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la lanterne de diogène
14 août 2010

Sur la plage, les Parisiens

On parle bien de Paris-plage en ce moment. C'est l'été, il ne se passe pas grand chose et ça fait un sujet d'actualité tout trouvé. Dans la profession, on appelle ça un marronnier. En parlant de marronnier, cet arbre est atteint d'une maladie qui devrait le voir disparaître, un peu comme les ormes ont disparu, voici quelques décennies. On ne s'en préoccupe pas plus que ça visiblement. Paris-plage, c'est une animation sur les berges de la Seine, tout le monde le sait. On sait moins que ça s'étend sur le bassin de la Villette, au nord-est de la capitale. Quand on arrive par une ruelle au milieu du quai, on se trouve tout de suite saisi par l'atmosphère. On est en été et l'on a l'impression que tous les gens du quartier sont sortis profiter de la douceur d'une belle soirée. On joue à la pétanque, on s'assoit sur le bord du quai, presque les pieds dans l'eau. Ici, la population est mélangée, bigarrée, beaucoup plus que sur les bords de la Seine qui attirent les bobos et les touristes. On joue à la pétanque disais-je, mais dans toutes les langues, toutes les tenues, tous les ages. Visiblement, ceux qui pratiquent montrent aux étrangers de passage comment on fait et tous s'amusent en lançant des boules. À côté, le long des flots stagnants, des familles se sont étalées, sur le béton. On a aligné les bouteilles, posé le pain, on échange les plats, on rappelle un enfant qui a autre chose à faire que de manger avec la famille. Parfois, on remonte à la maison  chercher un ingrédient qu'on a oublié. Les gens sont chez eux. Simplement, le temps d'un été, ils investissent ce terre-plein assez tristounet le reste du temps. Curieux, quand même, qu'à l'époque où l'on mesure à l'aune du métissage, on n'insiste pas plus sur ce quartier vraiment mélangé, coloré mais sans qu'une population ne se trouve exclue, minoritaire ou mal à l'aise.

paris_plageEn approchant du cinéma MK2, avec ses films en VO et sa librairie spécialisée proposant en vitrine des livres sur le cinéma coréen des années 60 ou sur les réalisateurs italiens des années 50, les gens son beaucoup moins métissés. On approche de l'écluse, et l'on se retrouve -le temps d'enjamber le canal -dans le décor urbain avec la circulation, les terrasses chic. On oublie vite et j'ai une pensée pour l'architecte Ledoux qui a construit la rotonde qui a retrouvé sa blancheur originelle. C'était le temps où l'on inventait la cité idéale pour des hommes meilleurs. Les salines d'Arc-et-Senans donnent une petite idée de ce que cela aurait pu devenir. Encore une pensée pour une amie qui y était récemment pour applaudir Lavilliers. J'aime bien Lavilliers mais mon souvenir de la cité de Ledoux, c'est avec Reiser apôtre infatigable de l'énergie solaire et avec GéBé et son utopie. Je crois que tous ceux que je croise, ici, bassin de la Vilette, auraient aimer vivre une de ces cités de Ledoux, Fourier, Guise, Godin, Poulain. Elles sont faites pour eux.

Je laisse la station Stalingrad du métro aérien avec ses néons et ses voyageurs qui attendent sans penser à ceux qui, en bas, se détendent en pensant aux plages qu'ils ont connues. D'ailleurs, il paraît qu'il ne faut plus dire « Stalingrad » mais « place de la bataille de Stalingrad »; des fois qu'on ne saurait pas... Je presse le pas pour retrouver les gens que j'aime bien, après l'autre cinéma. Paris-plage à la Vilette, propose beaucoup moins d'animation. On ne va pas apprendre à préparer des jus de fruit, ou laisser les enfants se prendre pour Indiana Jones. Quand on sort, les boules, on ne se met pas forcément dans les emplacements prévus. On déborde volontiers ou bien, on va là où il y a plus de place. Sur les bancs, des personnes de toutes les couleurs, de tous les âges se reposent. Ils viennent d'Afrique noire ou du nord, d'Asie, d'Europe orientale ou d'ici. touche_pasTous se retrouvent dans ce coin de France où ils n'auraient jamais imaginer débarquer un jour et croiser qui des Noirs en boubou, qui des Chinois, qui des Arabes, qui des Amérindiens du sud etc. Ici, pas de tension, rien que cette envie de sortir avant la tombée de la nuit avant de rentrer dans un appartement surchauffé après une journée de soleil. Un panneau : « promenade Signoret-Montand ». Pas mal ! Je ne sais pas s'ils se sont beaucoup promenés par ici mais j'aime me souvenir de Simone, la grande Signoret, plus grand et plus belle encore les dernières années. Elle aimait bien la main ouverte d'SOS-racisme. Ça lui aurait plus tout ça !

Moins d'animations, donc mais des parquets pour danser et l'on y danse, l'on y danse. Et, là encore, ça se mélange et c'est tellement beau ! Il y a des guirlandes d'ampoules de couleurs comme dans les buvettes africaines. Les eaux vertes du canal et les allées et venues des petits bateaux donnent envie de partir ; à moins qu'on ne soit déjà arrivé à destination.

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