Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la lanterne de diogène
10 juillet 2010

Rentrée sur France-Inter

Cette fois, on en sait un peu plus. Les tensions s’apaisent dans la moiteur de la canicule naissante. La grille d’été fait oublier les polémiques.

 

Dans l’immédiat, c’est l’information qui est bouleversée.

Et pourtant, elle tourne fait les frais du chamboule-tout. Cette émission, véritable fenêtre ouverte sur le monde, nous apprenait les grandes et les petites nouvelles du monde entier grâce au formidable réseau de reporteurs et correspondants de Radio-France. Avec la tranche animée par Jean-Marc Four et Bruno Duvic qui a assuré l’intérim, nous mesurons mieux que nous habitons tous la même planète et que nous nous ressemblons plus que nous le pensons, surtout quand on ne peut pas voyager. De gros regrets, donc, car cette émission est absolument irréalisable ailleurs que sur le service public, affranchi des contraintes publicitaires.DUVIC_FOUR

Une autre émission tournée vers l’extérieur va disparaître également : Allô la planète. De toute évidence, on se recentre sur son petit univers bobo tellement plus confortable.

http://streetgeneration.fr/news/breves/9330/les-journalistes-de-france-inter-en-colere-contre-philippe-val/

 

On peut parier sur la disparition d’Interception, le magazine de reportages du dimanche matin. De toute évidence, le format « reportage » n’a pas la côte avec la nouvelle direction. On peut également penser que le procès intenté par M. Vincent Bolloré et gagné contre Benoît Collombat pèsera dans ce choix. Rappel des faits : le reporteur s’était intéressé aux activités du groupe Bolloré en Afrique. Il apparaissait que les pratiques relevaient plus du colonialisme que de l’investissement à l’étranger. Or, M. Bolloré est un ami personnel du Président de la république. Pas question, donc, de prendre le risque d’affronter un nouveau procès avec une grosse boite mise en cause à l’occasion d’un reportage réalisé à l’étranger, dans un hôpital, une usine polluante ou autre.

 

Menaces sur l’indépendance de l’audiovisuel public

 

Il est tout de même insensé de voir une rédaction qui, globalement, fait bien son travail : enquête, déniche les nouvelles, prend des risques en reportage se faire souffler la vedette par des chroniques poussives qui se veulent drôles et, pire, moralisatrices. La qualité de l’information et l’information elle-même sont menacées et un certain public se mobilise comme jamais pour défendre des pitres qui se fichent du service public et prennent l’antenne pour une salle de spectacle. Leur conception du service public c’est de trouver normal qu’on mette la radio nationale à leur disposition. Comme indiqué précédemment, ces chroniques sont tout à fait incongrues dans une tranche occupée par la rédaction et le risque est grand et avéré que, dans l’esprit de beaucoup, les affirmations à finalité comique passent pour des informations dans une tranche d’information.

http://www.marianne2.fr/Humoristes-et-si-Jean-Luc-Hees-avait-raison_a194640.html

 

rfi_imagesAutre menace réelle : une fois de plus depuis l’arrivée de Mme Christine Ockrent à la tête de l’audiovisuel public « international » c’est, au moins, le troisième conflit qui éclate à RFI. Le premier en raison des liens entre Mme Ockrent et son ministre de tutelle M. Bernard Kouchner, dont elle est l’épouse, le deuxième pour protester contre le licenciement de 160 personnes et, maintenant, contre la réorganisation des rédactions.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/01/26/12237480.html

 

Tant qu’on ne verra pas le public se mobiliser pour défendre l’indépendance des journalistes qu’il paie par ses impôts, on laissera toutes les dérives

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/01/17/16554106.html

 

A l’heure actuelle, on attend de l’opposition, non qu’elle se mobilise pour défendre cinq minutes de persiflage avant 8 h mais pour l’indépendance des journalistes. On parle de l’indépendance vis-à-vis du politique mais, surtout, vis-à-vis de l’économique et du financier. Certes, les noms des humoristes sont plus connus que ceux des journalistes besogneux qui font leur travail dans des conditions de plus en plus difficiles dans un climat de restriction budgétaire et de reprise en main politique. Le pire, c’est peut-être que la rédaction d’Inter, elle-même, met en avant les deux humoristes mais passe sous silence ses propres membres virés comme Didier Adès et Dominique Dambert ou priés de la boucler comme Simon Tivolle, Jean-Marc Four et leurs équipes. Rappelons la mise au placard de Thierry Steiner qui, lui, mettait vraiment les pieds dans le plat avec ses invités et n’hésitait pas à sélectionner des informations dérangeantes.

