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la lanterne de diogène
14 août 2015

Quel gâchis ! (tel aviv sur seine)

On a avancé le nombre de 500 hommes (et femmes) pour encadrer, protéger, sécuriser la journée (la demi-journée en fait) Tel-Aviv sur Seine dans le cadre de Paris-Plage. Soi-disant que tous les ans une ville est invitée à présenter une belle image d'elle-même à Paris. Soit mais, cette année, recevoir la capitale israélienne était plutôt maladroit. Dans ces cas-là – surtout quand une polémique gronde – on évite dans l'intérêt de tous. Ce n'est pas céder à la pression mais, au contraire, apaiser les tensions.

Il faut voir les conséquences. Tout l'après-midi, la circulation a été perturbée dans le centre de Paris, déjà chargé en temps ordinaire et aussi en été du fait de la neutralisation de la voie express sur berge ; justement pour Paris-Plage. Les quais étaient congestionnés et l'accès à quelques voies perpendiculaires servait pour parquer les nombreux véhicules de transport des troupes. On aurait dit une présentation des forces de l'ordre puisque toutes étaient représentées : gendarmerie mobile, CRS, police. Les arrêts de bus ont été supprimés. Les ponts reliant la rive droite de Paris à l'île de la Cité (où se trouve Notre-Dame par exemple) et, un peu plus loin, la rive gauche, étaient interdits aux piétons. Le tronçon du quai surplombant le stand de « Tel-Aviv sur Seine » était neutralisé, obligeant la fermeture des bouquinistes qui font le charme et l'attrait de Paris. Ça, ce sont les conséquences collatérale. Pour ceux qui voulaient profiter de Paris-Plage, c'était ni plus ni moins que la galère. En amont de la Seine, calme plat jusqu'à ce qu'on se heurte à un barrage. « Désolé, Monsieur, on n'entre pas par là. Ici, c'est la sortie. L'entrée s'effectue par les quais au-dessus. » Et là, c'est la queue comme pour voir une exposition au Grand-Palais ou pour entrer au Louvre. Bon, pas la peine d'insister. Vaut mieux continuer Paris-Plage plus loin. Las ! Tous les accès aux berges sont contrôlés. Queue, ouverture des sacs, passage au détecteur, formule de politesse. C'est que même le reste de Paris-Plage, plutôt réduit cette année, est d'accès limité ce jour. Une fois sur place, pas trop de problème pour trouver une chaise-longue disponible tant le dispositif est dissuasif.

http://www.20minutes.fr/paris/1666287-20150813-tel-aviv-seine-entree-israel-gauche-gaza-droite

Conversation à l'entrée de Paris-Plage vers le Pont-Neuf :

  • Monsieur, vous ne discutez quand la police vous dit quelque chose !

  • (…)

  • Vous m'empêchez de rentrer, juste parce que j'ai un drapeau ?

    Je sais plus dans quel pays j'suis.(...) Moi, j'aime la France, je suis fier de la France ! Je suis né en France et on m'empêche de passer parce que j'ai un drapeau. (…)

    C'est moi qui vous paie. Je paie des impôts, des taxes parce que j'ai une entreprise. Je travaille ici et je vois que mes impôts ne sont pas pour la France mais pour Israël. Vous avez le drapeau français sur votre écusson mais vous êtes au service d'autres.

 

Quelle histoire pour un drapeau ! probablement pour un drapeau palestinien afin de participer à la contre-manifestation dite « Gaza - Plage ». Voilà où on en est. Une animation qui attire la foule des Parisiens et des touristes chaque année est gâchée par l'inconséquence, l'imprévoyance et l'obstination des élus. Gouverner, c'est prévoir, merde !

Comme si l'on ne pouvait pas prévoir que faire la promotion de la capitale israélienne – surtout en ce moment – allait susciter l'indignation de beaucoup et une démonstration d'opposition. N'importe quel pilier de bistrot (s'il y en a encore) aurait pu le dire. Mais non, il fallait montrer qu'on ne cède pas et que Tel-Aviv, comme les villes invitées avant, pouvait occuper l'espace parisien le temps d'une demi-journée. Il n'y a sans doute pas assez de villes dans le monde pour éviter les polémiques. En plus, tout le battage autour de quelques dizaines de mètres de berge a radicalisé les opinions. Toute la sphère anti-israélienne était remontée – et descendue sur la berge – pour la contre-manifestation. Drapeaux, banderoles, musique, danses. Beaucoup de femmes en hijeb. Identité exacerbée. De l'autre, il était difficile de voir. Cependant, un coup d’œil furtif permettait de distinguer quelques juifs religieux (pourtant peu adeptes des loisirs et encore moins des plaisirs balnéaires) descendus sur place. Ils s'étaient entouré le bras d'une lanière de cuir comme s'ils se rendaient au Mur de l'ancien Temple de Jérusalem. En d'autres termes, environ 300 mètres de berges étaient livrés à deux communautés antagonistes sur le sol de la capitale de la République Française. Comme s'il n'y avait pas eu, comme s'il n'y avait pas assez d'occasions pour ces deux communautés de s'affronter même verbalement. Beau travail ! Beau résultat !

