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la lanterne de diogène
14 septembre 2011

Je me marre !

Oui, je me marre en lisant les commentaires des auditeurs de RTL (du moins ceux qui sont équipés de l'Internet). Ils découvrent l'émission de Stéphane Bern et s'en trouvent fort marris.Ce qui revient le plus souvent, c'est le terme de « bla bla ». S'y ajoutent : « véritable cacophonie », « bavardage sans intérêt » pour qualifier sa prestation tandis qu'une, plus polie se plaint de retrouver « le discours permanent » de France-Inter sur leur station préférée.

http://www.rtl.fr/actualites/article/les-nouveaux-programmes-de-la-rentree-sur-rtl-7711771646/commentaires

 

Les auditeurs de RTL se recrutent plutôt dans les classes populaires. Ils allument la radio pour se distraire. Avec Bern, ils découvrent en fait France-Inter et sa parlote permanente. Ils ne veulent pas entendre toujours les mêmes invités politiques ou non, les chroniqueurs toujours politiques. Ils veulent se distraire surtout au moment du déjeuner. Certains soupçonnent même Rtl d'être une radio socialiste ; un comble. En d'autres termes, socialiste signifie pour beaucoup « prise de tête ».

La lecture du fil des commentaires est une véritable poilante. Comme quoi, même les auditeurs de RTL qui se repaissent des grossièretés de Philippe Bouvard, ne sont pas prêts à tout avaler non plus. Ils se fichent aussi des frasques des vedettes appelées « pipoles ». Ils parlent d'émission de "Bonne humeur" forcée ... ennuyeuse au possible. Et ils n'ont surtout pas envie qu'on les force à quoi que ce soit, fût-ce à rigoler. Ils n'aiment pas non plus les journalistes vedettes débauchés à grand frais par la station privée pour capter les auditeurs.

Jusqu'à Agnès Bonfillon qui s'en prend plein la figure. Sur Inter, elle amusait ses confrères chaque fois qu'elle découvrait l'Amérique et qu'elle prétendait dénoncer une anomalie que tout le monde connaissait. Il était de bon ton de s'ébaubir devant ses plaisanteries. Les auditeurs d'RTL n'ont pas d'a priori et jugent sur pièce. Ils ne la connaissaient pas avant. Ceux de France-Inter sont sensible à la présentation qui en est faite. Si on leur dit qu'il est convenable de rire, ils rient. S'il est convenable de s'offusquer, ils s'offusquent. Les intervenants sur l'antenne sont tout auréolés d'une gloire qu'il convient de reconnaître. Si on leur dit qu'ils vont s'instruire, ils se sentent flattés et s'en délectent à l'avance. Il n'est que de voir le succès de la demi-heure d'Histoire, bourrée de clichés, d'approximations et d'une tonalité extrêmement racoleuse.

 

Maurice-Favières-480x720En fait, les auditeurs de RTL plébiscitent les animateurs et les journalistes maison plutôt que les pièces rapportées. Encore une fois, ainsi qu'évoqué à plusieurs reprises ici, RTL est une radio familiale où règne une excellente ambiance entre les intervenants à l'antenne. Il existe un esprit maison qui est abimé à chaque fois qu'arrive un nouveau qui vient vendre sa salade et gagner plus d'argent qu'ailleurs. C'est une bonne leçon pour toutes les radios généralistes. Ce n'est surement pas un hasard si, depuis des dizaines d'années, RTL est la radio la plus écoutée de France.

 

Stéphane Bern se croit toujours drôle en invitant des hommes politiques pour s'en prendre plein la gueule, pour leur permettre de donner une autre image d'eux-mêmes et de se refaire une santé quand ils ont des casseroles au derche depuis des lustres (Pasqua, Balkani, Allègre étaient ses favoris).

Il faut qu'il passe sur RTL avec fracas pour qu'on découvre que Stéphane Bern est ennuyeux, n'a pas d'humour, ricane pour un rien et s'entoure de collaborateurs médiocres. Face à un vrai public populaire, le masque tombe. Entre gens polis ou faussement impertinents, entre gens du même monde, on peut se permettre de souler l'auditoire. Finalement, c'est un peu ce qui arrive à la gauche en France. Les militants et sympathisants restent entre eux, s'attisent mutuellement, débattent entre eux et se disputent à mort parfois mais ne sont jamais confrontés aux réalités. D'ailleurs, la réalité, ils la méprisent comme ils méprisent les classes populaires qu'ils appellent des « beaufs ». Les problèmes quotidiens des Français ne les intéressent pas. Après ils s'étonnent de se prendre des gamelles aux élections nationales.

 

Quand les auditeurs de RTL donnent des leçons de radio, ils rappellent qu'une émission ne se fait pas autour d'un animateur vedette qui reçoit un invité qui va raconter sa vie ou, plus fréquemment, faire la promotion de son livre, de son spectacle ou du film où il joue. Le talent d'un animateur consiste à faire passer un bon moment à l'auditeur avec sa voix, d'abord, son rythme, sa bonne humeur, sa compétence. Ça ne consiste surement pas à inviter quelqu'un, à lui faire raconter sa vie pour lui couper la parole dès qu'il dit quelque chose d'intéressant mais qu'on a du mal à comprendre.

 

Il serait intéressant, peut-être, de remarquer avec l'audience des radios, qu'il y a une grosse part de Français pour écouter une antenne populaire, une forte minorité pour écouter la parlote d'Inter et la grande majorité des auditeurs pour plébisciter les radios où l'on enchaine les produits commerciaux des maisons de disques. On peut toujours dire que les auditeurs sont des cons ou des beaufs mais ils existent. Il faut en tenir compte et pas seulement pour la programmation radiophonique.

 

À bon entendeur...

 

 

hommage à un artiste, Max Meynier :Max 165

 

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