 

Silence, on parle !

 

On peut deviner que des émissions faussement impertinentes vont se substituer à l’information. Le format préféré verra des débats (encore) entre des personnalités et des animateurs/animatrices qui échangeront des propos convenus et tout à fait Sarko-compatibles. Le roi a besoin de bouffons comme l’empereur romain qui défilait suivi d’un esclave enchaîné qui le réprimandait. Dans un geste qui en disait long sur sa largesse, il affranchissait le rebelle. Le comble sera atteint quand un communiqué qualifiera de « culturels » les magazines qui prendront place à la rentrée. Justement, M. Nicolas Demorand devait faire dans le « culturel ». C’est vrai que son jeter d’éponge a bouleversé les plans de la direction et qu’il faut bien le caser quelque part. Pourquoi cet effort pour le caser lui et pas d’autres ?

Et puis, patatras, voici qu’on l’annonce sur Europe 1 dans le même genre et presque à la même heure dans une ambiance digne de l’équipe de France de foot de 2010.

 

Le directeur, M. Philippe Val parle avec enthousiasme d’ « élargir la fenêtre culturelle ». Qu’est-ce qu’il cause bien Philippe Val ! Sans doute sa lecture des poètes chinois du 16ième siècle…On attend de voir quel succès aura cette tranche quotidienne de heures de culture sur une radio généraliste. A moins que le départ de Nicolas Demorand n’oblige à reconsidérer les plans déjà modifiés après son départ de la matinale. Entendra-t-on Pascale Clark dans un débat ou Vincent Josse pendant deux heures ? À moins qu’on ne laisse Et pourtant, elle tourne avec Bruno Duvic. Quoi qu’il en soit, les autres animateurs qui, naturellement, n’écouteront pas cette nouvelle émission inviteront les mêmes personnalités qui feront l’actualité et proposeront aussi une touche culturelle à un moment de la semaine. Allusion claire à Kathleen Evin, curieusement maintenue, sans doute en raison de sa proximité avec un journaliste du Canard Enchaîné qui lui assure une étonnante longévité. Il aurait été maladroit de lancer encore ce pavé dans la mare à canards à la rentrée. On fera avec encore une saison malgré l’excellente relève estivale d’Ali Ribeihi.

 

La tranche matinale devrait être rendue à l’information. On peut penser que la chanson qu’on fredonnait ensuite toute la journée ne fera pas son retour. Pourtant, pendant l’été, on peut entendre une chanson par heure sur France-Inter... On n’en croit pas ses oreilles.

C’est Mme Audrey Pulvar qui va intervenir de 6h à 7h. On dit qu’elle  "donnera une place de choix à l'actualité internationale." En clair, elle servira d’alibi pour justifier la suppression de l’émission de Jean-Mar Four. Elle devra nous convaincre qu’elle peut traiter de l’actualité internationale en une heure occupée par deux journaux parlés de dix minutes et entrecoupée par les chroniques et les bulletins météo et de circulation routière. Et puis, quand on est mal réveillé, qu’on doit préparer le petit-déj pour les enfants, qu’on est dans les embouteillages, quel intérêt ? Ensuite, M. Patrick Cohen va retrouver la tranche qu’il occupait il n’y a pas si longtemps. Fabrice Drouelle et Patricia Martin vont glisser samedi et dimanche. Donc, ça signifie que Stéphane Paoli et Sandra Freeman vont faire leurs valises. Il est vrai qu’un magazine d’échange d’idées (souvent intéressantes) à l’heure où les auditeurs viennent de se lever, c’est un peu curieux.

 

On a prié Isabelle Giordano de recentrer son émission sur les « problèmes de société » davantage que sur la « conso ». La « conso », on voit bien ce que c’est : c’est du concret. Les marques, la grande distribution, les industries se fichent de nous et nous le font payer par-dessus le marché. On ne va pas risquer de se fâcher avec elles, encore. Les « sujets de société », on attend de voir. Probablement encore une occasion de parler, avec des mandarins, des philosophes, des sociologues, des chercheurs de tout poil, sans que rien de concret n’apparaisse. On sait que c’est, désormais, la griffe de France-Inter. Silence, on parle !

