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la lanterne de diogène
11 mai 2015

Allez Red Staaaaaaaaaaaaaaaaaar !

Le Red Star jouera en Ligue 2 la saison prochaine :

http://www.sports.fr/football/national/articles/national-revoila-le-red-star-!-1228930/

http://www.cahiersdufootball.net/article-red-star-soir-de-montee-5825

Ah, le Red Star ! Toute une époque. Une époque encore à échelle humaine, où l'on allait à pieds, le + souvent au Stade de Paris (il s'appelait comme ça avant) même s'il fallait marcher une heure ou un peu plus. Une époque où ça sentait les frites et les hot-dogs à la buvette du stade. Une époque où l'on achetait des casquettes vendues avec 4 vieux numéros de Football magazine ou de Miroir du football « plus le numéro en cours ». Une époque où les enfants pouvaient escalader les grilles du stade pour aller faire signer des autographes auprès de leurs joueurs favoris et des vedettes du club visiteur. Souvent, les vedettes comme celles de l'OM – seul club du championnat à aligner des joueurs de dimension internationale (deux par rencontre selon les règles de l'époque) et à mettre une publicité sur le maillot : le bi-hebdomadaire « But », à cette époque – ne comprenaient pas ces intrusions et rembarraient les chasseurs d'autographes sous les huées des adultes qui n'admettaient pas l'arrogance de ces joueurs qui s'y croyaient un peu trop. On n'était pas habitué à Saint-Ouen, à Saint-Denis, à Paris 18e à côtoyer des gens qui se la pétaient.

Les supporteurs du Red Star, c'étaient des ouvriers, des employés, leurs épouses et leurs enfants. On y allait en famille.C'était une petite fête qu'on se payait de temps à autres, rien que pour faire plaisir aux petits qui rêvaient de devenir footballeur et de côtoyer les plus grands. Parfois, pour aller plus vite, on croyait prendre un raccourci. On passait dans les rues étroites de Saint-Ouen et l'on croisait des gens sur le pas de la porte, des enfants qui jouaient dehors (oui, les enfants jouaient et dans la rue), on voyait parfois, à la faveur d'une fenêtre de rez-de-chaussée ouverte, des intérieurs comme les nôtres : modestes mais bien proprets. Nous partagions le sentiment d'appartenir à un même peuple que nos différences ne rebutaient pas. Ça parlait pas toujours français mais dès qu'on s'adressait à d'autres, c'était le français qui reprenait. Ça donnait une idée de ce qu'est une langue fraternelle. Y avait pas mal d'Algériens dans les supporteurs du Red Star et aussi des Portugais, des Espagnols mais c'était pas ça qui comptait. Il n'y avait que des copains puisque nous étions supporteurs de « notre » club de la banlieue ouvrière. Ah, bien sûr, quand le Red Star rencontrait en match amical une formation du pays d'origine, le sang chauffait et parlait. Pour deux heures, on souhaitait la défaite des verts et blancs mais ça ne durait pas. Et puis, à l'époque, on applaudissait les buts marqués par l'adversaire. Quand on sifflait, c'était parce qu'un mauvais geste avait été commis et ça pouvait être un gars du Red Star. Quand je pense que, aujourd'hui, tous les stades doivent prévoir un « parcage visiteurs » pour accueillir les supporteurs des adversaires. Il faut pas se mélanger.

red star populaires

Les soirs de grands matches, les fenêtres du bout, celles des immeubles de la rue du Docteur-Bauer étaient remplies de monde. On voit plus ça depuis qu'ils ont construit la nouvelle tribune ; qui n'est plus nouvelle depuis longtemps. De l'autre côté, derrière les pelouses où il y avait le panneau d'affichage, c'était l'usine Ferodo. Les ouvriers restaient après leur journée et investissaient le toit pour voir leur équipe préférée. Le panneau d'affichage, tiens. Y avait un bonhomme qui accrochait les chiffres géants, blanc sur noir quand le score évoluait. À taille humaine, je te dis !

