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la lanterne de diogène
1 août 2014

Inter été 2014 - 2

Nous avons vu que rajeunissement et féminisation sont les deux nouvelles mamelles d'Inter. On nous annonce, donc, l'arrivée de Charline Vanhoeneker dans le 7/9 de la semaine. M. Patrick Cohen a donc débauché celle que son confrère, M. Éric Delvaux, avait invitée à partager son micro deux heures avant pour faire de son émission une véritable session d'information et de distraction. C'est comme ça qu'il faut comprendre la féminisation de l'antenne : l'animateur habituel flanqué d'une femme qui fera semblant d'être à égalité et devra déployer de l'astuce pour ne pas se faire manger. Seulement, dans ce cas, une question se pose : quand on sait à quel point tout est chronométré à la seconde près dans le 7/9 (à l'exception notoire de la revue de presse rognée au fil des ans), on se demande quand et comment le micro pourra être partagé. En fait, la journaliste belge tiendra chronique un peu avant 8 heures, ainsi qu'elle le faisait dans son rôle précédent. Il faut croire que rien n'est trop beau pour le 7/9 et son animateur principal. Quant à M. Éric Delvaux, il devra trouver une nouvelle formule. On peut lui faire confiance. Il fait partie de ces anonymes qui accomplissent leur tâche honnêtement, sans esbroufe et qui, tel le Cyrano d'Edmond Rostand voient les autres cueillir les fruits de l'arbre qu'ils ont planté. À lui d'innover encore pendant que la presse ne tarira pas d'éloges pour M. Cohen et lui attribuera le travail de son confrère condamné à œuvrer à une heure qui n'intéresse par les commentateurs.

 

Féminisation ?

Et si l'on rappelait Mme Pulvar, vedette de la télévision mais qu'Éric Delvaux avait lancée à la radio ? Elle est annoncée de retour sur une chaîne info tandis que sa consœur Léa Salamé arrive pour interroger l'invité secondaire de la matinale à 8 heures moins dix. Arrêtons-nous un instant sur cette arrivée qui nous est présentée comme la preuve de la féminisation d'Inter. En fait, il y avait déjà une femme à cette tâche : Mme Clara Dupont-Monod et, avant elle, Mme Pascale Clark. On n'avait guère commenté cette féminisation qui ne disait pas son nom. On avait confié le micro à des personnes jugées compétentes. Seulement, dans notre civilisation de la communication, rien ne sert d'agir. Il faut « communiquer » sur chacun de ses faits et gestes. Ce n'est pas tout de faire venir Mme Dupont-Monod, encore faut-il le faire savoir et gloser autour de cette arrivée. Il faut la justifier en empruntant largement au vocabulaire et à la mode. La leçon a été entendue pour Mme Salamé, vedette de la télévision (comme Mme Pulvar avant elle et également à la même fonction), dont l'arrivée est saluée avec enthousiasme par la presse.

 

Rien, en revanche pour Mme Lise Jolly qui va diriger la rédaction. Elle aussi avait déjà occupé ce poste avant l'arrivée de M. Val (bonjour le rajeunissement), mais elle a contre elle d'être parfaitement inconnue. Même pas une « ébauche » sur Wikipédia. Donc, même en « communiquant, ça n'intéresserait personne. Elle aussi fait partie de ces anonymes des médias qui font leur boulot, sans qui rien ne s'accomplirait, mais que personne ne retient. Ils peuvent bien partir, être virés personne n'en parlera. Qu'une vedette qui jacte cinq minutes par jour pour enfoncer des portes ouvertes et casser du sucre sur le dos de tout le monde s'en aille et c'est l'émeute.

