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la lanterne de diogène
1 février 2012

Sarkozy pitoyable

M. Sarkozy nous surprend encore. Depuis quelques semaines, on se doute qu'il a compris qu'il serait battu. C'est l'occasion pour lui de faire le point et pour nous aussi.

Il commence à se rendre compte qu'il ne suffit pas de réagir et de comprendre ceux qui en ont assez de l'incivisme, de l'irrespect, de l'insécurité. Il faut des moyens et, surtout une bonne estimation de la situation réelle. Dans ce domaine comme dans d'autres, il s'est trompé et a été trompé. Sur le terrain où on l'attendait, la sécurité, il s'est fourvoyé avec des statistiques trompeuses et des rapports erronés. À partir de là, le soupçon s'est installé et n'a fait que s'amplifier et se transformer en déception puis en hostilité. Élu sous l'émotion, il n'a duré que le temps que l'émotion fasse place à une autre.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/31/5138984.html


Les convictions, la culture, la réflexion demeurent quand l'émotion a une durée limitée à moins de l'entretenir. C'est ce qu'il a tenté de faire mais avec un impact moindre à chaque fois. Il a été comme ces chanteurs qui font d'emblée un succès parce que la musique, leurs paroles, leur bonne bouille rencontrent un instant le goût du public, son attente, les hasards de la vie et des émotions puis qui retombent dans l'anonymat une fois les circonstances changées.

Il a échoué en prétendant imposer un style jeune et moderne. Pourtant, dans un autre genre, il y a eu un précédent. Le Président Giscard n'a pas pu faire passer ses réformes, son petit « changement dans la continuité » après des années de conservatisme prospère et face à une jeunesse ancrée à gauche qui en voulait toujours plus et considérait les réformes (au sens véritable du terme) comme autant de dus. M. Sarkozy aura été maladroit dans tout ce qu'il a fait. Impulsif, excité en permanence, trivial, irrespectueux des usages et des personnes, parfois vulgaire, toujours pressé. Il croyait qu'il se donnait à fond pour le bien de tous, qu'on finirait par s'en rendre compte, qu'on lui en serait gré, qu'on se rappellerait son mandat comme celui de toutes les réformes (au sens libéraliste du terme à savoir : régressions) et de la modernisation de la vieille France à la poursuite de son prestige passé.

Tout ce qui s'est passé au cours de cinq ans était écrit
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/05/04/4840257.html

et le quinquennat aura été jalonné de déclarations – souvent maladroites voire grossières –, beaucoup de vent brassé, beaucoup d'effets d'annonces et, finalement, pas grand chose. À cette heure, il se sent attaqué de tous les côtés. Il s'aperçoit que ses partenaires étrangers l'ont roulé dans la farine, l'ont considéré pour ce qu'il est, à savoir un sale gosse insupportable. Il comprend que ses ministres et hauts dignitaires du régime briguaient les places pour la frime et les avantages mais étaient incompétents. Il entend la grogne des Français dirigée contre lui, cette fois, alors qu'il avait cru pouvoir la diriger contre tous les autres et s'en servir. À force de monter les uns contre les autres, il finit par avoir tout le monde contre lui. Il se sent mal aimé. Quelle chute pour celui qui caracolait en tête des sondages depuis qu'il avait annoncé penser à la Présidence « et pas seulement en se rasant » !


M. Sarkozy est velléitaire. On peut le croire sincère quand il dénonce des situations d'insécurité, d'incivisme que rencontrent beaucoup de personnes au quotidien. Malheureusement, ça s'arrête aux déclarations d'intention car, obnubilé par les dogmes libéralistes et son souci de défendre les intérêts de ceux de sa classe en priorité, il se retrouve sans les moyens de sa politique. Il a voulu tout faire mais s'est privé des fonds nécessaire en octroyant des baisses de prélèvements pour ceux qui en ont le plus et en augmentant ceux qui en ont le moins ; impact forcément limité malgré le nombre croissant de ceux-ci. Il est un peu comme ces baigneurs qui se précipitent en courant au bord de l'eau, en criant de joie et en annonçant qu'on va les voir plonger. Et puis, au bord de l'eau, ils s'arrêtent, se demandent si l'eau n'est pas froide et s'il n'y a pas un danger au fond à moins qu'il ne se rende compte qu'il a oublié de mettre son maillot de bain.  


En fait, il a réussi là où on ne l'attendait pas, à savoir la politique étrangère. Il a limité la casse dans la crise des subprimes, il obtenu la fin des hostilités en Géorgie, et dernièrement permis aux rebelles libyens de renverser leur tyran sans oublier les infirmières prisonnières dans ce pays. Seulement, les Français se fichent pas mal de ce qui se passe là-bas, d'autant plus que leur vie quotidienne a notablement empiré au cours de ces cinq années. On ne lui tiendra pas rigueur de l'échec de l'Union pour la Méditerranée dans la mesure où l'opinion publique ne voit pas l'intérêt à renforcer les alliances dans ce qui est le berceau de notre civilisation et ne s'en souvient déjà plus.


