Chapeau Arthur Conte ! Chapeau Michel Tauriac !

Deux figures de l'audiovisuel d'autrefois, de ceux qui ont écrit parmi les plus belles pages avec les outils radiophoniques et télévisuels viennent de disparaître.

Il s'agit d'abord d'Arthur Conte, dernier véritable PDG de l'ORTF (son successeur ayant assuré la transition avant l'éclatement de « la voix de la France »). C'est probablement sous son mandat qu'on a eu les meilleurs programmes. Arthur Conte avait su s'entourer à tous les niveaux de professionnels compétents. Il croyait en ce qu'il faisait. Il avait aussi manifesté quelque indépendance qui lui a valu d'être débarqué.

http://www.lepoint.fr/culture/info-le-point-fr-arthur-conte-est-mort-26-12-2013-1774522_3.php

Michel Tauriac, lui, n'a pas eu ces problèmes. Gaulliste convaincu, il était un grand journaliste. Rappelé plus tard par Jacqueline Baudrier, PDG de Radio-France, il a créé un magazine de reportages sur France-Inter. Depuis, sous des formes diverses, il y a toujours un magazine hebdomadaire de reportages sur la chaîne de radio nationale. Michel Tauriac a aussi participé à la création de France-Info. Autrement dit, deux concepts qui ont traversé les époques.

http://www.franceinfo.fr/medias/le-journaliste-et-historien-michel-tauriac-est-mort-1263457-2013-12-27

Ces deux grands professionnels n'ont jamais fait d'esbroufe. Ils ont exercé leur métier consciencieusement. Ils n'ont pas formulé de ces aphorismes qu'on reprend à l'envi et qui laisse croire qu'on eu plus d'influence qu'on n'en a eu réellement. Ils ont fait leur boulot.

À l'heure où, contre toute attente, les chaînes de radio et de télévision dites, de nos jours, de « service public » se renforcent, diversifient leurs activités, au point qu'on commence à évoquer (d'abord pour la diffusion numérique via l'Internet) le regroupement des chaînes de radio et de tv financées par les contribuables, il est piquant que le dernier grand PDG de l'ORTF adresse ce message posthume et qu'un grand reporter de renom lui emboîte le pas.

La lanterne de Diogène rappelle systématiquement que, à une époque, malgré un contrôle de la part de l'exécutif, de grands professionnels ont écrit les plus belles pages de la création audiovisuelle. Ils n'étaient pas soumis à la censure économique comme aujourd'hui et à la dictature implacable de l'audience. Il ne s'agit pas de se pâmer comme on le fait dans certains milieux devant ce qui ne marche pas et d'y trouver toutes les qualités mais de souligner que le bon travail ne rencontre pas forcément le succès du grand public. Ce n'est pas parce que peu de personnes fréquentent les expositions de peinture ou lisent de bon livres qu'il faut fermer les galeries ou cesser de publier.