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la lanterne de diogène
6 juin 2013

Mucem : la mise en coupe réglée de Marseille

L'inauguration en grande pompe du Mucem est un nouvel avatar de cette « apartheid » culturel et social qui s'est développé au cours des dix à quinze dernières années, au moins. À Marseille où tout est exagéré, il prend une dimension spectaculaire couronné et légitimé par « Marseille-Provence 2013 (ou MP2013) Capitale européenne de la culture ».

Elle vient à point nommé pour avaliser l'opération immobilière dite « Euromed » qui a chassé du centre toutes les activités et les habitations populaires. Sous couvert de reconquérir des espaces (terme technocratique à la mode), on a certes démoli des entrepôts hideux qui ne servaient plus mais aussi chassé les locataires des immeubles crasseux qui donnaient sur le port et dont les fenêtres étaient au bord du débouché de l'autoroute. Évidemment, une fois partis, on a nettoyé la façade noircie par la pollution, supprimé l'autoroute (qui passe désormais sous terre) et transformé l'immeuble en bureau ou résidence avec vue sur la mer puisque les hangars ont été démolis aussi. Ce simple exemple donne le ton de ce qui a été réalisé. Ailleurs, pour gagner de la place, on a construit des immeubles de standing sur des aires de jeux pour les enfants et sur les terrains de boule dans la capitale mondiale de la pétanque. Les habitants sont repoussés dans les fameux « quartiers nord » ou dans les villes alentour genre Vitrolles, Aubagne, Gemenos ou Gardanne où ils s'ajoutent aux problèmes de ces agglomérations.

 

Le Mucem prend la place du J4, entrepôt maritime désaffecté depuis des années. Les environs, laissés à l'abandon offraient une belle promenade aux Marseillais. Le soir, ils profitaient de la fraiche et du coucher de soleil en bord de mer. Le dimanche, ils passaient la journée ou quelques heures à flâner, rêver en regardant la mer, pêcher, saluer les bateaux, casser la croute ou ne rien faire du tout. La conversation se liait facilement sous l'œil bienveillant de « la Bonne-Mère » du haut de son perchoir, dans l'axe de la jetée. Le chanteur Akhenaton se souvient qu'il y lançait des pierres plates dans la mer et qu'il pêchait avec ses copains. Le Mondial de 1998 a permis de démolir les hangars pour en faire un parking réglementaire. Le Mondial a redonné un élan à l'identité marseillaise. Le Stade-Vélodrome s'est imposé comme le cœur vivant de la ville et redonné leur fierté aux marseillais. L'image de la ville en a été transformée. Enfin, on parlait de Marseille en bien et tout le monde s'y sentait bien. Et tout cet espace entre le Vieux-Port et la Joliette, départ des bateaux pour la Corse et l'Afrique du Nord, à l'abandon depuis longtemps, a été accaparé par les Marseillais qui l'ont façonné à leur image et adapté à leurs besoins.

 

Mucem d'en haut

Sur l'espace qui servait de parking, il n'était pas rare de trouver les Peugeot des immigrés, chargées à bloc, avec parfois des serviettes de toilette aux fenêtres pour protéger du soleil. Le hayon était relevé, des chaises pliantes disposées et la petite famille piqueniquait avant de prendre le bateau. C'était ça, Marseille, un dernier regard sur la France, un peu triste, avant de rentrer au pays, de revoir la famille restée là-bas.

 

On fait fait table rase pour construire ce Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, «  Ouvert sur le large, il dessine un horizon où les deux rives de la Méditerranée ont rendez-vous ». Quelle imagination ! Quel verbiage ! Insensée cette nécessité pour les architectes et autres promoteurs de constructions inhabituelles, d'employer des expressions précieuses, détournées de leur sens courant, pour faire passer ce qui, légitimement, plonge dans la perplexité.

En attendant, les travaux ont fait perdre aux Marseillais l'habitude de flâner au bord de la mer, comme il est naturel pour les habitants d'un port. Soyons certains qu'au moment où le Mucem est achevé et avec lui les travaux du Vieux Port, ce sera une autre faune qui « s'appropriera » (comme il convient de dire en langage technocratique) le nouvel espace. On imagine mal le petit peuple marseillais qui déambulait sur les pavés disjoints entre les blocs de bétons avec leurs fers rouillés, à la recherche d'une place encore libre sur les pierres jaunes de l'antique Fort Saint-Jean ou d'un peu d'ombre, marcher sur les dalles lisses. En fin de journée, surtout, un peu de cet art de vivre méditerranéen « poussait sa corne », pour reprendre la belle expression de Nougaro, le Toulousain. L'endroit prenait des allures de places italiennes et espagnoles. C'était ça, le rendez-vous et il était bien réel tous les jours. Désormais, ils devront se plier aux « recommandations » : ici, vous pouvez marcher, là vous pouvez vous asseoir, là-bas vous pouvez regarder la mer. La file pour entrer au Mucem par ici, la file pour les prioritaires, par là. « Des corbeilles sont à votre disposition » : pensez à recycler, couvercle vert et couvercle jaune...

