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la lanterne de diogène
25 septembre 2010

Des hommes et des hommes 2

A l’heure d’écrire ces lignes, plus d’un million de spectateurs a vu le film de Xavier Beauvois, « Des hommes et des dieux » qui évoque l’assassinat de sept moines trappistes du monastère de Tibhirine dans l’Atlas algérien. Presque tout a été dit sur ce film qui représentera la France aux Oscars.

 

Cette année, je n’avais pas évoqué l’exécution des moines sachant que j’en aurai l’occasion à la sortie de ce film. D’habitude, j’insiste sur le malaise que j’éprouve en constatant que l’opinion française a vite oublié ce fait divers perpétré loin d’ici et dans un climat d’hostilité au christianisme. En revanche, je suis toujours secoué quand des amis algériens évoquent avec émotion l’enlèvement et l’attentat contre les moines. Surtout, il ne s’agit pas de réactions isolées. Il suffit de consulter des sites algériens pour constater que le souvenir des trappistes demeure extrêmement fort dans la population. Pourtant, le film n’a pas été tourné sur place mais dans l’Atlas marocain.

 

Sur le film, j’ai simplement été frappé par l’impression quasi palpable du temps qui passe, lentement. Certaines scènes ont été filmées presque en temps réel. Le temps. C’est peut-être ce qui manque le plus à notre époque.

Le film ne prétend pas éclairer sur les causes de cet assassinat ni sur ses auteurs. Chacun ressortira avec ses déductions. On remarquera juste que des gens qui vivent paisiblement, qui s’entendent avec tout le monde, qui cultivent leur jardin –ainsi que le recommandait Voltaire –dérangent les institutions comme l’armée, la préfecture et les contre-institutions comme les groupes qui terrorisent des populations qui vivent déjà difficilement sans cela. Les moines soignaient les villageois et leurs bourreaux. Pouvaient-ils faire autrement ? Ils étaient perdants de toute façon.

 

Personnellement, à l’époque des faits, je côtoyais des Algériens absolument désemparés à l’idée qu’on ait pu s’en prendre aux moines qui faisaient tellement de bien. Chacun me racontait une anecdote, un souvenir chéri. Je revois à la télé chez mon ami Serge le cardinal Lustiger qui, dans un geste symbolique, a soufflé une à une les sept bougies qu’il avait allumées dans le chœur de Notre-Dame de Paris pendant la prise d’otage. Il se trouve que je m’y suis rendu quelques jours plus tard. Le chandelier était toujours en place mais aucune flamme ne brûlait.

 

A l’occasion de la sortie du film, des journalistes se sont rendus à Tibhirine et ont rencontré la population. Bien sûr, le souvenir des moines est présent chaque jour dans le cœur de chacun. Au marché, l’étal des moines qui venaient vendre du miel a disparu et ce vide ne prive pas seulement les gens d’un peu de douceur mais d’une présence apaisante et rassurante. Des personnes ont déclaré avoir regretté de ne pas avoir pu enterrer les frères trappistes afin de leur rendre un dernier hommage. Pour eux, comme pour beaucoup d’anonymes bienfaisants, on peut citer cette phrase de Malraux : « la tombe des héros est le cœur des vivants ».

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/31/5120197.html

 

http://jean-yves.larbanet13.perso.neuf.fr/fourmi.htm

 

http://mecanopolis.wordpress.com/category/moines-de-tibhirine/

 

http://forum.rachad.org/viewtopic.php?f=1&t=1449&start=15

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