Être ou mal être français
À l'occasion d'un petit travail manuel qui m'empêchait de couper la radio, j'ai pu entendre l'émission de Rébecca Manzoni sur Inter ce dimanche matin. J'en profite pour saluer le retour de la mise en forme sur canalblog qui permet les italiques et les liens actifs.
Rébecca Manzoni a, en quelque sorte, inauguré le style d'entrevue lénifiant sur Inter (évidemment). Quand elle a remplacé, presque au pied levé Pascale Clark partie gagner sa vie sur RTL, l'attention de l'auditeur se relâchait vers 9 h 20. On ne savait plus qui parlait, ni encore moins de quoi. Depuis, la chaîne publique a persisté et fait mieux, si l'on peut dire. Donc ce dimanche matin, elle recevait Sylvie Testud, qui n'en revenait pas d'avoir les cheveux « jaunes » alors que ses grand-parents sont italiens. D'abord, remarquons que les blagues consternantes sur les blondes interdisent désormais à une femme digne de ce nom d'avoir des cheveux blonds et, sur Inter, il ne peut pas y avoir de blondes, puisque tout le monde est intelligent.
Pour faire plaisir à Sylvie Testut qui ne parle que de ses grand-parents italiens (et pas des autres), Rébecca Manzoni passe « L'italiano » de Toto Cutugno. C'est à souligner car on ne peut pas dire qu'on l'ait beaucoup entendue sur Inter, ni à sa sortie, ni pendant la période nostalgique où M. Éric Hauswald régnait sur la programmation : trop populaire pour la chaine. On peut penser aussi que, comme à son habitude, Rébecca Manzoni a voulu d'abord se faire plaisir en diffusant une chanson associée à ses petites fêtes d'adolescents où elle retrouvait des jeunes d'origine italienne comme elle.
Le succès de cette chanson en France est assez curieux. Le refrain moque gentiment les clichés attachés à l'Italien moyen pour, finalement, en faire un motif supplémentaire de fierté. Que dirait-on si, en France, un chanteur populaire, auteur de nombreux succès, entonnait une mélodie qui affirmerait grosso modo :
Je mange des steacks-frites partout où je vais
je joue au tiercé le dimanche
nos Présidents sont les héritiers des sans-culottes
dans nos rues pétaradent les 2 CV
Laissez-moi chanter à l'accordéon
avec mon béret et ma baguette
une petite chanson
parce que j'en suis fier
je suis le Français, le vrai Français !
Car, enfin, la chanson de Toto Cutugno ne dit pas autre chose avec les spaghetti, les vieilles Fiat et ses allusions à la fleur du Partisan, à un bon goût discutable et autres clichés.
Les Français sont volontiers arrogants envers les autres. Pourtant, les Français n'aiment pas les Français. Ils leur trouvent tous les défauts dont le principal est la ringardise. Au contraire de ce qu'on voit dans la plupart des pays, on ne trouve pas de Français arborant les couleurs nationales. Imagine-t-on un français décorant sa voiture de bandes bleu-blanc-rouge ainsi que le font, par exemple les Italiens (le bleu étant remplacé par le vert)?
Imagine-t-on, comme aux États-Unis et dans la plupart des pays récents, des personnes accrochant un drapeau sur leur façade ou dans leur jardin ? En se promenant dans les centre-ville historiques d'Espagne ou d'Italie, on trouve des fenêtres de particuliers, pavoisées et fleuries. Ici, les fleurs sont rares au point qu'on doive organiser un concours de villes et villages fleuris pour inciter à un minimum. Lorsque les catholiques italiens se rassemblent place Saint-Pierre à Rome, ils entonnent « Fratelli d'Italia », l'hymne italien. En revanche, lors des meetings du très populaire M. Mélenchon, on a du mal à faire chanter « L'Internationale », pourtant écrite et composée par des Français et, lorsqu'il s'agit d'entonner « La Marseillaise », on ne trouve plus personne. L'Histoire et le passé français ne sont pas plus honteux que ceux des autres vieilles nations et même de certaines plus récentes. On a coutume de dire que l'Histoire des pays, c'est l'histoire de leurs guerres. Malgré les pages sombres, les étrangers voient surtout dans la France le pays des Lumières qui, bien plus que la Révolution anglaise un siècle plus tôt, a éclairé le monde et tracé la voie du progrès. Encore une fois, ce n'est pas un hasard si, de tous les pavillons étrangers à l'Exposition Universelle de Changaï, celui de la France a été le plus visité.
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Les Chinois, comme les autres admirent l'art de vivre français, les beaux paysages de toutes ses régions, la protection sociale devenue proverbiale. Ils ignorent que les dirigeants et ceux qui ambitionnent de gouverner la France ne songent qu'à détruire ce que le monde entier nous envie encore et pour combien de temps ? Ils croient, sans doute, qu'un nouveau sursaut du peuple viendra balayer les chimères de l'ultra-libéralisme et redonner l'espoir.
Cette gêne lorsqu'il s'agit des symbole nationaux, n'est certainement pas pour rien dans le
malaise général. Il suffit de voir le succès de tous travaux qui annoncent le déclin de la France, le déficit des comptes publics, les lourdeurs de l'administration. Les Le Pen rencontrent plus de succès en annonçant la fin tragique de notre pays que M. Mélenchon qui rappelle la position de la France dans le monde et les atouts considérables qu'elle possède grâce, notamment, à ses travailleurs et ses professionnels qualifiés. Ce n'est surement pas un hasard si, Le Pen, justement, est un des rares hommes politiques français connu à l'étranger. Il incarne bien l'image que donnent les Français : fiers de ce qu'ils ne devraient pas, réclamant la place d'honneur partout, tout en se montrant presque honteux de leur style de vie et de leur Histoire qui font envie au monde entier. Tant que les Le Pen donneront l'impression de posséder les emblèmes républicains (ce qui est un comble),
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les Français ne songeront même pas à se les réapproprier et ne pourront pas aimer leur pays. Sans doute, serait-il temps de rappeler les partis politiques à la loi qui interdit l'utilisation par les partis politiques des symboles nationaux. Ce serait plus sain pour tout le monde.
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Il existe une sorte de masochisme collectif dans notre pays. Les élections à venir devraient le confirmer, sauf heureuse surprise. Déjà, les enquêtes d'opinions montrent que les Français plébiscitent les candidats qui ne craignent pas d'annoncer plus de rigueur ; pourvu qu'elle s'applique aux autres, bien entendu.
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