 

D'une manière générale, chaque rentrée sur Inter, avec ses départs et ses arrivées, est scrutée et amène son lot de commentaires sur l'air de : on a viré Untel que j'aimais bien (ou encore mieux que je n'aimais pas* – on est de gauche, non ?), c'est la preuve de la censure et que nous entrons en dictature. Le plus amusant, c'est quand l'arroseur est arrosé. Bien sûr, nous aurons une pensée pour tous les autres qui ont vu leurs émissions s'arrêter, laissant leurs auditeurs contrariés et impuissants. Nous pensons, notamment, aux Levaillant, Loubière, La Rocca et tant d'autres. Beaucoup de femmes, d'ailleurs. Maintenant qu'on parle de rajeunir l'antenne et de la féminiser, on pourrait, peut-être, en rappeler quelques uns et quelques unes, surtout quand elles font des émissions originales (et pas du genre : « mon invité aujourd'hui, est... »), non ?

Que dire des talentueuses animatrice de la première vraie rentrée de M. Val, qui animaient, chacune un soir, la tranche de 21 heures à 22 heures ? Leurs émissions se sont arrêtées sans un commentaire, sans que personne ne crie à la masculinisation de l'antenne, sans que personne ne s'émeuve.

 

Une réactivité sélective

 

Depuis l'arrêt de l'émission « La bande à Bonnaud », de Frédéric du même nom, en 2007, chaque fin de saison, avec son cortège d'arrêt d'émissions, donne lieu à une vague d'indignation sur l'air de « la dictature s'installe en France » ou, du moins, « la censure s'installe sur France-Inter ». Or, chaque année, nombre d'émissions cesse sous divers prétextes et raisons. Seules quelques unes bénéficient d'un courant de sympathie de la part de quelques auditeurs qui savent se faire entendre. On a eu, ensuite, des protestations contre l'arrêt de la revue de presse par un autre Frédéric, Pommier celui-là. Maintenant qu'il va retrouver la revue de presse mais celle de la fin de semaine, on dit qu'il « prend la place » d'Ivan Levaï. Il faut toujours sous-entendre qu'on censure quelqu'un qui déplairait au pouvoir. Rappelons juste qu'Ivan Levaï a traversé tous les changements politiques et a su comment se maintenir à chaque fois.

Le sommet a été atteint avec l'arrêt des chroniques controversées de Guillon et de Porte. Personne n'a bronché pour l'arrêt de la chronique de l'imitateur Gérald Dahan qui venait de dézinguer Mme Alliot-Marie en direct et devant elle. Il n'a fallu que quelques heures pour le voir éjecté. Personne n'a bougé pour lui et pourtant, la sanction était autrement plus évidente que pour les autres pré-cités. Ne parlons pas de Didier Adès et Dominique Dambert virés un vendredi soir et remplacés le lendemain matin.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/05/01/17750903.html

 

Ceux qui bénéficient de la bienveillance des commentateurs peuvent tout se permettre, y compris, et surtout, prendre la place des autres. Dans ces cas, on parle « d'arrivée » ou « de grand retour ». Ce que qu'on annonce avec tambour et trompette pour Sophia Aram. « Féminisation », sans doute ? Au fait, à quel titre était-elle sur Inter, il y a deux ans, puisque la féminisation n'était pas le mot d'ordre ? Et puis, elle va prendre la place d'un(e) autre chroniqueur (ou chroniqueuse) qui va passer à la trappe sans que personne ne proteste, bien entendu. De même que personne ne commente le départ de Mme Clara Dupont-Monod, pourtant femme, elle aussi. On rappelle une humoriste qui avait, certes, du succès à ce poste, il y a deux ans, mais qui, entre temps, a échoué alors qu'elle attendait le couronnement de sa carrière et de son bon goût à la télévision. On se croirait à l'Ump qui a le chic pour recycler ceux qui ont été battus et qui se retrouvent tête de liste ou à la tête d'une mission ou d'un haut-commissariat quelconque (genre « Défenseur des Droits »). Inter semble s'en faire une spécialité puisque, après avoir échoué à la tête de Libération, M. Nicolas Demorand revient lui aussi après avoir pensé que la station dite « de service public » n'était pas assez bien pour lui. Mme Pascale Clark reste sur Inter, finalement. Elle ne fait ni « son arrivée », ni « son grand retour ». Elle fera du « Pascal Clark » la nuit au lieu du matin. Malgré le mercato dans les médias et les grands chambardements dus au départ de Bouvard des « Grosses têtes », personne, ailleurs, n'a songé à lui confier une émission. Donc, elle rempile.

