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la lanterne de diogène
26 mai 2013

Il pleut !

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J'vous apporte le soleil !

 

Combien de fois, entend-on ça dans une journée depuis que cette pluie qui paraît ne pas finir s'est imposée dans notre environnement ?

 

C'est que les Français, et les latins en général, ont le génie pour transformer en promesse de félicité tous les petits inconvénients de la vie.

L'occurrence la plus fréquente est, bien sûr, le fait de marcher dans une crotte de chien : ça porte bonheur, surtout du pied gauche ! N'en doutons pas.

 

Bêtise ? Optimisme forcé ? Un peu des deux surement.

 

Avec cette pluie incessante, on se croit tous obligé de faire de l'humour. Ben oui, et alors ? On n'y peut rien de toute façon. On va quand même pas se jeter à l'eau.

C'est vrai, d'autant qu'on y est déjà un peu, alors, ça changerait pas beaucoup. On s'en apercevrait à peine.

 Pourquoi en parler, alors ?

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Simplement parce que l'an dernier, c'était bien pire. Ça avait commencé dès la dernière semaine de mars et s'était achevé la dernière semaine de juillet ; du moins pour le bassin parisien, mais une bonne moitié nord de la France était au même régime.

 

Pourtant, aucun signe de mauvaise humeur, de résignation ni de peur collectives n'a été enregistrée l'an passé. Mieux, il a suffi de 4 jours de canicule dans quelques départements du Poitou ou du Limousin (je sais plus exactement) pour qu'aussitôt, on crie à la sécheresse. Pour une fois, on a écouté les écolos qui rappellent, de temps en temps, que le niveau des nappes phréatiques ne s'est toujours pas reconstitué après la canicule de 2003.

 

Dès la fin août, on entendait : qu'est-ce que c'est sec, il faudrait bien qu'il pleuve un peu !

Quatre mois de pluie quasi ininterrompue étaient déjà oubliés. Évidemment, en été, la surface de la terre est toujours sèche après quelques heures d'ensoleillement. Qu'on gratte un peu, qu'on bine, sarcle, bêche et l'on trouve les couches humides sans effort.

 

Que s'est-il donc passé pour qu'on oublie ces quatre mois interminables ?

La télévision !

 

On a eu droit aux habituels messages angoissants pour signaler les risques de canicule : pensez à sortir les vieux ! Pensez à les mettre au frais. Pensez à boire.

Donc, on était déjà conditionné. Ajoutez l'impression de chaleur d'août amplifiée par le contraste sans transition avec les quatre mois de pluie et l'on avait un peu plus de mal que d'habitude à s'accommoder de la chaleur estivale. Pour peu qu'on ait gardé une petite laine au cas où, le tour était joué.

 

En mars dernier, la télévision s'est répandue sur les chutes de neiges exceptionnelles qui ont bloqué les départements limitrophes de la Manche. On a vu des scènes inimaginables ; surtout qu'on était déjà en mars et que le printemps approchait. Dans la plupart des régions, la neige était déjà loin. Seulement, ces images télévisées ont agi comme une piqure de rappel. « Oh, les pauvres gens ! ». C'était, en effet, très impressionnant. Aussitôt après ce cri de détresse compassionnelle, on se reprenait pour dire :

ici aussi, il a beaucoup neigé cette année

oui et ça pourrait bien revenir, la Normandie, c'est pas si loin

c'est vrai qu'il fait un peu plus froid depuis hier

moi j'ai rallumé

moi j'ai jamais éteint

demain, ils annoncent de la neige

j'ai fait mes provision

etc.

 

De l'avis général – et pas seulement de la part de ceux qui ont subi cette neige tardive – l'hiver a fini tard.

 

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On enchaine avec : on n'a pas eu de printemps !

Là encore, la télévision a joué un rôle amplificateur. J'imagine qu'on a montré des images de rivières en crue, de maisons inondées. Aussitôt, on s'est dit que le ruisseau qui passe en bas du village est plus haut que d'habitude, que la rivière couvre les berges, qu'à Paris (là où tout se décide), la Seine déborde. Contrairement à ce qu'on avait prévu, le « zouave du pont de l'Alma » ne sert plus de référence. Sinon, on aurait eu droit à la formule d'autrefois : « le zouave a les pieds dans l'eau ».

 

Donc, entre les images d'inondation, la pluie qui tombe sans arrêt avec son cortège de vêtements qu'on met à sécher, de parapluie qui gouttent dans l'entrée, de chauffage qui marche toujours en plein mois de mai, s'est imposée l'idée qu'on « n'a jamais vu ça », qu'il pleut sans arrêt, qu'on va périr noyé.

 

Alors, quand on parcourt un livre d'Histoire, on demeure perplexe devant le récit des événements et surtout des détails qui s'ajoutent au fur et à mesure des travaux des historiens. Quand on voit qu'on ne se rappelle même plus le temps qu'il faisait l'an dernier à la même époque et que, dès le mois d'août, on ne se souvenait plus que juillet avait été bien mouillé, on peut se poser des questions sur la mémoire collective et sur la perception qu'on peut avoir d'un événement dès qu'il s'agit de le raconter.

 

Aussi, je fais le pari. Je parie la lune contre le soleil (expression désuète mais de circonstance), qu'aussitôt fini ce long épisode pluvieux, on l'aura oublié, surtout si l'on passe à de grosses chaleurs.

Oubliés les seaux sous la fuite du toit, oubliés les vêtements de pluie, oubliés les rhumatismes et autres douleurs articulaires, oubliée la morosité... Oh, la morosité, peut-être pas. Faudrait que le Gouvernement annonce l'abolition des impôts et que le patronat décide d'une hausse générale des salaires pour qu'on l'oublie.

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Commentaires
A
Est-ce que la chronique interminable du mariage des homos, le syndrome Cahuzac, les cabotinages électoraux des deux partis de droite (UMP et PS), les restes peu ragoûtants des affaires Karashi, Bettencourt et Tapie entre autres, l'absence de lumières émanant des deux Fronts, et surtout surtout les sacrifices humains croissants sur l'autel du salariat, ne sont pas les vraies catastrophes de cette fin de printemps ?
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