Mitterrand, Jack et la corrida

Décidément, il n’y a pas une connerie que ce gouvernement ne va pas faire. Qu’est-ce qu’il avait besoin, à présent, de se mêler de ça et de promouvoir la corrida ? Partout, ce spectacle d’un autre âge perd du terrain. Les organisateurs ne savent pas quoi faire pour attirer le public et font appel aux subventions payées avec les impôts de ceux qui, précisément, ne vont pas voir ça. La France va plus loin que l’Espagne et l’inscrit à son patrimoine culturel. Déjà, ici, nous avions dénoncé des quotidiens comme Le Monde ou Libération qui, à l’occasion, consacrent plus de pages sur les corridas que la presse espagnole.

Pour avoir voyagé, je sais que ce n’est pas à la corrida qu’on pense quand on évoque la France à l’étranger. Donc, l’argument culturel ne tient pas. Et si l’on reste sur la culture, quand on pense à l’immense patrimoine qu’il faut entretenir dans un vieux pays comme la France, on ne peut que contester la décision et se révolter contre la légèreté d’esprit qui a poussé à cette décision. Egalement, la Catalogne qui est jumelée avec deux Régions françaises a mis fin à la corrida sur son ressort. La France se serait honorée en harmonisant sa législation avec un territoire qui a toujours été francophile. Au contraire, elle lui envoie une gifle avec sans doute l’idée que, justement, la France espère attirer les rares catalans qui auraient envie de voir des corridas et qui n’iraient pas en Espagne où ce spectacle connait une lente désaffection. L’abattoir en plein air pourra continuer, recevoir des aides du gouvernement dont les caisses sont vides pour le reste et si l’on s’y oppose, on s’entendra taxer de mauvais français. Atteindre un tel niveau d’inversion des valeurs relève de la démence.

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Au-delà de la corrida

D’une manière générale, cette majorité politique fait preuve d’une grande propension à mettre en œuvre des politiques que personne ne réclame sinon une minorité, et encore. On fait plaisir aux financiers, aux très riches, aux chasseurs, aux amateurs de corrida encore moins nombreux que les sus nommés. En revanche, tout ce qu’on demande est mis sous le boisseau. « Les caisses sont vides ». Mais elles ne sont pas vides pour les jurys populaires en correctionnelle (en excluant les délits financiers que peuvent commettre leurs amis bien entendu) et pour subventionner les corridas. Bientôt, on dira qu’il faut absolument que la France organise plus de corridas que l’Espagne, que ça va attirer du monde et créer des emplois et relancer la filière bovine. Rien ne nous sera épargné.

La désinformation est le ressort principal de ce gouvernement. On part d’un fait divers voire d’un ragot et, en fonction de cela, on prépare à la hâte une nouvelle législation quand celle en place n’est pas appliquée faute de moyens. L’été dernier a été un festival de mesures et de déclarations contraires à l’intérêt général. L’insécurité est une réalité. Seulement, ce ne sont pas les déclarations va-t-en guerre qui y changent quoi que ce soit. Comme pour tout, il faut des moyens. N’importe quelle entreprise humaine mobilise des moyens financiers, matériels, humains. Ne serait-ce que pour manger, il faut des moyens : acheter les aliments, les préparer, les servir avec des couverts, les laver après usage. Il en est de même pour tout et ce n’est pas en supprimant les effectifs de la police qu’on arrivera à sécuriser les zones incriminées. Ce n’est pas avec un budget de la Justice aussi réduit qu’on pourra traiter les infractions ni les sanctionner. Pour mettre des gens en prison, il faut des cellules, du personnel de surveillance, de l’argent pour la nourriture et l’hygiène des prisonniers. Autant de choses qui manquent.

Ce n’est pas non plus en exigeant que les policiers fassent du chiffre qu’on y arrive. Concrètement, pour éviter les sanctions qui retarderaient leur avancement, ils vont au plus facile. Les délits mineurs et les affaires mineures élucidées se multiplient quand les atteintes aux personnes augmentent.

