Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la lanterne de diogène
31 mai 2011

La condition humaine au XXIe siècle

 

La nouvelle a fait peu de bruit. On la découvre un peu par hasard en achetant son magazine préféré.

 

Un ingénieur de 33 ans s'est jeté dans un four à 800°

à l'usine Constellium (ex Péchiney)

 

L'horreur !

On a parlé à juste titre des dizaines de suicides chez France-Télécom. Récemment, l'ancienne branche des PTT a vu un nouveau cadre s'immoler par le feu. Plus près de nous, c'est chez GDF-Suez qu'on a connu une tentative de suicide sur le lieu de travail.

 

Malgré cela, le PDG de France-Télécom a tardé à être débarqué et l'on a à peine ou pas du tout parlé des autres. Pourtant, une situation qui pousse un homme, en pleine force de l'age, à se jeter dans un four brûlant ne devrait pas laisser indifférent.

 

On se dit que l'affaire aurait dû faire les unes des quotidiens et l'ouverture des journaux télévisés et parlés. On se dit que l'Internet, prompt à se substituer aux médias traditionnels aurait dû provoquer un buzz. Non, les conditions de travail n'intéressent ni les journalistes, ni les moralisateurs zélés de la toile d'autant que la victime était ingénieur.

 

Le gouvernement et les milieux libéralistes préfèrent mobiliser leurs médias pour culpabiliser les dépenses de santé et en appeler à les réduire notamment en abaissant les remboursements. Les humoristes ne manquent pas d'abonder en ce sens en se moquant de ces Français qui, dit-on, sont les champions de la consommation de tranquillisants, d'antidépresseurs, de psychotropes. Une certaine presse et les forums sur Internet ironisent sur ces fonctionnaires (même si la plupart des employés de France-Télécom ne le sont pas) qui se suicident parce qu'on leur demande de travailler. Toute cette pourriture véhiculée par les uns et les autres, curieusement unis quand il s'agit de se moquer de la souffrance des travailleurs conduit à ce silence et à cette indifférence au suicide dans un four de Péchiney.

 

En 1933, André Malraux obtenait le Prix Goncourt avec La Condition humaine pour avoir raconté la répression des manifestations de Changaï de 1927 quand on jetait les insurgés vivants dans les chaudières des locomotives. Le livre a connu le succès jusqu'à une époque récente.

 

En 2011, l'opinion s'insurge contre les dérapages verbaux de personnalités, les problèmes de dos mal opéré d'un chanteur démodé tandis que des salariés se suicident sur leur lieu de travail, se jettent dans un four à 800° dans l'indifférence.

 

Une recherche sur l'Internet permet de mesurer cette indifférence. Rendons hommages à ceux (peu nombreux) qui ont choisi d'en parler, d'autres ont repris l'information sur VIVA :

 

http://www.viva.presse.fr/Suicide-d-un-jeune-ingenieur-chez_15381.html

 

http://www.midilibre.fr/2011/05/21/puy-de-dome-un-salarie-se-suicide-en-se-jetant-dans-un-four-d-une-usine,322535.php

 

http://nouvelles.abidjantv.net/actualite-3033-il-se-suicide-en-se-jetant-dans-un-four-a-700-degres.html

 

Marianne n°736 du 28 mai 2011 pp 8 et 54

Publicité
Publicité
Commentaires
la lanterne de diogène
Publicité
la lanterne de diogène
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 219 682
Newsletter
Publicité