Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la lanterne de diogène
22 août 2014

Epargne

 

Depuis plusieurs années, le Gouvernement tente, de réduire l'intérêt du livret de caisse d'épargne. En constatant qu'il est plébiscité, il aimerait bien orienter cet argent, qui rapporte peu mais sûrement ,vers des investissements collectifs nécessaires. On voudrait, en fait, que les Français les plus modestes risquent leur peu d'argent, en investissant sur des projets collectifs à long terme dont la rentabilité n'est pas prouvée. Les exemples d'Eurotunnel, de France-Télécom et d'autres ont refroidi nombre de petits épargnants de choisir une forme moderne de placement. Au bout du compte, ils ont perdu beaucoup plus qu'ils avaient misé. Le problème c'est que, les banques devenues toute puissantes, ne font plus leur travail consistant à prêter de l'argent pour des projets genre création d'entreprise ou augmentation de l'activité. L’État n'a plus de sous en caisse – dit-on – et doit réduire les dépenses sous peine de se faire tancer par la Commission européenne ou dégrader par les agences de notation. Par conséquent, on voudrait que les plus modestes risquent le peu qu'ils ont. Alors, on fait tout pour les dégoûter du livret de caisse d'épargne. On pense qu'ainsi, ils placeront joyeusement leur argent dans des « produits financiers »sans avoir la moindre certitude de recouvrer au moins la mise.

 

En plus, nous serions tenté de dire que c'est un nouveau coup porté au peuple qui doit subir un gel des salaires depuis des années (au prétexte que l'inflation est réduite), qui voit la protection sociale s'étioler, qui redoute la précarité et la perte d'emploi.

 

Or, une fois de plus, ceux qui nous gouvernent (ou qui aspirent à gouverner) semblent ignorer que les possesseurs d'un livret de caisse d'épargne ne peuvent pas faire autrement. D'abord, le dépôt est disponible à tout moment. Bien pratique quand on doit faire face à une dépense imprévue (réparation de l'indispensable voiture, changement du chauffe-eau etc.) ou, au contraire, une dépense prévue (changer la voiture, marier ses enfants, financer le permis de conduire etc.). C'est pour ça qu'on parle souvent « d'épargne de précaution ». Ensuite,tout le monde ne suit pas la marche de l'économie mondiale, ne connaît pas les secteurs porteurs du moment et ne sait pas forcément où placer son argent. Enfin, beaucoup des possesseurs de livret de caisse d'épargne sont tout simplement interdits bancaires. Ils n'ont que ce moyen pour mettre leurs revenus (quand ils en ont mais le RSA peut aussi être viré à la caisse d'épargne). Il faut voir dans les bureaux de poste (souvent le seul service public de proximité encore existant dans les quartiers et dans les villages) retirer 10 € pour manger. Le livret de caisse d'épargne n'est, finalement, qu'une boite aux lettres. Bien sûr, le coût d'une telle gestion est important et l'on trouve normal que l’État (les intérêts courent mais sont annulés presque tous les jours) s'en charge. Les banques privées ont obtenu de mettre fin à l'odieux monopole de la Poste et de l’Écureuil mais choisissent leurs nouveaux épargnants. Pas question, pour elles, de récupérer leurs propres interdits bancaires. En revanche, disposer des dépôts des retraités les intéressent bien davantage. Ils ne leur feront pas de cadeau pour autant le moment venu.

 

On glose beaucoup sur le moral des Français et sur cette enquête qui montre qu'ils sont plus pessimistes et plus inquiets pour leur avenir que les Irakiens ou les Afghans. On a envie de dire que ces populations subissent la guerre et les attentats mais gardent l'espoir que la guerre finira comme toutes les guerres. Tandis que, quand on subit la crise, quand on voit que chaque famille connaît un ou plusieurs membres privés d'emploi,quand on sait que, dans certaines familles, trois générations de chômeurs se côtoient, quand on entend depuis quarante ans des nouveaux plans pour lutter contre le chômage avec des résultats, au mieux, provisoires, on comprend que le moral des Français soit plus affecté que celui de populations en guerre. La crise dure et semble ne jamais cesser tandis que les guerres les plus dures se terminent un jour.

Publicité
Publicité
Commentaires
la lanterne de diogène
Publicité
la lanterne de diogène
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 219 632
Newsletter
Publicité