M. Sarkozy a instauré le droit au logement opposable. La belle affaire quand il n’y a pas de logement à proposer. Déjà, il faut lutter contre la spéculation. Là encore, le simple respect de la loi déjà existante sur un minimum de 20 % de logements sociaux permettrait de faire de la place, d’éparpiller les foyers modestes et favoriserait le brassage social qui est une valeur républicaine. Le résultat c’est qu’on oblige les plus modestes à vivre sous la loi de groupes violents. Leurs faibles revenus leur interdit de déménager et pour aller où ? Les zones d’insécurité concentrent les problèmes sociaux les plus graves. Dans ces secteurs,  les services publics ne peuvent accéder par peur de prendre des coups ou de ne pas retrouver sa voiture en bon état : ni les policiers, ni les travailleurs sociaux, ni même les pompiers. Avant de faire de nouvelles lois, il faudrait que celles existantes soient appliquées et que tout le monde puisse circuler partout. Pour ça, il faut des moyens et appliquer la loi sur les 20%.

Ce n’est pas nouveau mais cette majorité qui a accusé ses prédécesseurs d’avoir laissé faire et qui s’est fait élire en prétendant qu’elle allait tout changer, a montré qu’elle était encore moins capable que les autres. Maintenant, tout le monde déteste tout le monde. Quel model social propose-t-on à partir du moment où la loi n’est pas appliquée ?

On en arrive au point où, quand on entend les informations au jour le jour, on a l’impression, que les personnes à la population est terrorisée par les minorités ethniques qui, de leur côté, se plaignent en permanence d’actes de racisme. Quand on entend les uns et les autres qui attisent les braises et récupèrent les mécontentements, on a le sentiment que l’Afrique du Sud des années d’apartheid était un paradis terrestre à côte de la France d’aujourd’hui. Concrètement, les tensions sont telles, les récupérations sont telles que les problèmes quotidiens du peuple sont mis à l’écart, ce qui augmente encore plus l’incompréhension et creuse le fossé entre la population la plus modeste et la classe politique.

Dans ce contexte de désinformation, de récupération, d’annonces spectaculaires, d’inversion des valeurs, la promotion de la corrida pour secondaire qu’elle est quand il y a autant de problèmes concrets est tout à fait caractéristique de la politique d’aujourd’hui. On ne parle pas des problèmes concrets du quotidiens (acheter à manger, payer son loyer, se déplacer) mais on satisfait les revendications d’une minorité pour un spectacle au cours duquel un animal vivant est martyrisé.

Et la gauche ?

La gauche n’est pas vraiment mieux placée. Qu’on songe à l’extrême embarras de M. Jack Lang interrogé sur la mesure de Mitterrand (Frédéric) pour promouvoir la corrida. Lui non plus ne veut pas se mettre le public ultra minoritaire des corridas à dos.

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/sept-neuf/index.php?id=104060

Il est tout de même paradoxal que, tout comme avec les chasseurs, la gauche alliée avec les écologistes se montre incapable de dire à une minorité de français et d’électeurs de gauche qu’ils sont absolument contre. En clair, ils préfèrent s’aliéner la majorité de leurs électeurs plutôt que déplaire à des gens qui sont déjà contre eux. Après ils s’étonnent que les sondages leur sont défavorables. Tout ce qu’ils trouvent comme solution, c’est de limiter les sondages pour qu’ils ne leur soient plus défavorables et, récemment, ils viennent de proposer de changer le mode de scrutin présidentiel pour éliminer encore plus facilement les voix dissonantes.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/03/23/20704733.html

Si l’on observe le comportement de la gauche au pouvoir depuis 1981 et dans l’opposition, elle n’a pas cessé de tourner le dos aux aspirations de son électorat. Dès le mois de juin 1981, un certain Lionel Jospin faisait répondait à ses électeurs qui étaient pressés de voir concrétiser les 110 propositions de Mitterrand (François) que ça poserait d’énormes problèmes. Il évoquait notamment la réduction du service militaire, la sortie du nucléaire. Après, ils s’étonnent que le peuple s’abstienne ou vote à l’extrême droite et de n’être pas sûrs de revenir au pouvoir.

Il est plus qu’évident que tant que les hommes politiques céderont aux pressions de groupes minoritaires mais bien organisés et obstinés, ils ne pourront pas espérer recueillir l’approbation de la majorité de la population. Inversement, la majorité de la population devrait davantage se faire entendre ; encore faut-il que les médias soient à l’écoute. C’est valable pour la gauche comme pour la droite. La différence, c’est que depuis trente ans, la gauche n’a pas cessé de voler au secours de minorités qui traditionnellement (c’est le cas de le dire) ne sont pas de gauche et de tourner le dos à son électorat républicain et progressiste.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/04/12/20878758.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/10/29/19459914.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/10/06/19255952.html