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la lanterne de diogène
10 février 2011

Brûler le maillor

On apprend, ce matin, une histoire insensée et annoncée dans le but de faire rire le populo.


C'est l'histoire d'un collectionneur. Déjà, on s'émoustille. On pense à un homme (les femmes collectionnent peu), farfelu, solitaire mais sympathique qui, dans le secret d'un antre accumule des objets insolites ou, tout au contraire, trop banals pour retenir l'attention du commun des mortels.


L'homme dont il est question, collectionne les maillots de football portés par des joueurs vedettes lors de rencontres d'exception, genre finale de la Coupe du Monde. Justement, notre collectionneur avait acquis à prix d'or le maillot de Trézéguet en finale du Mondial de 1998. Jusque là, toujours rien à dire. Il fait ce qu'il veut. Voilà que le passionné a eu l'imprudence de transporter son objet chéri, sans doute pour le montrer à quelqu'un. Or, l'homme habite un département frontalier et voilà qu'une patrouille des Douanes l'interpelle et trouve le maillot soigneusement emballé comme il se doit pour quelque chose payé plusieurs milliers d'euros. Seulement, les douaniers n'ont pas changé depuis que Fernand Raynaud les avait épinglés.

http://www.dailymotion.com/video/x28x5i_fernand-reynaud-le-raciste-1972-fr_fun


Pour eux, l'emballage du maillot dissimulait en réalité un objet de délit. Si quelque chose est enveloppé, c'est qu'on veut cacher quelque chose ; donc c'est suspect ! Ils découvrent le maillot frappé du numéro 20 et en concluent à une imitation. On imagine que le collectionneur à dû expliquer mais ce ne sont « pas des imbéciles puisqu'ils sont douaniers ». Ils ne tardent pas à remarquer une malfaçon sur une couture. C'est la preuve intangible et le maillot de « Trézégoal » est brûlé.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-maillot-de-Trezeguet-detruit-par-la-douane-_38826-1688146_actu.Htm


Les journalistes nous prient de rire de cet original qui a vu plusieurs milliers d'euros partis en fumée du fait du zèle d'une patrouille de gabelous. Pourtant, à y regarder de près, nous sommes face à un nouvel abus de l'administration. On retrouve la situation habituelle.

Un citoyen est suspecté. À partir de là, la machine infernale est lancée. Il ne pourra pas s'en sortir. Il expliquera, argumentera, prouvera. La défense sera interprétée par l'administration comme une preuve de la volonté de tricherie. Elle redoublera l'entêtement des fonctionnaires. Au besoin, plainte sera déposée contre le citoyen afin de l'affaiblir un peu plus ; un peu comme des banderilles dans le dos d'un toro. En aucun cas, on ne tolèrera le moindre doute et encore moins la contestation ou le simple appel à vérifier. La bonne foi n'existe pas pour l'administration.


Quelqu'un qui a des ressources pensera entamer une procédure. La procédure est coûteuse, il faut payer un avocat, faire des photocopies, des lettres recommandées dont le montant s'ajoute au coût du préjudice. En l'occurrence, le collectionneur est en mesure de produire un certificat d'authenticité certifié par le fabricant du maillot, la firme multinationale Adidas ; excusez du peu. La procédure va durer. L'administration a le temps. Elle peut se payer le luxe de pourrir la situation vu que, de toute façon, ce n'est pas son argent qui est en jeu mais celui des contribuables. Éventuellement, on pourra faire valoir que le temps perdu sciemment rend la procédure caduque. Le tribunal rendra probablement justice au citoyen mais l'administration fera appel. Ça recommencera et ça durera encore des années. Cette fois, on épluchera tout et l'administration fera remarquer qu'une pièce du dossier manque ou est incomplète ou irrecevable ou que le timbre sur l'enveloppe n'a pas été collé comme il faut. Ça suffira pour débouter le plaignant qui, après avoir perdu l'objet, l'argent pour acheter l'objet et les frais de procédure, devra en plus prendre à sa charge tous les frais de la partie adverse sans compter les dommages et intérêts que l'administration ne manquera pas de réclamer dans le louable souci des intérêts du contribuable.


Même en supposant que le citoyen gagne son procès, ça ne remplacera pas le maillot qu'il a chèrement payé et auquel il était attaché. Le maillot a été brûlé et ne renaîtra pas de ses cendres. Comme c'était, par définition, une pièce unique, il est irremplaçable. Notons, au passage, qu'il s'agit d'une destruction de preuve, ce qui est puni par la loi.


Face à l'administration, le juste est mis au rang des assassins. La victime devient coupable et doit indemniser les armes dont on s'est servi contre elle.


tr_z_guetCette histoire du maillot de Trézéguet n'est pas drôle du tout. Elle est une nouvelle illustration de la dictature exercée par l'administration contre les citoyens, plusieurs fois dénoncée ici. Présentement, les douaniers ont fait savoir aussitôt qu'un tel objet aurait dû être déclaré aux douanes. La reconnaissance implicite de l'erreur (pas de la faute bien sûr) est aussitôt annulée, contrecarrée par l'omission de déclaration de la part du citoyen victime. Concrètement, il faut anticiper sur le zèle de l'administration.


Désormais, les collectionneurs doivent se faire du souci. Les philatélistes sont parmi les plus exposés. Si l'on découvre un timbre rare parce que provenant d'une série mal faite (faute d'orthographe, tache d'encre, inversion etc.) et qui fait la joie des passionnés, ils s'exposent à une accusation d'imitation frauduleuse. Idem pour les numismates. Les billets de Monopoly® sont également visés. Attention si vous modifiez l'aspect de votre voiture pour frimer dans votre quartier.


On savait qu'on pouvait mouiller son maillot et que dans certains cas, c'était une exhortation. Les douaniers nous apportent la preuve qu'on peut, désormais, brûler le maillot. L'administration nous surprend toujours...   

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