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la lanterne de diogène
20 septembre 2012

Carnets d'Algérie

Il faut voir « Ce que le jour doit à la nuit ». Sur fond de conflit qui couve et finit par exploser – on connait l'Histoire de l'Algérie du 20ième siècle – se joue une tragédie racinienne où l'amour provoque la mort, un drame pagnolesque où les amants se trouvent empêchés de s'aimer, avec l'un des deux qui ignore les raisons de l'autre et croit à son indifférence voire sa méchanceté et la fille qui, lasse, en épouse un autre.

 

À un moment, un des jeunes s'écrie : « On est beaux, on est jeunes et on vit dans le plus beau pays du monde ! Qui mieux que nous ? ». Les images et ce qu'on a pu lire sur l'Algérie d'avant l'indépendance tendent à le prouver ; du moins pour une partie de la population. Ce pays s'est développé en mettant à l'écart sa population d'origine (puisqu'il ne faut pas dire « indigène » qui est pourtant le terme adéquat). Pourtant, à chaque fois, on se dit qu'il s'en fallait de peu, qu'il n'y avait qu'un petit pas à franchir, qu'un petit mot à dire, qu'une main à tendre pour que tout aille bien.

carnet d'orient mépris

 

Le Brésil a réussi à se constituer à partir de la population qui avait réduit en esclavage l'autre composante. L'esclavage était-il moins pire que la colonisation ? La réponse est donnée par les Algériens d'aujourd'hui qui ne comprennent pas pourquoi les Français sont partis, pourquoi leurs voisins ont quitté leurs appartements, pourquoi les boutiques des Européens et des Juifs ont fermé après l'indépendance.

 

Le film est bien monté malgré certaines facilités comme l'orage qui éclate quand le protagoniste comprend qu'il laisse la femme de sa vie ou quand un personnage quitte la ville en car et, bien sûr, apparaît à la lunette arrière pour regarder ses amis qui restent.

 

Les acteurs sont merveilleux et ont tous trouvé le ton et l'attitude les plus justes pour des personnages attachants. Une mention pour Fellag et la grande Anne Consigny qui retrouve enfin des propositions dignes de la jeune prodige de la Comédie Française qu'elle était, Tayeb Belmihoub (le père de Younès qu'on ne voit qu'au début), la très belle Nora Arnezeder et, surtout, le petit Iyad Bouchi.

 

Iyad Bouchi Fellag Anne Consigny

L'histoire du film d'Alexandre Arcady et Daniel Saint-Hamon est tirée d'un livre de Yasmina Khadra de 2008 qui ressemble beaucoup à la saga des « Carnets d'Orient » de Jacques Ferrandez.

http://bd.casterman.com/catalogues_list.cfm?CategID=1603&OwnerId=1514

 

On y retrouve sensiblement les mêmes images fortes et les mêmes personnages : l'incendie d'une récolte (quoi que pour une raison totalement différente), l'élève brillant qui devient journaliste et comprend la situation, le jeune qui combat en Indochine et retrouve à son retour la même atmosphère que là-bas, le propriétaire terrien prospère, un jeune mutilé des testicules à la guerre, le chauffeur-jardinier et garde du corps, d'origine incertaine qui parle toutes les langues et déteste les Arabes, le petit employé arabe humilié et battu qui rejoint le FLN, l'Arabe messaliste forcé de soigner un combattant du FLN, l'officier manipulateur avec le képi gris, le lecteur de Camus ému sur le site de Tipasa.

 

Il faut voir « Ce que le jour doit à la nuit » et relire les « Carnets d'Orient » de Jacques Ferrandez.

http://bd.krinein.com/carnets-orient-premier-cycle-3736/critique-3748.html

 

Le dessin est tiré de

http://bd.casterman.com/docs/Contents/266/CARNET%20D%27ORIENT.pdf

 

On relira aussi sur le blog :

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/11/08/15723449.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/03/19/23803063.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/12/16/7249976.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/19/17943111.html

 

 

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