France-Irlande

France-Irlande annulé. Au delà de la déception légitime de tous les amateurs de rugby, ça pose pas mal de questions.

D'abord quelques unes soulevées par les commentateurs. Pourquoi les organisateurs du Tournoi des Six Nations n'ont-ils pas accepté d'avancer la rencontre dans l'après-midi ? Quels intérêts avaient-ils ? Sans céder à la tentation de voir des complots partout pour avoir l'air de réfléchir et se donner un air de gauche, on peut déjà penser que du haut de leur suffisance, ils ont pensé (si l'on peut dire) que le gel se plierait aux nécessités. Ce raisonnement plus ou moins conscient n'est pas si absurde.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/03/01/17087192.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/04/21/17644185.html

Ensuite, on  peut s'étonner que dans un grand pays comme la France, le plus grand stade ne soit pas équipé pour mettre la pelouse à l'abri des caprices du temps, d'autant que la plupart des sports collectifs se jouent en hiver. En clair, comment se fait-il qu'il n'y ait pas un toit amovible et une pelouse chauffante ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Millennium_Stadium

Je suis de ceux qui ont ironisé sur les pelouses chauffées pendant que des malheureux dorment dans la rue glaciale. Dans ma candeur, j'espère même qu'on pourra inviter ces malheureux à dormir sur ces pelouses chauffées. Quand il y a nécessité, on peut contraindre les municipalités propriétaires des stades à faire un effort de solidarité et ouvrir les portes des équipements sportifs de toute façon inutilisables. En fait, ce n'est pas si simple : la preuve !

Enfin, personne n'a rappelé les conditions du choix du projet de grand stade. Souvenons-nous. Nous étions en pleine « cohabitation » politique : M. Balladur dirigeait le Gouvernement tandis que Mitterrand Présidait la République. Après des hésitations, il avait fini par choisir la Plaine de Saint-Denis pour l'implantation et le projet architectural proposé par un consortium de promoteurs immobiliers, d'entreprises de BTP et quelques autres pour rentabiliser les lieux en dehors des événements sportifs internationaux. Or, il se trouvait un projet original proposé par un cabinet d'architectes. Il s'agissait d'un lieu modulable en fonction des besoins. Tout pouvait être retiré rapidement, ré-installé autrement. En clair, on aurait eu un grand stade (ce qui était demandé) mais aussi une grande salle de spectacle ou de sports d'intérieur. En d'autres termes, un toit amovible était prévu. Au lieu de cela, le Gouvernement Balladur a choisi un projet sans aucune originalité et pouvant accueillir péniblement 80 000 spectateurs quand, dans les pays voisins, le principal stade national est prévu pour 100 000 avec des populations inférieures et, surtout, une moindre centralisation. Aujourd'hui, on paie cette inconséquence et les gens venus de l'autre bout de la France ou d'Irlande, qui n'ont pas pu (à cause du froid) profiter de leur journée à Paris, ont dû rebrousser chemin et en sont pour leurs frais. Ceux qui avaient réservé une place de train ont dû poireauter dans le froid l'heure du départ qui, forcément, n'a pas été avancée pour leurs beaux yeux. Ceux qui ont payé une nuitée dans un hôtel hors de prix en région parisienne ont pu s'interroger sur la possibilité qu'ils aurait eu d'annuler s'ils l'avaient su plus tôt.

Souvent, quand on déroule une pelote et qu'on retrouve l'origine, on peut méditer sur la foule de conséquences d'une petite décision ou d'un petit événement auquel on n'attache pas d'importance.