 

Enfin, il ne devrait plus y avoir de différence entre le vendredi et les jours précédents. Cette distinction remonte à l’époque de M. Cavada qui, déjà à la télévision dans les années 1980, voulait accompagner les habitudes des Français qui se sentent déjà, un peu en repos dès le vendredi. Passé à la présidence de Radio-France, il avait impulsé ce principe dans la grille jusqu’à présent. C’est logique : à l’heure où l’on doit « travailler plus pour gagner plus », la notion de « repos hebdomadaire » parait de plus en plus difficile à cerner. Donc, la radio publique entérine ce retour en arrière. Terminée, donc, l’émission de Sophie Loubière « Parking de nuit » et avec, l’une des dernières émissions de création radiophoniques. Autre animatrice de radio originale, Sylvie

La Rocca

passe à la trappesylvie_la_rocca. Déjà écartée des heures de grande écoute, elle n’aura plus qu’à retourner dans sa province sur France-Bleu. Ce ne sont pas deux fins de contrats mais plus d’une demi-douzaine de producteurs évincés ou licenciés : Éric Lange, Sylvie

La Rocca

, Sophie Loubière, Philippe Debrenne, Brigitte Palchine et Marjorie Risacher. Ils s’ajoutent à Simon Tivolle écarté en janvier et à Didier Adès et Dominique Dambert déjà débarqués. On remarque juste que la plupart participaient de la création radiophonique. C’en est fini comme c’en est fini des reportages à l’étranger : place au bavardage !

 

En écoutant un reportage, en écoutant des extraits de livres, des témoignages, l’auditeur, actif, se fait sa propre idée sur le sujet. En revanche, en écoutant une chronique (humoristique ou non), en suivant un entretien, on adopte le point de vue du locuteur. L’auditeur devient passif. C’est d’autant plus insidieux quand l’invité parait critiquer quand il ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes et ne remet pas en cause le système.

 

On retrouvera l’ensemble de ces péripéties et de ces licenciements dans la rubrique médias particulièrement fournie cette année.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/medias/index.html

 

Devoirs de vacances

 

Pour être complet, il faut ajouter qu’a commencé, dès la fin juin, le programme d’été. Depuis une bonne dizaine d’années, ce n’est plus l’occasion de découvrir de nouveaux talents. Autrefois, il n’était pas rare qu’un animateur explose pendant la saison estivale et soit invité à continuer en septembre. Désormais, il existe une grille d’été, reconduite à peu de choses près tous les ans et l’on a l’impression qu’il s’agit des recalés de l’année auxquels on confie une pige plus quelques autres qui trouvent là, le moyen de faire autre chose que leur émission habituelle. Dans ces programmes d’été, on trouve difficilement des variétés pour accompagner l’air du temps, la langueur estivale. Ceux qui ne peuvent pas partir sont contraints aux devoirs de vacances. France Inter prétend nous distraire en invitant des philosophes, des sociologues, des chercheurs (c’est fou ce qu’il y a comme gens qui cherchent), des magistrats, des journalistes, des organisateurs de festivals et, bien sûr, des cuisiniers. On est en France, n’est ce pas ?  

 

Donc place à la grille de septembre, place à la parlote conformiste et Sarko-compatible !

 

 

Le bon esprit d’équipe sur France-Inter :

 

Mardi 29 juin 2010, Nicolas Demorand signale à l’invité que M. Raffarin se trouve dans le studio d’en face mais n’indique pas pour quoi faire. Or, il allait participer à l’émission juste après la sienne. Cette anecdote illustre parfaitement le manque d’esprit d’équipe sur la radio publique. Comme à la télé, les émissions s’enchainent sans lien les unes avec les autres et sans que les producteurs se préoccupent de ce qui se passe ailleurs. Avant moi, après moi, je m’en fiche. J’ai mon temps d’antenne, j’en fais ce que je veux et tant pis si les autres l’ont déjà fait ou veulent le faire plus tard. Les auditeurs m’appartiennent : ce qu’ils font en dehors ne m’intéresse pas.


 

Publicité
Publicité
Commentaires
la lanterne de diogène
Publicité
la lanterne de diogène
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 219 703
Newsletter
Publicité