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la lanterne de diogène
8 juin 2013

Pierre MAUROY

Deux jours, peut-être trois, que Pierre Mauroy est mort.

 

http://www.lavoixdunord.fr/region/deces-de-pierre-mauroy-les-grandes-etapes-de-sa-vie-ia0b0n1310657

 

http://www.youmag.com/news/144140/l-ancien-premier-ministre-pierre-mauroy-est-mort

 

http://www.lavoixdunord.fr/region/pierre-mauroy

 

Déjà, on n'en parle plus, sinon, éventuellement, pour signaler la date de ses obsèques. On en parle comme si Mauroy avait été un ministre connu (peu le sont en fait) comme les autres. Pourtant, Pierre Mauroy a été exceptionnel en tant que seul Premier Ministre de gauche de la Vième République et avant-dernier Premier Ministre issu du peuple.

Instituteur et fils d'instituteur, il a toujours gardé présent à l'esprit le souci d'améliorer la vie des classes moyennes et inférieures. Dès sa prise de fonction, conscient que la situation économique est catastrophique, il annonce qu'il faudra faire des efforts mais qu'ils seront équitablement répartis. En clair, ceux qui possèdent le plus devront plus. L'équité, l'égalité, ce n'est pas taper un peu d'un côté et un peu de l'autre.

 

Nous avons déjà rappelé l'œuvre majeure de la gauche au pouvoir en 1981.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/05/10/21099004.html

 

La lettre et l'esprit de la Constitution imposent d'en attribuer la paternité au Président de la République. Pourtant, chacun sait bien que le Premier Ministre effectue le boulot, les mains dans le cambouis et saute à la première occasion.

 

Signalons encore que le Gouvernement présidé par Pierre Mauroy a trouvé une inflation à 14% alors même que son prédécesseur, le soi-disant « meilleur économiste de France », Barre, avait été appelé pour juguler l'inflation. Beau résultat quand on passe d'un taux inférieur à 10% à 14% en cinq ans ! En six mois, le Gouvernement Mauroy a ramené l'inflation en-dessous de 10%. Ce mouvement a été durable puisque, jamais plus, l'inflation n'atteindra un nombre à deux chiffre et demeurera inférieure à 3%, bon an mal an. En d'autres termes, une politique de gauche montre son efficacité. Aujourd'hui, on reconnaît que les dévaluations consenties par le Gouvernement Mauroy ont été bénéfiques. Seulement, à l'époque, la souveraineté n'était pas un concept ringard et l'opinion publique reste attachée à la force de sa monnaie nationale. On voit bien, aujourd'hui, que l'euro passe mal, surtout s'il conduit à un endettement répercuté sur des années et une dépendance vis-à-vis des partenaires économiques. Parlant de monnaie, dès l'annonce de la victoire de Mitterrand, la finance internationale et particulièrement nationale, spéculait contre la monnaie, forçant le nouveau Premier Ministre à prendre des mesures d'urgence pour soutenir le franc. Beaucoup d'argent a été englouti pour lutter contre la spéculation, argent qui aurait été plus profitable dans bien des domaines.

 

Toujours dans le souci d'apporter un éclairage différent, rappelons aussi que, en tant que Président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (on cumulait allègrement à l'époque et tout le monde trouvait ça normal même si l'on n'y comprenait rien), il a eu une idée géniale en matière de transports ferroviaires (et si l'idée n'était pas de lui, il l'a mise en œuvre). Constatant que les gens du Nord étaient transportés dans des trains vétustes, il décide, dès la fin des années 1970, d'acheter, aux frais du CR, des trains modernes pour les remplacer. La SNCF les exploitait en ajoutant à son logo, celui du CR et en remboursant le CR pour les frais engagés. Au bout du compte, tout le monde y gagne. Devenu chef du Gouvernement, il généralise cette formule et c'est le début des fameux « ter ».

 

Mauroy, fils du peuple, n'a jamais oublié ses origines. Nous venons de dire qu'il était soucieux d'améliorer la condition de ses voisins de classe. En d'autres temps, on aurait appelé cela « l'embellie », pour reprendre le beau mot de Léon Blum.

Il appartenait aussi à cette classe populaire qui, sans posséder toutes les connaissances, s'était constituée une culture, qui était sensible à la beauté des œuvres d'art, écrites ou picturales ou autres, qui était engagée politiquement. Sous un gouvernement de gauche, la culture constitue un pilier au même titre que la justice sociale et l'éducation.

 

Un de ses successeurs, M. Jospin – qui n'a pourtant pas suivi la même politique que lui, au contraire – a eu cette belle formule en évoquant son « authenticité » avant d'ajouter : Pierre Mauroy « a laissé une belle trace, et ce qu'il avait envie d'être, ce qu'il avait envie de servir, ce qu'il avait envie de faire, il l'a accompli».

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