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la lanterne de diogène
25 juillet 2010

Simulation de pauvreté

On devrait dire « poorness test » pour faire moderne, par analogie avec le « stress test » qui a vu les principales banques européennes tester leurs capacités à faire face à une nouvelle crise. Comme il fallait s’y attendre, sur une centaine de banques participant à l’exercice, seule une poignée a été recalée dont une des nombreuses caisses d’épargne espagnoles. On respire. Pas une des quatre grandes banques française n’a été inquiétée.

 

Le message est clair : investisseurs investissez et particuliers empruntez ! Pour le reste, qu’importe puisque les Etats accourront au secours des banques. Pour ne pas qu’on se pose de questions qui fâchent, on renommera les Etats « fonds souverains ». Cela ferait mauvais genre si, après nous avoir répété à longueur d’année depuis des années que l’Etat est un problème pour l’économie, l’on s’avisait que l’Etat vient régler l’addition et tous les problèmes déclenchés par les apprentis sorciers de la finance. Pas question de reconnaître ses torts, pas question de laisser penser que, peut-être, l’Etat a son rôle à jouer, d’autant qu’il est l’émanation du peuple dans les pays démocratiques.

 

Passons à un autre exercice si vous le voulez bien. Maintenant, on va imaginer non plus qu’il y a une crise, que la banque est menacée par une spéculation quelconque mais que les associations caritatives sont dissoutes. Nous sommes au milieu de l’été 2010, en France (même pas en hiver). Les activités des œuvres charitables, renommées ONG pour ne pas faire ringard, doivent cesser leurs activités : elles captent inutilement l’argent des particuliers et les subventions publiques. Elles sont un frein à la reprise, à la croissance dans une « perspective de fin de crise » comme on nous disait fin 2008.

Exit donc : Les Restos du Cœur,

la Croix-Rouge

, le Secours Populaire, le Secours Catholique, Aide-à-toute-Détresse, les Petits-Frères des Pauvres, Frères des Hommes,

la Société

de Saint-Vincent-de-Paul, les petites sœurs du même nom,

la Mie

de Pain, le Samu social, MDM, Emmaüs etc. sans oublier la première d’entre elles : l’Armée du Salut.

 

Nous connaissons tous ces associations. L’une d’elle a sa permanence près de chez nous. Toi, tu donnes à l’une d’elle. Toi, tu bénéficies d’une autre. Imaginons un instant ce qui se passerait si leurs activités cessaient. Simulons ! Utilisons les meilleurs ordinateurs pour simuler la situation d’un pays européen, en ce début de 21ième siècle, si ces organisations disparaissaient.

 

Une réponse a été donnée un dimanche d’hiver de 1984. Au cours d’une grande émission de variétés à la télévision, Coluche venait de lancer les Restos du Cœur. Son idée était que près de chez nous, des gens n’avaient pas à manger et qu’il fallait d’abord s’occuper de ses proches avant d’imaginer sauver le monde. Toute honte bue, la classe politique au complet était réunie sur le plateau pour se féliciter de l’initiative et l’encourager, la cautionner. Pourtant, si les uns et les autres avaient fait leur boulot lorsqu’ils étaient au pouvoir, personne n’aurait été laissé pour compte. C’est bien leur indifférence, leur incompétence qui est à l’origine de toutes ces associations qui ont fleuri depuis trente cinq ans ; leur indifférence surtout. Les partis politiques de pouvoir ont tout intérêt à les voir perdurer et assurer, en quelque sorte, le service après-vente de l’ultra libéralisme.

 

Supprimons donc, ne serait-ce qu’en simulation, les œuvres charitables et l’on verra bien ce qui se passera et si le système tient longtemps.

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