 

Déjà, on a orné les bacs à fleurs (un peu plus loin sur le Vieux-Port) de citations d'écrivains sur Marseille pour bien s'imprégner de ce qu'il convient de penser de leur ville. On a érigé des œuvres d'art moderne pour mettre dans l'ambiance culturelle du lieu, à la place des rares arbustes. Lorsqu'on arrive dans un endroit bien propret, deux attitudes sont possibles. Soit, on n'ose pas mettre les pieds (on cherche inconsciemment les patins), on ne se sent pas chez soi et l'on s'en retourne après avoir vu comment c'est et conclu que ce n'est pas pour soi. Soit, on vient tout saccager pour montrer son mécontentement et signifier qu'on n'a pas été consulté. Les événements parisiens du Trocadéro ont rappelé que nombre d'exclus des festivités populaires mais trop bien encadrées recherchent ces occasions de faire parler d'eux, même s'ils n'ont rien à dire. Encore que, si l'on prenait la peine de les écouter...

 

Les alentours ne valent pas mieux. Les quais de ce côté-ci du Vieux Port, rebaptisées « promenades », sont désormais interdits à la circulation automobile. Bonne idée, certes, surtout quand on milite depuis longtemps pour les piétons, les déplacements respectueux de l'environnement et des gens, contre le tout-automobile. Seulement, la circulation est très difficile dans Marseille d'une manière générale. On peut même élargir le propos et constater que les transports dans toute la régions Provence-Alpes est en-dessous de tout. Cette interdiction sur le Vieux-Port et sur la Canebière (autrement dit au cœur de la ville) ne fait qu'augmenter les difficultés car, bien sûr, la Mairie n'a pas cherché à accueillir les automobilistes à la périphérie comme on l'a fait à Strasbourg, par exemple. Ç'aurait été trop intelligent et pas assez spectaculaire. Tandis que là, on peut clamer sur les toits qu'on a rendu la Canebière et le Vieux-Port aux Marseillais. Continuons en signalant que l'ancien Hôtel-Dieu est transformé en hôtel tout court où le dieu de l'argent va régner en maitre, puisqu'il n'offrira que des chambres de luxe. Des Marseillais ont déjà signalé avec leur humour :

« ici, bientôt, ouverture d'un Centre d'Hébergement d'Urgence pour les Riches »

 

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Oui, le mot est lâché, Marseille a hâte d'accueillir les riches et ne plus être le port d'arrivée de toute la misère du monde. Le Mucem qui ambitionne de « faire dialoguer les civilisations » n'en est qu'un des avatars, une façade pour faire avaler le reste. Toute la boboïtude parisienne s'y précipite déjà. Donc, Inter y a réalisé sa matinale (nous y reviendrons). On peut penser que des télévisions aussi. Probablement que « Plus belle la vie » l'évoquera, au milieu de séquences sur les difficultés de la population française telle qu'elle apparaît dans ce feuilleton, avec sa diversité telle qu'on la rencontre dans les très grandes villes. Dans la présentation de son émission, Pascale Clark n'a pu affirmer si, depuis le Mucem, elle voyait ou non les quartiers nord : « sans doute au loin » (sic). Ouf, nous voilà rassurés ! D'ailleurs, qui regarde dans cette direction ? Les promoteurs du projet ne s'en sont pas soucié non plus.

 

Les Parisiens seront ravis de prendre le Tgv pour voir des expos dans des espaces bien à l’abri des quartiers où vivent les Marseillais. Tiens oui, le TGV. Encore une bonne idée dévoyée. Au départ, il s'agissait d'offrir la grande vitesse à tous, moyennant un supplément pour la réservation obligatoire. C'était un exemple pour le monde entier. Las, la Sncf a préféré faire ce qui se fait dans le monde entier, à savoir faire payer plus cher les trains à grande vitesse et solder les places restantes. En mettant Marseille à quatre heures seulement de Paris, les prix de l'immobilier (particulièrement bon marché jusqu'alors) ont augmenté dans des proportions hallucinantes. Le moindre cabanon de pêcheur de Pointe-Rouge se négocie au tarif d'un duplex parisien. Voilà un excellent moyen de chasser les habitants traditionnels de la cité phocéenne, sans faire de bruit, et repousser encore et toujours les classes populaires qui formaient l'identité de la ville. Des commerçants seront ravis, à leur tour, d'accueillir ces Parisiens et autres touristes « du Nord » qui ne s'aventuraient jamais au pays de Pagnol (la bonne blague) ; et, bien sûr, on ne va pas se gêner pour leur faire payer le prix fort, à eux. Quant aux Marseillais qui ne pourront pas acquitter ce nouvel impôt, ce sera tant pis pour eux. C'est que, les Parisiens auront à faire. Des expositions, des manifestations culturelles, en-veux-tu-en-voilà, « Marseille-Provence 2013 » en propose à la pelle. On avait convoqué Camus mais ils ont tous renoncé. On avait invité David Guetta mais on a protesté contre les subventions. Pas grave. On n'y tenait pas tant que ça.

