La concurrence, c'est du vol

Un texte d'une grande actualité en ces jours où l'État demande à Air France (détenu à 16% par l'État après l'avoir remis à flot) d'acheter des Airbus plutôt que des Boeing.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/04/15/1705863.html

On reparle du « patriotisme économique ». Nous préférons parler de bon sens. En effet, l'État doit, avant toute autre considération, assurer le bien-être de tous ceux qu'il sert, individus comme entreprises qui les emploient. Il paraît donc normal de favoriser les entreprises françaises parce qu'elles font vivre des travailleurs en France ; à condition, évidemment, que les produits soient comparables. D'ailleurs, tous les pays en font autant, tout simplement parce que c'est logique. Lorsqu'une entreprise locale ne fabrique pas un produit, on privilégie alors une étrangère qui fabrique dans le pays ou, au pire, une entreprise bien implantée et qui emploie des travailleurs locaux.

C'était la logique en vigueur jusqu'à ce que les dogmes de l'ultra-libéralisme ne répandent leur funeste influence sur les esprits faibles qui, pour le plus grand malheur de l'humanité, dirigent la plupart des pays. En France, chaque fois que la droite est aux commandes et pour bien marquer son empreinte, on assiste à des achats à l'étranger justifiés par la croyance en la « concurrence libre et non-faussée ».

Ainsi, dès 1986, date de la première « cohabitation » revancharde, la droite au pouvoir achète des camions Iveco (anciennement Fiat-Unic). Dès les années 2000, La Poste s'équipe en Ford ainsi que la gendarmerie qui préfère des Ford transit à des Renault trafic ou véhicule équivalent chez PSA. Ceci pour la partie la plus visible, celle que tout contribuable peut observer chaque jour. L'exemple venait de la Thatcher qui, en Grande-Bretagne, choisissait systématiquement les produits étrangers pour bien signifier que rien d'autre ne comptait que la concurrence devenue sacro-sainte. À l'époque, il fallait équiper l'armée britannique d'un avion radar. Pour décider les parlementaires, l'industrie britannique avait placardé des affiches indiquant : « Ces deux appareils [l'AWACS de Boeing et le Nimrod de BAe] vous protégeront autant. La différence c'est que l'un fera travailler des britanniques et pas l'autre. ». Bien entendu, la Thatcher a choisi celui qui mettrait les travailleurs britanniques au chômage ce qui prouve bien que les libéralistes et leurs valets au gouvernement préfèrent le chômage de masse qui leur permet de mieux affaiblir les classes moyennes et populaires.

Cette fois, c'est le consortium franco-hollandais Air-France-KLM qui doit choisir. Il serait logique de se porter sur l'avion dont on nous disait en 2005 qu'il symbolise la réussite de l'Europe. Réussite de l'Europe (de l'alliance franco-allemande plutôt) certes, mais pas réussite de l'Union Européenne vu qu'Airbus existait bien avant et que la plupart des parties prenantes ne faisaient pas partie de la Communauté Européenne. On cite volontiers l'armée étatsunienne qui achète systématiquement des avions Boeing ou Lockheed-Martin; et pourtant ce pays est le parangon de l'ultra-libéralisme. Les Chinois n'hésitent pas à faire voler les produits de leur industrie aéronautique pourtant récente.

Dans le domaine ferroviaire, plus familier ici, on observe la pareille. L'Allemagne fait rouler des trains fabriqués par Siemens, Krauss-Maffei ou Bombardier qui a repris les activités de Daimler. L'Italie, fait rouler des trains Fiat (repris par Alstom) et Ansaldo-Breda. Après s'être équipée du seul train à grande vitesse existant – à savoir le Tgv français mais fabriqué en partie sur place – l'Espagne a encouragé les industries locales et notamment Talgo (mais aussi CAF) à concevoir et à construire un équivalent au TGV. C'est chose faite et bien faite. En revanche, après le démantèlement de son secteur ferroviaire dû à la politique libéraliste des gouvernements britanniques, les entreprises privées de chemins de fer britanniques passent commandes auprès de l'industrie japonaise ; et probablement bientôt chinoise.

À l'heure de la mondialisation libéraliste, le bon sens n'a plus cours.

On lira aussi :

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/03/04/8199584.html

http://www.lasemaine.fr/2011/06/16/lion-et-cabris-patauds

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/22/17974126.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/05/10/21099004.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/10/26/3088443.html