des deux rassemblements se saluent et se regroupent. Encore mieux : que les deux groupes mangent des légumes et boivent du thé ensemble.
Et puis, il faut rappeler que le quartier de la Goutte
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