Qu'il me soit permis d'évoquer un souvenir personnel. Lors des obsèques de l'Abbé Pierre, je me souviens que la foule massée sur le parvis de Notre-Dame de Paris l'a sifflé à sa descente de voiture. J'aurais voulu qu'il comprenne ces sifflets dans un moment qui n'était pas politique et de la part de personnes qui étaient juste choquées du peu d'humanité dont il faisait preuve à sa place de ministre de l'Intérieur. J'aurais voulu qu'il en prenne la mesure et qu'il change. Il n'a pas réalisé que ces huées ne venaient pas d'opposants politiques et qu'il n'effectuait pas un simple déplacement sur la voie publique mais qu'il se trouvait avec des personnes qui admiraient l'Abbé Pierre parce qu'il se préoccupait, essentiellement, du sort des plus faibles, des plus démunis. En bref, tout le contraire de lui. S'il avait pu changer à ce moment-là...


Dans les semaines qui viennent, il va se livrer à un baroud d'honneur. Il va faire semblant mais, déjà, ses partenaires ne le voient plus à l'Élysée. Ils se font une raison. Il va probablement décider de mesures impopulaires dans une démarche sacrificielle en se disant que son successeur n'aura pas à le faire et pourra lui faire endosser le fardeau. Il espère également que cette façon de prendre rendez-vous à l'automne va accréditer l'idée qu'il sera encore en place à ce moment-là alors que, précisément, tout le monde s'étonne en pensant que, de toute façon, il n'y sera plus. Peut-il faire autrement ? Il va peut-être faire des choses bien mais ce sera trop tard pour tout le monde. Il va certainement se montrer digne pour la première fois de sa carrière politique. Et puis, n'oublions pas qu'il aura en tête, en permanence, les visages de sa petite fille et de son épouse. Ça le ramène à la condition humaine faite, surtout, de petites choses, toute simples mais combien essentielles. C'est ce qui lui a manqué jusqu'à présent : cette dimension humaine pour comprendre la vie des autres. C'est grave quand on a été leur élu au poste suprême.


Son entrée a été lamentable mais on ne lui en a pas voulu. Forcément : peu après l'élection, ça veut dire qu'une majorité de la population est contente. Elle ne va pas brûler tout de suite celui qu'elle vient d'élire. En plus, l'étalage indécent de ses signes extérieurs de richesse laissait espérer ses électeurs qu'ils pourraient en faire autant au bout de cinq ans en s'y prenant comme lui. Certains, ceux qui ont voté pour lui, croyaient qu'il suffisait de déréguler l'économie, de remiser les scrupules – autrement dit de vouloir s'en mettre plein les poches sans se préoccuper des autres, de leur santé, de leur retraite, de leurs enfants – pour parvenir au même résultat. Il a agrégé à la droite traditionnelle qui a voté pour lui, forcément et faute de mieux, tout ceux qui ont pour style de vie : tout pour ma gueule. Hélas, après les soirées où on lâche les pépettes, après l'hyper président et son périnée, on retiendra surtout « le Président bling-bling ». Ingratitude des peuples.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/01/13/7552216.html


Il lui faut donc réussir sa sortie. Il la soigne et voudrait qu'on se souvienne de lui comme de celui qui a eu raison avant les autres, qui a pris des mesures courageuses au risque d'être impopulaire. Il veut trouver une grandeur qu'il n'a jamais eue. À défaut d'avoir réussi sa Présidence, il tente et risque bien de réussir sa retraite politique. Avant lui, le gros Barre, malgré son  bilan catastrophique (en cinq ans, l'inflation qu'il était censé juguler avait pris 5% et le chômage avait presque doublé) avait réussi à se faire passer pour quelqu'un de courageux et qui avait su anticiper. Sa fatuité et sa suffisance passaient pour des signes de sérieux. Il avait surtout été servi par les difficultés rencontrées par les gouvernements de gauche de M. Mauroy qui avaient, certes, redressé rapidement la situation mais avaient buté contre la finance.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/05/10/21099004.html

Gageons qu'il en sera de même d'ici quelques mois et que M. Sarkozy passera pour un sage qu'on aurait dû garder puisque, finalement, il était en train de réussir. Il aurait eu deux ans de plus (un septennat), dira-t-on... Reconnaissons à la droite ce talent précieux pour transformer ses personnalités qui ont le plus échoué en parangons de clairvoyance, de sagesse, d'honnêteté, de désintéressement. En revanche, la gauche se joint à la droite pour enterrer ceux des leurs qui ont le mieux réussi : feu Mendès-France, M. Jospin et, dans une moindre mesure, M. Rocard. Ils donnent ainsi raison à tous ceux qui prétendent que la gauche au pouvoir est incapable et ne fait que dépenser. Facile après pour les autres de convoquer les esprits de ministres de droite incompétents lors de séances de tables tournantes sur les plateaux de télévision. Les conseillers du Président le savent bien. Depuis quelques jours, le mot qui revient le plus souvent quand ses ministres et sa majorité parlent du lui, c'est : courage. Il sait que la dernière impression est celle qui l'emporte.


http://www.canalblog.com/cf/search.cfm?q=sarkozy&bid=125299&searchbtn=Rechercher

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L
Bref, c'est notre président.
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