Supplique aux syndicats après la fin de la retraite à 60 ans

Visiblement ému, l'ancien Premier Ministre Pierre Mauroy a tenté un baroud d'honneur en défendant la retraite à 60 qu'il avait fait passer. M. Mauroy a été le dernier Premier Ministre issu du peuple. Il ne faut pas l'oublier non plus.

En ce lendemain fatal, je m'étonne que les syndicats n'aient pas réagi et qu'ils attendent sagement la prochaine journée de mobilisation mardi prochain 12 octobre.

Bien sûr, le gouvernement a fait voter dans la précipitation l'article incriminé pour les prendre de vitesse. C'est à croire que le téléphone n'a pas été inventé et que la téléconférence n'existe pas. À qui va-t-on faire croire que les dirigeants syndicaux, qui avaient toute la journée de vendredi pour s'y préparer, ne pouvaient pas se parler et appeler à une réaction immédiate le lendemain samedi ou le dimanche ? Est-ce que la population ne seraient pas descendue dans la rue à l'appel de leurs délégués, des voisins, des copains ?

La population sent bien que ces deux années supplémentaires ne sont que poudre aux yeux et que d'ici peu, il faudra rallonger de deux autres années et finalement repasser à 65 ans et pourquoi pas plus ? La population sent bien que ça ne suffira pas sinon nul doute qu'elle accepterait bon gré, mal gré. Surtout, la population sait bien que nombre de quinquagénaires sont poussés vers la sortie et que, l'un dans l'autre, ce sera deux ans de plus au chômage ou au RMI (devenu RSA) et donc encore moins d'années de cotisations. On voit bien arriver le spectre du minimum vieillesse faire la soudure avec les dernières allocations chômages ou le RSA. Voilà ce que signifie concrètement la loi votée à la va-que-je-te-pousse hier après-midi. D'ici peu, c'est le minimum vieillesse qu'il faudra sauver.

Comme si ça ne suffisait pas, le FMI dirigé par M. Strauss-Khan, ancien ministre du PS (je n'ai pas écrit socialiste), rend un rapport fort à propos indiquant qu'il suffirait de rallonger de deux ans la durée de travail pour que tous les régimes de retraite soient sauvés. Quelle coïncidence ! Au passage, M. Strauss-Khan a probablement perdu ses chances d'être élu à la Présidence en 2012 (contrairement à ce que nous avions suggéré récemment à la faveur d'une simple alternance). Les électeurs préfèrent toujours l'original à la copie. Quitte à se faire mettre, mieux vaut encore se dire que ce ne soit pas par des gens qu'on a cru longtemps des alliés et des protecteurs. Le coup de 2002 peut encore se reproduire.

J'apprends ce matin que Mme Royal a fait une proposition : « Il suffirait, dit-elle, que les syndicats et les partis de gauche appellent mardi prochain au recueil de 4 millions de signatures, pour obliger le pouvoir à consulter les Français. Ce serait une formidable mutation démocratique ! »

C'est ça la démocratie ! La démocratie, par définition, c'est le pouvoir au peuple. Il est vrai que les Français sont échaudés après le déni du référendum sur la constitution européenne. Pourtant, sur un sujet aussi sensible, aussi intime que les retraites on peut être sûr que la population ne se laisserait pas faire.

Aux syndicats je dis : il est encore temps. Le populo peut descendre dans la rue demain. Pas la peine d'affréter des cars pour monter à Paris. On se contentera des villes les plus proches, des préfectures et sous-préfectures. On a déjà vu des manifs le dimanche. Ce sont mêmes celles qui ont rassemblé le plus de monde.

Il n'est pas trop tard pour montrer sa détermination.