En plus, la gêne occasionnée par le déploiement démesuré des forces de l'ordre a obéré l'activité des commerçants de Paris-Plage (faute de visiteurs), des bouquinistes et de quelques autres. Les moyens mis au service du stand israélien ne peuvent que monter l'opinion contre l’État hébreu et alimenter les reproches de mise au service d'Israël, des services publics. Tout le monde aurait compris que l'accès soit sécurisé. Tout le monde aurait admis que des policiers soient postés à proximité et que d'autres surveillent les abords et les quais au-dessus. Quelques policiers en civil parmi les badauds auraient fait l'affaire. Le mieux aurait été d'annuler, de reporter, de suspendre (on aurait trouvé les termes) l'animation pour Tel-Aviv mais admettons qu'on la maintienne. En revanche, personne ne comprend cette mobilisation, en plein mois d'août. Est-ce que, sérieusement, on attendait des milliers de personnes pour manifester contre ? À l'imprévoyance s'ajoute l'incompétence.

On aurait voulu monter les gens contre Israël, qu'on ne s'y serait pas pris autrement. On aurait voulu exacerber les sentiments identitaires extérieurs et le communautarisme, qu'on ne s'y serait pas pris autrement. On assiste, depuis une bonne vingtaine d'années, en Europe et un peu partout à de véritables guerres tribales ou, du moins, à des escarmouches dont la fréquence pèse de plus en plus lourd. D'autant plus lourd que la grande majorité des populations se sent extérieure à ces conflits et supporte mal d'en subir les conséquences. Et les autres sont, implicitement sommés d'intégrer l'une ou l'autre communauté plutôt que d'observer une neutralité apaisée. C'est bien ce que cherchent les extrémistes : forcer à les rejoindre et à haïr les autres. En renonçant à la fierté de son héritage, la République a choisi d'adopter un profil bas laissant le champ libre à toutes les fiertés autres que celle de vivre ensemble et de partager un destin commun. En fait, tout se passe comme si l'on encourageait chacun à se détacher de la France et de ses valeurs et à constituer ici des annexes des nombreux conflits qui ensanglantent le monde. On préfère importer les conflits plutôt qu'exporter la paix.

Résultat, l'objectif visant à montrer l'aspect festif de la plage de Tel-Aviv a été raté. Sur place, il n'y avait que des convaincus, probablement presque tous des Juifs d'ici ; autrement dit des personnes qui trouvent que tout ce que fait Israël est bien. En revanche, d'autres Parisiens ou touristes de passages auraient aimé voir autre chose de ce pays en guerre permanente et apprécié de goûter les spécialités locales puisque c'était un peu là-dessus qu'on avait fait la publicité. Ceux qui ont pu approcher ont pu, au contraire, apprécier « Gaza-Plage ». Au total, peu de gens pour faire la fête d'un côté et de l'autre mais beaucoup de mécontents et des accusations qui fusaient de toute part contre cette zone en état de siège au profit d'une petite présence étrangère. Tout ça parce que, quand la gauche est au pouvoir, elle a tellement peur qu'on l'accuse d'être incapable d'assurer la sécurité qu'elle en fait trop et déploie des moyens sans commune mesure avec les risques. Au total, ça n'a pas redoré le blason d’Israël et ça a terni un peu plus celui de ce Gouvernement.

http://www.leparisien.fr/paris-75/tel-aviv-sur-seine-des-policiers-des-militants-et-quelques-visiteurs-13-08-2015-5008247.php

http://www.leparisien.fr/societe/en-images-tel-aviv-sur-seine-sable-transats-et-policiers-13-08-2015-5008441.php

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2015/08/13/002-france-paris-paris-plage-tel-aviv-sur-seine.shtml

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/08/13/01016-20150813ARTFIG00280-tel-aviv-sur-seine-surtout-des-policiers-et-des-journalistes.php

 

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