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la lanterne de diogène
9 juin 2013

sur Clément Méric

On apprend qu'une page Facebook consacrée à Clément Méric (battu à mort par un skin head) a été piratée ou qu'une fausse page d'hommages a été créée. Peu importe.

 

Ses adversaires ajoutent au meurtre l'insulte et l'ignominie. Je sais que ça fait ringard mais il me semble qu'on doit respecter un mort dans la mesure où il n'a rien fait qui ne soit pas respectable. Quel que soit le point de vue, il n'y a aucune raison d'utiliser la mort de quelqu'un pour faire passer un message contraire à son engagement et salir sa mémoire.

 

Clément était un garçon de 19 ans. Il avait obtenu la mention « très bien » au baccalauréat. Ce n'est pas rien, non ? Alors que, sur les 80 % d'une classe d'age qui obtient le fameux viatique, la quasi totalité se contente d'un médiocre passable, les nostalgiques d'une France plus forte pourraient saluer un jeune homme brillant qui faisait honneur aux valeurs de la République. Sinon le saluer, au moins respecter la valeur de l'adversaire et, maintenant, la mémoire du défunt. Bien sûr, ceux qui l'ont tué n'en sont pas à une contradiction près. D'ailleurs, peu importe les valeurs. Ils n'ont que la haine en partage et ne pensent qu'à casser et frapper.

 

Je ne pensais pas commenter cet événement. D'autres le font ailleurs. Simplement, je pense à ce garçon qui manque à sa mère, à sa famille, à sa copine, à ses vrais amis. Eux sont, quoi qu'il arrive, inconsolables. En plus, ils doivent supporter ce cirque médiatique nauséeux et, maintenant, les insultes, les calomnies. Personne n'a donc pitié d'eux ? Personne ne peut, au moins, se taire quand le mort n'est pas encore enterré ?

 

Non, chaque camp donne de la voix. Aucun respect. Chaque camp est persuadé détenir la vérité. Les uns traitent les autres de racistes et de nazis et les autres le sont, effectivement, en réaction contre ceux qu'ils considèrent comme des dégénérés. Pas question de les renvoyer dos à dos mais simplement de montrer que, selon le point de vue où l'on se place, on n'a pas la même vision.

 

Quand même : il y a mort d'homme ! Ce n'est pas rien.

Tout ça pourquoi ? Pour défendre des idées ? Même pas. Les 2 groupes se sont bagarrés devant un magasin de fringues où ils voulaient tous profiter d’une promo. Bagarre qui a mal tourné et s'est soldée par un meurtre. Ça en dit long sur notre société où les jeunes n’ont pas appris à s’exprimer

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/01/10/16463468.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2012/06/29/24603823.html

 

et où le port de marques est devenu primordial. Pour une fois qu'ils partageaient quelque chose, ils n'ont pas supporté cette ressemblance infime et de se retrouver réunis. La mort !

 

On nous refait le coup de Malik Oussékine

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/12/09/3382307.html

 

qui sortait tranquillement d’un restaurant après diner et qui s’est fait tabasser à mort par les flics de Pasqua : martyr pour les uns, manifestant qui aurait dû rester chez lui pour les autres. Tout ça pour des fringues avec une marque dessus...

 

Certains parlent d'interdire les factions fascistes. Si l'on interdit tous ceux qui nous déplaisent, il restera plus grand monde. Encore une fois, c'est une question de point de vue car, du leur, c'est bien nous qui devrions être interdits à cause des idées décadentes que nous propageons (selon eux). Bien sûr, ça ne sert à rien puisque les groupes dissous se reforment aussitôt et, une fois reconstitués, ces groupes sont encore plus difficiles à cerner. Ils ont retenu les leçons de la dissolution. Enfin, ces gesticulation donnent bonne conscience...

 

À droite aussi, on réclame la dissolution. Pas bête, en vertu de la façon dont on redessine le paysage politique

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2013/05/04/27076135.html

 

on met dos à dos des groupes para-militaires, essentiellement violents, et des groupes d'idéalistes prêts au sacrifice pour défendre ceux qu'ils considèrent comme victimes.

 

Voici la fin de « La maison de Bernarda Alba » de Garcia Lorca adapté librement pour la circonstance :

 

Que personne ne parle ! [Clément] est mort (…) Et je ne veux pas de larmes.

La mort, il faut la regarder en face. Silence ! J'ai dit qu'on se taise !

Nous nous noierons dans un océan de deuil. [Clément] est mort. Vous m'avez entendu ?

Silence, silence, j'ai dit. Silence !

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