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la lanterne de diogène
14 octobre 2011

Boules puantes

Boules puantes, c'est tout ce que la droite trouve à répondre aux affaires qui sortent en ce moment. D'habitude, ces affaires nauséabondes caractérisent les fins de règne. Bizarrement, ça intervient au bout de dix ans comme pour donner raison à la formule « dix ans, ça suffit ! ». En mettant à part les Présidents qui n'ont pas duré dix ans, tous les autres ont connu la lassitude de l'opinion publique et, affaiblis, n'ont pas pu faire face aux « affaires » qui sortaient et dénonçaient des pratiques illicites.

 

Cette fois, il n'aura pas fallu attendre dix ans mais seulement cinq. Encore qu'on puisse considérer que M. Sarkozy faisait déjà ce qu'il voulait depuis cinq ans et que la Présidence n'a fait qu'étendre ses pouvoirs. M. Mariani déclare : « Je crois que Nicolas Sarkozy, depuis ces quatre dernières années, a entamé une réforme de la France qui était indispensable, qui est difficile, qui est par moment mal comprise mais qui change radicalement notre pays et que cette réforme a besoin d'être continuée ». »Jamais ce pays a été autant réformé »

http://www.dailymotion.com/video/xlg0lq

 

En effet, aucun autre Président ne peut se targuer d'avoir à ce point affaibli la France et les Français. Cette présidence commencée dans l'esbroufe qui marquait l'arrogance du futur pouvoir, s'est poursuivie sans aucune cohérence sinon de favoriser un cercle de gens compatibles. Jamais sous la Vième République on n'a vu un Président afficher autant son mépris de la population.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/01/13/7552216.html

 

Maintenant, « boules puantes » va devenir la réponse à tous les lièvres soulevés, à tous les scandales. Ça n'a pas grande valeur mais ça suffira pour qu'une partie de la population se dise qu'on s'acharne sur le Président et ses sbires. Souvenons-nous, il avait promis « une République irréprochable ». Il était certainement sincère, n'en doutons pas.

Simplement, pour M. Sarkozy, le mal ne peut venir que de la gauche ou de quelques partenaires qu'il a supportés plus qu'il ne s'était réellement allié avec. À droite, on fustige volontiers les politiciens de gauche qui ont financé leurs affiches électorales avec des fausses factures ou des structures bidon. En revanche, toute la corruption à grande échelle, la spéculation immobilière, l'argent détourné ne sont que des « boules puantes » pour reprendre la terminologie actuelle.

 

Rappelons nous tous les détournements d'expression qui témoignaient surtout de la façon sincère – cela dit sans ironie aucune – dont la droite voit le monde. La « France d'en-bas » pour les petits entrepreneurs qui risquent (et c'est souvent vrai) leur argent pour monter leur affaire et peuvent tout perdre. Les « privilégiés » qui désignent les salariés qui touchent le même salaire mensuel quelque soit le résultat du mois. Les « réformes » pou la mise à la réforme de tout ce qui a constitué le progrès social du siècle dernier. La « France qui se lève tôt » pour décrire les petits commerçants et les petits paysans forcés de se lever tôt qui pour prendre leurs livraisons, qui pour soigner leurs bêtes ou commencer une longue journée de labeur. Les « assistés » pour fustiger les salariés qui bénéficient d'une protection qu'ils ont payée en grande partie et les autres, privés de leurs moyens d'existence à qui l'on donne le minimum pour les dissuader de se révolter.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/05/17/1972300.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/08/04/18809960.html

 

Jamais on n'aura vu un Président dénoncer des catégories sociales ou professionnelles. Au passage, soulignons en rouge que c'est tout à fait contraire à la lettre et à l'esprit de la Constitution qui prévoit, outre la démarche personnelle d'un homme, outre sa rencontre avec le peuple, son devoir de rassembler les Français. M. Sarkozy s'est ingénié à faire le contraire, à opposer les uns aux autres, à afficher clairement sa préférence. Sa campagne l'avait déjà montré. C'était un avertissement qui n'a pas été entendu par les 54% d'électeurs qui ont voté pour lui. C'était un avant-goût de ce qu'on a connu au long de son mandat.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/31/5138984.html

 

Nous avons dénoncé tout cela, ici même, à longueur de pages. Il ne s'agissait pas tant de s'en prendre à la droite que de montrer qu'on peut avoir sincèrement une autre vision des choses selon le point de vue où l'on se trouve. Seulement, il y a le point de vue et il y a la réalité objective. Des personnes qui ont toujours vécu dans les beaux quartiers, qui sont allés en vacances loin de la populace entassée sur les plages empestant l'huile solaire, qui fréquentent les restaurants les plus côtés, qui vivent entre eux – pour tout dire – ne se font aucune idée de ce qu'est la vie de l'immense majorité de la population. Ils ne se rendent même pas compte de ce que signifie n'avoir pas assez d'argent pour acheter à manger autre chose que les « premiers prix », ils ne se rendent pas compte qu'un menu moyen à 12 € dans un restaurant moyen est le quotidien de beaucoup de gens quand ils ne doivent pas se contenter d'un casse-croute sous vide acheté au supermarché du coin.