 

Déjà, Marseille s'est imposée comme escale de croisière ; une forme de tourisme en pleine expansion. Bien sûr, pas question pour les passagers qu'ils se mêlent à la population. Aujourd'hui, on les emmène en car à la Bonne-Mère. Ils envahissent la petite chapelle où ils n'ont rien à y faire. Qu'on songe qu'en une matinée, 4000 croisièristes peuvent envahir ce lieu de dévotion populaire ! Les contre-bas de la « Bonne-Mère » ressemblent de plus en plus au Mont-Saint-Michel ou à Montmartre avec ses files de cars qui attendent, moteur allumé (on dirait pas que l'essence est chère). Seulement, la capacité d'accueil est sans comparaison. Et puis, ce lieu est déjà très prisé par les Marseillais, indépendamment de leurs convictions religieuses. Là encore, le « rendez-vous » se fait naturellement et largement au-delà des différences personnelles qui marquent l'identité marseillaise. Simplement, on y conduit les touristes parce qu'on a la meilleure vue sur la ville. Alors, bien sûr, s'ils trouvaient à proximité des quais les commerces de souvenirs et l'alibi culturel, ce serait encore mieux d'autant qu'on a fait appel à un chef étoilé pour la restauration du Mucem. Encore un lieu où les Marseillais seront dissuadés de s'y rendre. Pas loin, à l'occasion de la « requalification » de la rue de la République, à la suite des travaux du tram, on voit apparaître les boutiques franchisées des grandes marques internationales, comme dans n'importe quelle ville d'Europe. En fait, après le tram, la (première) tour de la Joliette, le Mucem assène un coup décisif qui va métamorphoser une ville populaire et quasiment unique en une ville standardisée et pour tout dire, aux normes de l'urbanisme « convenable ». C'est toute l'originalité de Marseille qui disparaît sous nos yeux et avec notre aval parce que, bien sûr, personne ne peut être contre un équipement culturel, surtout s'il ambitionne de « faire dialoguer les deux rives de la Méditerranée ». Comme si les deux rives avaient attendu le Mucem pour dialoguer. Sans doute les promoteurs de ce projets ne se rendent-ils jamais au marché de Noailles (pas assez propre pour eux) : le dialogue a lieu en permanence et sans mise en scène.

 

Cette standardisation, qui s'inscrit dans le projet Euromed, répond en fait à plusieurs préoccupations convergeant vers le même résultat. D'abord, la nécessité de réhabiliter des quartiers, d'utiliser l'espace désaffecté, de loger la population grandissante de la vieille Europe. Rien à redire, pourtant, ce n'est pas forcément cet aspect qui a été privilégié. On trouve surtout la volonté de nettoyer Marseille qui en a bien besoin. Le nettoyage s'entend au propre comme au figuré. Nombre de pâtés du centre-ville étaient ou sont plus que vétustes et donnent une idée de ce qu'était la ville avant-guerre. Rien ne paraît avoir changé. Seulement, il faut voir que la population qui y vivait en a été chassée comme déjà indiqué. La Mairie a toujours voulu redorer le blason de sa ville qui traine une réputation assez mauvaise, surtout comparée aux autres grandes villes de la côte (Valence, Barcelone, Montpellier, Nice, Monaco, Gênes) et favoriser une population convenable.

« Ce que l’on voit de Marseille depuis qu’il est maire, c’est que les ruelles du centre ont été rendues aux voitures au détriment des commerces de proximité, que les classes moyennes ont dû quitter le centre-ville et que les prix de l’immobilier se sont envolés ».