 

Eh oui, Bouvard, encore un homme de Cro-Magnon des médias où il a tout fait, y compris remplacer le billet de Carmen Tessier en première page de France-Soir. Il commencera une nouvelle émission, interactive. Comme ça, si Laurent Ruquier se plante, il ne sera pas loin...

Anne Sinclair fait figure de benjamine dans cet aréopage d'ancêtres. Elle revient (mais ne fait pas son « grand retour ») sur Europe 1 où elle a commencé sa brillante carrière comme stagiaire chez Jean-Michel Desjeune (disparu tragiquement) et Pierre Lescure.

Arrivée de son ex sur RTL : Ivan Levaï sera invité régulièrement dans « On refait le monde ». Nul doute que pour sa première, il se répandra sur l'air de « on m'a viré du service public » et que, grande âme, il citera d'autres noms.

Serge July arrive sur Europe 1 avec Arlette Chabot, une gamine... Jean-Pierre Foucault (66 ans) aussi. Du neuf...

Il est vrai que les radios qu'on appelle aujourd'hui « généralistes » touchent un public âgé, qui aime entendre les bavardages. Selon le degré d'instructions, il se tourne vers « Les grosses têtes » et son humour sous la ceinture avec l'impression « d'apprendre des choses » si une plaisanterie fait une allusion à quelque référence culturelle. Les autres vont sur Inter.

 

Les jeunes et les moins jeunes ont grandi en écoutant les radios dites musicales qui sont, en fait, des radios commerciales. Ils n'ont même pas idée qu'on puisse apprendre quelque chose en écoutant la radio. On peut se poser des questions sur le devenir des premières quand leurs auditeurs n'y seront plus. C'est sans doute en pensant à ça qu'on a nommé M. Gallet à Radio France : maintenir une radio, avec des extensions qui ne relèvent pas de la radio mais qui font perdurer le nom et donnent du travail à des reporteurs car il y aura toujours des personnes pour aller voir ailleurs et partager leurs impressions. On apprends, par ailleurs, que les grands réseaux généralistes viennent de s'entendre pour une application gratuite sur les smartphones afin de conserver les auditeurs et tenir compte des nouvelles pratiques d'écoutes de la radio que nous annoncions il y a quelques années déjà.

 

En attendant, la grille d'été d'Inter, une fois de plus, ne contribue pas à dénicher de nouveaux talents. Entre les rediffusions et ce qui apparaît comme un programme de rechange, on ne se sent pas vraiment en été. Le chanteur canadien du matin n'aide pas vraiment à se mettre de bonne humeur. On connait et l'on apprécie les autres émissions mais de là à dire qu'on les attendait depuis un an avec impatience et plaisir, il y a un pas.

Signalons l'émission de création de Philippe Colin et Xavier Mauduit liée à la Coupe du Monde (avec leurs invités du monde du sport et de la culture) et qui a réussi l'exploit de décaler l'indéboulonnable « Masque & la Plume ». Serait-ce le prémisse d'un changement ?

 

 

En marge, nous apprenons que M. Jacques Pradel reprend sur RTL, une émission qu'il animait voici plus de trente ans (que du neuf, on vous dit) sur France-Inter et consacrée au para-normal. Cette fois, c'est l'écrivain Didier van Cauwelaert qui partage le micro en lieu et place d'Henri Gougaud. Comme quoi, dans la communication comme ailleurs, la mode est un éternel recommencement. nous parlons d'un temps où France-Inter était une radio « populaire et de qualité » ; pour reprendre une formule célèbre. Maintenant, elle est souvent de qualité mais très loin d'être populaire. D'ailleurs, le peuple n'intéresse plus personne.

 

*Référence apocryphe à Voltaire à qui l'on prête ce propos : Je ne suis pas d'accord avec toi mais je me battrai pour que tu puisses continuer.

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