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la lanterne de diogène
30 octobre 2013

Le diable, probablement.

Pour donner au peuple sa ration de pains et de jeux, les commentateurs politiques ont entamé un curieux mouvement de balancier consistant à dédiaboliser la fille Le Pen et à diaboliser M. Mélenchon. Désormais, les sondages sont entièrement consacrés à l’irrésistible ascension du FN, puisqu'il est acquis que la côte du Président de la République est vouée à la baisse.

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/sondage-bva-l-affaire-leonarda-un-seisme-politique_1294946.html

 

Le dernier en date montre pour la première que près d'un tiers des sondés adhèrent aux propositions du FN. Ce qui est grave n'est pas tant cela mais plutôt de l'idée qu'ils s'en font. En effet, rien dans les analyses, les propositions n'est vraiment choquant et la gauche n'avait qu'à pas les abandonner puisque c'étaient, pour nombre d'entre elles, les siennes.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/10/06/19255952.html

 

Surtout, la gauche n'avait qu'à pas abandonner le peuple qui est, rappelons-le, sa raison d'être. Ce qui est autrement plus grave, c'est que nombre de ceux qui s'avouent favorables au FN adhèrent à l'idée qu'ils s'en font et notamment le rejet de l'autre et une politique répressive où les victimes sont désignées d'avance. Or, cette idée-là, beaucoup, bien au-delà de la droite traditionnelle et de la droite nationaliste, la partagent et l'expriment. Encore un peu et ils franchiront le pas consistant à abandonner leur vote habituel pour celui du FN ; rien que pour voir, rien qu'un certain temps, le temps de « faire le ménage » pour reprendre l'expression la plus entendue.

 

Si le programme économique et politique du FN n'est pas très différent de nombre de politiques menées dans des pays émergents ou défendues par d'autres formations politiques (hors celles qui alternent au pouvoir dans la plupart des pays de l'UE), en revanche, le programme sociétal, judiciaire, ainsi que la désignation de minorités comme fauteuses de troubles par définition se rapproche de ceux de partis ouvertement racistes et, souvent, anti-français (ce qui est logique), d'ailleurs. Et c'est cet aspect-là qui a les faveurs d'une part grandissante de l'électorat.

 

La gauche ne peut plus se contenter d'intervenir pour critiquer le FN ou pour défendre des minorités qu'elle considère comme victimes sempiternelles et par définition. Chaque fois qu'on critique le FN, qu'on l'évoque simplement, ça lui profite en vertu de l'adage populaire qui reconnaît que « qu'on en dise du bien, qu'on en dise du mal, pourvu qu'on en parle ».

La gauche ne peut pas s'exonérer d'un analyse en profondeur de son échec. L'échec est patent pour la gauche de pouvoir (en clair le PS mais aussi ceux qui le soutienne à un moment ou un autre) puisqu'elle continue systématiquement la politique favorable au grand capital financier en faisant passer des réformes que la droite n'aurait pu se permettre sans provoquer des émeutes. L'échec est également patent pour la gauche dite radicale (en fait la gauche des fondamentaux) qui n'arrive pas à regrouper autour d'elle tous les laissés pour compte de la politique libéraliste. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à être exclus ou menacés d'exclusion. Néanmoins, ils ne se reconnaissent pas dans cette gauche qui n'est pas unie, qui se dispute sur des questions qui ne concernent pas la vie quotidienne des salariés et des précaires et encore moins des privés d'emploi. Nulle part en Europe, la mouvance de la gauche radicale ne parvient au pouvoir même si dans certains pays, elle s'en approche, certes, mais pas plus que l'extrême-droite. Il y a donc un message qui ne passe pas, quand il passe lorsque les thèmes économique, social et politique sont portés par le FN, par exemple. Il est urgent de prendre son courage à deux mains et d'analyser les raisons de ces échecs et, surtout, de trouver les mots et la manière d'être écouté par les victimes de l'ultralibéralisme. Désormais, la progression de l'extrême-droite est inquiétante, d'autant plus qu'elle pousse les autres formations, notamment la droite classique à la surenchère dans les aspects les plus repoussants.

Il faudra beaucoup de conviction à la gauche pour cesser d'être obnubilée par le FN et pour porter un projet qui réponde vraiment à l'attente des Français. D'abord, cette conviction devra être partagée par la myriade de formations qui intègre le Front de Gauche ainsi que les mouvances écologiste et altermondialiste.

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