Dans les tribunes, y en a qui emmenaient un poste de radio, un transistor, comme certains disaient encore. De temps en temps, ils l'allumaient pour suivre le multiplex sur Inter-Variétés. Inter-Variétés : du Tour de France à la lune

À la mi-temps, on avait un peu de temps pour ça. On s'agglutinait, tout en mordant dans un casse-dalle, autour de celui qui avait un « poste » et les résultats se propageaient sur les gradins. « T'es sûr ? Ouais, ils viennent de l'dire à la radio ». Un autre confirme. Il a bien entendu, lui aussi. Vers 10 h 20 du soir, ils écoutaient France-Inter pour avoir tous les résultats et échafauder des conjectures. À l'époque, les vedettes du service des sports s'appelaient Thierry Rolland, Bernard Père, Fabrice Balédent puis Dominique Bressot, Jacques Vendroux, Émile Toulouse, Daniel Pautrat, Pierre Salviac. Christian Bindner En studio, c'était Tommy Franklin. Sur Europe n°1, c'était Eugène Saccomano et sur RTL, Guy Kédia.

Jean Graton, Tony Franklin et quelques autres.

Après, on rentrait en commentant, bien entendu. On se disait qu'à un moment, ils auraient dû faire ceci plutôt que cela et que l'arbitre aurait dû siffler et qu'il l'a pas fait. On pressait un peu le pas pour être sûr d'avoir le dernier métro. Ça fait une petite trotte jusqu'à la porte de Clignancourt.

C'était tout ça le Red Star. Bien sûr, les temps ont changé. La pub sur les maillots n'est plus thermocollée approximativement. Les beaux maillots originaux sont différents tous les ans et sortent parfaitement imprimés avec la pub. Les joueurs ne sont plus de vieilles gloires du foot qui finissent au Red Star mais des tout jeunes qui voudraient bien ne pas y rester trop longtemps et être repérés. Le club est toujours en butte aux difficultés de tous ordres. Ça, c'est quelque chose qui ne change pas. Il ne lui arrive que des ennuis dont on a l'impression qu'il les cherche et qui n'arrivent qu'à lui. Le stade est un feuilleton qui dure depuis des années. Chaque fois, il y a quelque chose : on se dispute avec la Mairie, avec les instances du football, avec le Département. Maintenant, le toit tombe et a été retiré carrément d'un côté. Il faudrait le refaire mais ça coûte cher. Et puis, les supporteurs, pas les mêmes qu'avant, ne veulent pas entendre parler d'un autre endroit que « Bauer ». Pourtant, ils y sont à l'étroit. On a parlé du Stade de France. On a surtout raté l'occasion. Ça n'a pas d'importance puisque le club évoluait dans les méandres des divisions non professionnelles.

Bien sûr, le Red Star qui retrouve le statut professionnel n'est pas le même que celui que j'ai connu. Qu'importe. D'après ce que j'en sais, il est resté un club populaire, qui ne fait pas parler de lui dans les faits divers. Et puis, je caresse l'espoir de voir un club parisien donner une autre image que celle, tape-à-l’œil de l'autre, sans vedettes payées à prix d'or mais plutôt avec des joueurs formés au club depuis des années et qui ne rêvaient que de jouer, un jour, contre les dites vedettes avec le maillot vert et blanc frappé de l'étoile rouge. On ne tardera pas, dans un pays qui cultive peu le patriotisme, à voir les limites de cette politique de clubs richissimes, qui s'offrent des vedettes du monde entier mais dont la sélection nationale est à la traîne. L'Italie a des clubs de dimension internationale mais aussi une « squadra azzura » solide. Les Français n'entretiennent pas de chauvinisme pour leur pays mais volontiers pour leur ville, voire leur quartier, voire leur barre d'immeubles. Rien n'a d'importance que de voir une banderole à leur nom déployée dans un stade et qu'importe si c'est une équipe de mercenaires, qu'importe si leurs propres jeunes n'ont aucune chance, un jour, de porter fièrement le maillot de leur club.

Avec le Red Star, il y a moins de chances que ça arrive car les joueurs, à l'image de l'ancien international Steve Marlet vienne de la banlieue, de pas loin et ont été formés au club. Il faut que cet esprit familial tout autant que sportif perdure aussi bien sur la pelouse que dans les tribunes.

http://rmcsport.bfmtv.com/football/huit-choses-essentielles-a-savoir-sur-le-red-star-884918.html

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