 

Alors, quand on vit à ce point coupé de la réalité d'une population qu'on prétend gouverner, il ne faut pas s'étonner si cette classe politique professionnelle se montre incapable et prend des mesures qui accablent cette population tandis qu'elle maintient ou améliore son propre sort. Lorsque M. Sarkozy s'en prend aux fonctionnaires parce qu'ils bénéficient d'un statut protégé et d'un salaire mensuel assuré, il est dans sa logique. Quand il imagine qu'il pourrait rogner sur ces « privilèges », il est dans sa logique. Il ne le fait pas par méchanceté mais simplement parce qu'il est persuadé que ce serait une mesure juste qui frapperait des « privilégiés » plutôt que la France des entrepreneurs qui risquent leur capital. Il est même persuadé, lui et ses semblables, que les actionnaires des grandes entreprises perçoivent la juste rétribution pour le risque qu'ils ont pris en achetant des parts d'entreprises qui font face à la concurrence. Pour lui, ce sont les petits épargnants qui ne risquent rien avec leur livret A, qui sont des privilégiés. Il est tout aussi sincère lorsqu'il s'attribue une hausse de salaire de 140% pour s'aligner sur ses homologues. Il s'imagine qu'en étant au même niveau que les autres, il renforce le prestige de la France. Ça paraît gros mais il est sincère. N'empêche, quand on doit compter le moindre euro qu'on dépense, on éprouve un haut-le-cœur devant tant d'inconscience. La sincérité dans l'erreur ne doit pas être une excuse lorsque la faute pénalise gravement tant de personnes.

 

Nous avions dit que M. Sarkozy n'avait ni la stature ni la personnalité pour devenir chef de l'État. Un homme à ce point impulsif, toujours dans la réaction, s'imaginant qu'il suffit de dénoncer une anomalie et d'être approuvé pour que les choses changent, un homme qui ne s'intéresse qu'à ce qui fait du pognon, ne peut pas faire un bon chef d'État. Avec lui, c'est le triomphe du quantitatif sur le qualitatif, c'est la primauté de l'utile sur le beau. C'est malheureux à dire mais un démagogue comprend mieux la population.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/04/4840257.html

 

 

Avec M. Sarkozy, nous avons le plus mauvais Président qu'on ait jamais eu. Dans presque tous les domaines, la situation s'est dégradée sous son mandat alors qu'il a étendu son emprise personnelle et son influence. Il a détruit, sapé et son successeur aura toutes les peines du mondes à faire face aux difficultés du moment et à reconstruire la société. M. Sarkozy n'a pas l'excuse consistant à démontrer qu'il ne peut pas agir. Il aurait pu, il aurait dû, comme l'ont fait quelques uns de ses prédécesseurs de droite, profiter de sa situation pour imposer aux financiers et aux patrons des concessions. Ils n'en seraient pas morts, bien au contraire. Las, il a fait l'inverse et a renforcé leur pouvoir. Il se comporte en chef de parti, ce qui tout à fait contraire à la lettre et à l'esprit de la Constitution. À ce niveau, il se comporte en chef de clan. N'oublions pas non plus qu'il a été élu régulièrement par 54 % des suffrages exprimés, même si ces suffrages sont en baisse à chaque nouvelle échéance. Il faudrait se demander pourquoi.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/31/5138984.html

 

Curieusement, c'est là où on ne l'attendait pas qu'il se montre le meilleur, à savoir sur la scène internationale où il connait une certaine réussite qu'il ne faudrait pas mépriser au nom d'un idéal inatteignable.

Dans l'immédiat, on comprend que quel que soit son successeur, il aura beaucoup de mal. Il faudra affronter la situation du moment tout en réparant les conneries monumentales de M. Sarkozy qui apparaitra comme un Président de transition, comme une parenthèse funeste que seuls des esprits désemparés rejoints par les habituels fanatiques ont pu porter au pouvoir. Ce n'est sans doute pas un hasard si le public s'intéresse autant à la primaire du PS qui apparaît de plus en plus comme un pré-premier tour tant il semble évident pour tous que l'actuel Président est déjà hors-jeu. Autre signe qui ne trompe pas, la bienveillance des journalistes envers les candidats du PS à la candidature. Pour eux, il ne fait aucun doute qu'ils s'adressent au futur Président et à ses ministres. Pourtant, les jeux ne sont pas faits et lorsqu'on est aux abois, il faut s'attendre à tout. Il est bien évident que répondre « boule puante » à chaque scandale dénoncé sera un peu léger devant l'ampleur des dénonciations. À moins qu'un vieux fond charitable ne fasse surestimer une majorité qui s'est illustrée par son zèle dans des domaines à ce point éloignés des préoccupations quotidiennes et qui a failli presque partout.

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