Voilà ce que j'avais pu écrire précédemment. La gentrification continue et « Marseille Capitale culturelle » accentue cet effort. L'idée sous-jacente, c'est que le nouvel ensemble autour du Mucem va attirer un autre public et que ce public va repousser de fait le population actuelle. Ce public va susciter de nouveaux commerces dont la population n'aura pas besoin. À terme, c'est le Panier qui va devenir comme la Butte Montmartre à Paris. La ressemblance est frappante : escaliers, ruelles typiques, placettes, vieux moulins, petite église villageoise. La différence majeure c'est que la vilaine église néo-byzantine se trouve en contre-bas, face à la mer au lieu de dominer la colline. Nul doute que les restaurants puis les friteries vont envahir ce quartier. Et puis, pensez, un petit quartier pittoresque au bord de la mer, pas très loin du centre... En bas et autour, on a fait un grand centre bien propre avec immeubles de bureaux et tout ce qui va avec. Les environs du port de la Joliette sont en train de devenir La Défense de Marseille. Ah les tours de La Défense derrière l'Arc de Triomphe dans la perspective des Champs-Élysées ! Ici, c'est le bord de mer qui sera défiguré. En plus, dans notre beau pays de France, chaque ville, chaque village, est en rivalité avec une autre. Marseille entendait renforcer son statut de deuxième ville de France, disputé depuis toujours par Lyon. Les belles réalisations de l'ancienne capitale des Gaules donnent des idées à la cité phocéenne. Lyon, offre, depuis longtemps, des quartiers modernes qui côtoient les historiques bien préservés où l'on peut se promener à pieds. Le tram a permis de requalifier nombre d'autres quartiers un peu délaissés. L'ensemble donne une bonne impression. Marseille se devait donc d'en faire autant. Ne parlons pas du tram dont on sait qu'il double le métro et donc ne remplit pas sa fonction. Ne nous attardons pas non plus sur la tour qui domine désormais le port et autour de laquelle passent les chaussée de l'autoroute. Elle est l'image, quelque peu monégasque, que la ville veut donner à ceux qui arrivent par la mer, comme au temps des invasions. On n'envahit plus : on a « rendez-vous avec les deux rives de la Méditerranée ». Comme si les arrivants allaient se pâmer en contemplant cette tour noire qui écrase tout. Sans doute la Mairie espère-t-elle que d'autres grandes entreprises choisiront d'implanter leurs sièges à Marseille dans d'autres grandes tours. Lyon a réussi, alors, pourquoi pas ?

 

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En attendant, les Marseillais deviennent étrangers dans leur propre ville. Marseille-Provence 2013 est une insulte faite à la plupart d'entre eux. On a encore l'arrogance ou l'inconscience de faire semblant de les associer à cette entreprise qui les exclut de leur propre ville. On leur demande de célébrer la culture officielle, celle qui se trouve dans les musées comme le Mucem, au lieu de celle qui vit et qui évolue dans les rues et les quartiers, sur les marchés et – pourquoi ne pas le dire – dans les centres commerciaux. On leur demande de célébrer la culture qui les rejette et les ignore. Celle qui a nettoyé les vestige des civilisations passées, de la sueur de ceux qui les ont construites avec leurs mains salies par l'effort. On se gargarise avec les expressions « dialogue », « rendez-vous » de civilisations quand, justement, on exclut les personnes originaires des rives plus éloignées de la Méditerranée. Leurs « civilisations » vont se trouver dans le Mucem, un peu comme ces musées d'Amérique du Nord où l'on expose l'art des Amérindiens quand eux-mêmes sont exclus de la société qui s'est construite sur leur territoire. Le Mucem raconte, à grands coups de morale bien-pensante, ce que la France doit aux autres civilisations méditerranéennes. Le problème, c'est que les descendants de ceux qui viennent de ces civilisations n'entreront pas de si tôt dans un tel lieu, sauf les scolaires qu'on va trainer.

 

Le Mucem va célébrer l'Histoire officielle, telle qu'il convient de la raconter à présent. « Marseille capitale culturelle » aboutit concrètement à une séparation voire une ségrégation. La plupart des Marseillais et des Provençaux sont exclus de tout ce bazar, particulièrement bien relayé par les décideurs parisiens et, donc, par Inter (au contraire de ce qui se passe en province habituellement). Quantité de lieux nouveaux seront interdits de faits aux Marseillais mais raviront les Parisiens qui prendront le Tgv pour voir des expos dans des espaces bien à l’abri des quartiers où vivent les Marseillais.

 

Avec le Mucem, Marseille se dérobe sous les pieds et sous les yeux des Marseillais et de l'histoire de la Provence à laquelle elle est liée. Cette histoire ne s'écrit plus et se trouve confinée dans les salles climatisées d'un musée de béton. Marseille devient une ville standardisée comme il en existe partout. Marseille n'est ni Cancun, ni Monaco. À Marseille, il fait chaud, on a soif et on aime l'ombre des platanes.

 

 

corrélats :

 

http://www.franceinter.fr/emission-comme-on-nous-parle-en-direct-de-marseille-0

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/09/27/22167503.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/01/11/12047447.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/08/13/24886563.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/16/17909043.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2013/04/24/26997787.html

 

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