Plus de corrida en Catalogne
C’est un pas en avant : la corrida est hors la loi en Catalogne. Cette survivance des jeux du cirque romains est une aberration en ce début de 21ième siècle. On s’étonne que de telles pratiques consistant à torturer un animal et à se repaitre de sa force malgré les blessures infligées puisse encore exister à notre époque et même aux époques précédentes.
En fait, il faut remonter à Napoléon. On devrait dire aux
Napoléon. Le premier, en envahissant l’Espagne, a monté définitivement la
population outre Pyrénées contre la France.
L la Grande Armée. la Castille
C’est ainsi que la
France
Avec le franquisme, la corrida s’est renforcée. Le dictateur
a pris soin d’asseoir sa légitimité en reprenant tous les symboles fondateurs
de l’Espagne. Outre le joug et les flèches, outre les couleurs sang et or (par
opposition au drapeau de la
République
La décision du parlement catalan de ce mercredi 28 juillet 2010 est importante. Elle éloigne les jeux sanguinaires d’une partie importante du territoire espagnol. Pour autant, rien n’est gagné. Les fanatiques de la corrida en appellent déjà à la défense des valeurs castillanes. Pour eux, le taureau symbolise l’unité espagnole face aux particularités catalanes. En fait, les Catalans, déjà mal vus dans tout le reste du pays le seront un peu plus même chez leurs frères valenciens toujours prompts à s’affranchir de leur lignée catalane. Après avoir hissé leur dialecte catalan au rang de langue à part entière, ils auront à cœur d’attirer les touristes en manque de corrida sur les plages du nord. Quant aux autres, le syndrome Napoléon risque de se reproduire. Pour bien marquer le caractère castillan, il n’est pas exclu que les corridas se multiplient et envahissent les écrans des télévisions. Il n’est pas impossible que les télévisions qui émettent en Catalogne renforcent leurs programmes tauromachiques pour enfoncer un coin en territoire interdit de corrida.
Le combat contre la corrida est loin d’être gagné. Trop d’argent circule autour des corridas pour qu’on permette de tuer le taureau aux œufs d’or : 50.000 emplois et plusieurs milliards d'euros de revenus chaque année. Ça fait réfléchir. D’autant que ceux qui profitent de la souffrance et de la mort des taureaux peuvent compter sur l’appui indéfectible de ceux des Espagnols extrêmement susceptibles quand on touche aux symboles de leur pays. En France, au cours des dernières décennies, on a vu tout un courant qui, surmontant son aversion pour les sévices aux animaux, tolère et approuve ces pratiques au nom de la diversité culturelle. C’est tout juste si l’on n’y voit pas un moyen de lutter contre la mondialisation. D’ailleurs, à l’occasion de corridas, les journaux Libération et Le Monde proposent des pages entières sur l’événement. Eux si prompts à dénoncer le football professionnel et les comportements des supporteurs trouvent tout à fait honorables de se repaitre du sang qui coule et des fers plantés dans la chair du taureau et, finalement, sa mort d’un coup d’épée.
Encore faut-il rappeler que seuls les bons matadors réussissent à tuer du premier coup. Les autres s’y reprennent à plusieurs fois avant de toucher un organe vital sous les huées, il est vrai, de la foule. Le public en exprimant son mécontentement ne s’offusque pas du supplément de douleur infligé à l’animal mais de la maladresse du professionnel. Encore faut-il, à ce stade, rappeler tous les animaux qui ont servi, en coulisse à l’entrainement des futurs matadors avant qu’ils puissent enfoncer leur lame au bon endroit.
http://www.allianceanticorrida.fr/combat.html
Pour avoir une idée de l’engouement des Français et autres étrangers pour la corrida, il suffit de consulter l’article que lui consacre Wikipédia qui a même ouvert un portail consacré à la corrida comme il en existe un pour la philatélie. Il y a quelques années, on a pu entendre le chroniqueur taurin de France 3 Marseille évoquer « Une agonie de bonheur ». Quel lyrisme pour la mise à mort d’une bête.
On attend, donc, après la décision d’une région qui, plus
que beaucoup d’autres en Europe manifeste son attachement à l’Union Européenne
et à ses valeurs, que la Commission
Européenne
En attendant, saluons –avec les craintes mentionnées plus haut –les parlementaires catalans. Surtout, soulignons que ce vote fait suite à une pétition populaire qui a provoqué le débat et, finalement, le vote abolitionniste. Précisons que rien n’est acquis puisque la droite espagnole a déposé un recours auprès du tribunal constitutionnel.