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la lanterne de diogène
22 janvier 2016

Des leçons de la démographie

Forcément, la population a augmenté. On voit mal comment elle aurait pu diminuer faute de guerre de conquête sur le territoire ou d'épidémie. La progression n'est pas extraordinaire mais quand même, c'est toujours ça de pris, entonnent les commentateurs. Plus de population, ça veut dire plus de consommateurs et ça, c'est bon pour la croissance. À croire que la croissance va repartir du seul fait de la publication des résultats. Ben oui. La population a cru, sans se préoccuper de savoir si on la comptait. Les résultats sont ceux de 2015. Or, malgré cette croissance de la population, la croissance économique n'était pas au rendez-vous. Ça veut dire qu'il y a autre chose et qu'engendrer des petits Français ne vaut rien s'ils n'ont pas les moyens de vivre un tant soit peu confortablement. La population a cru et avec elle, toutes les sous-populations ; à commencer par celle des privés d'emplois et des précaires. Comme il faut être honnête, les plus riches et les riches tout-court sont aussi plus nombreux, et ce sont eux qui font tourner la machine. Par conséquent, on peut bien se passer de tous les autres qui vivent des minimas sociaux et des salariés qui angoissent à l'idée de les rejoindre. Ah, le moral des ménages ! C'est pas comme ça qu'on va le remonter...

 

Sujet d'inquiétude : la baisse, légère (puisque la population augmente quand même) du taux de fécondité. Malgré tout, le solde reste positif puisque la population augmente. Nous savons que ces résultats valent ce que valent les moyennes car il y a toujours un certain type de ménages qui veulent plein d'enfants et d'autres qui réfléchissent à deux fois avant de franchir le pas. Ne parlons pas du nombre de célibataires qui augmente aussi. Autre tarte à la crème de cette enquête, le vieillissement de la population. Ah, bien sûr, si l'on vit plus longtemps, forcément, la population retirée de la vie active augmente. Vivre plus longtemps, c'est vivre vieux plus longtemps. Donc, ça fait plus de vieux. C'est pas la jeunesse qui dure plus longtemps ni même l'âge fort ; même si ça s'améliore. Comment faire, alors ? Car, bien sûr, c'est le problème des retraites qui transparaît à travers ce point. La réponse est évidente : il faut faire des enfants, pleins d'enfants, pour payer les retraites des vieux dont l'espérance de vie augmente. On appelle ça « la fuite en avant ». En fait, il y a comme une loi naturelle qui vient modérer ce dynamisme : c'est le chômage de masse. Tout se passe comme s'il n'y en avait pas. On continue d'appliquer les vieilles recettes : plus d'enfants égale plus de futurs cotisants pour payer les retraites. Eux-mêmes, auront besoin d'encore plus d'enfants après eux puisqu'ils auront été plus nombreux. Etc. Etc. Le chômage de masse veille mais on croit encore que ça ne va pas durer, puisqu'il suffirait d'appliquer enfin une bonne politique. Que n'y a-t-on pensé avant ! On va enfin trouver la solution pour réduire le chômage à son minimum « et remettre au boulot tous ces fainéants, tous ses assistés, qu'on ferait mieux de forcer à aller bosser, non mais ! ». Rappel : 6 millions de « demandeurs d'emplois », soit près de 10 % de la population totale. Si l'on comptait tous ceux qui ne figurent plus dans les statistiques, les radiés, les lassés d'aller à Pôle-Emploi pour rien, les femmes (ou les hommes) au foyer, les clandestins, les sans-abris, ce serait le double qu'on trouverait en panne. À côté de ça, il y a encore des journaux qui publient plusieurs fois par an, des analyses visant à démontrer qu'on aura besoin de main-d’œuvre – et de main-d’œuvre qualifiée, ajoute-t-on – pour relever les défis technologiques et « payer les retraites », les sacro-saintes retraites ! Les privés d'emplois n'existent pas puisqu'on raisonne sans eux. Quand on parle d'exclusion…

 

L'espérance de vie augmente ? En fait non. On comprend qu'elle a bien augmenté ses dernières décennies mais que, maintenant, c'est fini. On se demande bien pourquoi. On avance la pollution. Quelle blague ! Mais qu'on compare les moteurs en circulation jusque dans les années 1980 incluses. Qu'on compare les carburants qui, autrefois, contenaient du plomb. Qu'on compare les consommations des moteurs d'autrefois. Qu'on compare les pots d'échappements sans catalyseurs, sans filtres à particules. Qu'on compare l'exposition de nombre de travailleurs, de paysans, avec des produits dangereux et sans protection ou sans protection efficace. Alors, qu'on s'inquiète de la pollution d'aujourd'hui est choses saine mais ça relève plus du lieu commun. Autrefois, il n'existait pas d'alerte, ni de mesure de pics de pollution sur les grandes agglomérations. Que faut-il en penser, alors ? Eh bien, la pollution agit au propre (hum?) comme au figuré, comme un écran de fumée. Bien commode la pollution pour masquer d'autres problèmes qu'il vaut mieux taire dans des pays développés comme le nôtre. Parlons du stress au travail, responsable de suicides et surtout de consommation de médicaments. Là encore, on charge les humoristes médiatiques de se moquer de ces Français qui, lorsqu'ils ne sont pas en grève ou lorsqu'ils ne sont pas carrément « assistés », tirent au flanc et se bourrent de médicaments. Pour le plaisir, sans aucun doute, surtout si l'on considère les taux de remboursement en baisse ininterrompue depuis des années. D'ailleurs, la santé est devenue tellement difficile d'accès que 29 % de la population renonce à se soigner. Entre la suppression de lits d'hôpitaux, des département entiers avec peu de médecins, de dentistes (ça fait très mal, les dents), un accès au soin de plus en plus coûteux et mal remboursé, on comprend qu'on se soigne moins. Forcément, ça a un impact sur la durée de la vie. La tuberculose est revenue

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/09/22/22121153.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2008/12/03/11615956.html

 

https://mrmondialisation.org/en-recul-en-france-lesperance-de-vie-cache-un-secret/

 

Mais non, accusons la pollution, c'est tellement plus commode d'accuser tout le monde sans viser personne en particulier. Et puis, ça fait le jeu des voitures électriques. Formidables ces bagnoles qui roulent sans polluer et sans bruit ! Et l’électricité alors ? Il faut bien la fabriquer. Oui mais, les centrales sont loin des villes, donc elles pollueront dans des zones où l'on ne mesure pas. Et puis, il y a le nucléaire ! Ça pollue pas le nucléaire, ou alors, ça polluera dans longtemps. On sait pas.

http://www.la-croix.com/Solidarite/En-France/Les-precaires-ont-toujours-des-difficultes-pour-se-soigner-2014-10-16-122243

http://www.observationsociete.fr/qui-renonce-%C3%A0-se-soigner-faute-d%E2%80%99argent-en-france

http://lci.tf1.fr/jt-13h/videos/2014/ces-francais-qui-renoncent-a-se-soigner-8483880.html

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/combien-de-francais-renoncent-ils-a-se-soigner-faute-d-argent-24-08-2015-1958779_57.php

On ose à peine le dire mais si les femmes vivent toujours plus longtemps, elles perdent du terrain face aux hommes. Eh oui, elles travaillent hors de la maison, à présent ; quand elles trouvent du travail. En général, elles exercent les métiers qui n'intéressent plus les hommes, comme l'enseignement. Elles effectuent aussi des tâches inintéressantes ou répétitives. Elles se fatiguent. Elles consomment aussi, plus de médicaments pour tenir le coup face aux harcèlements en tout genre et aux remarques des supérieurs ou des collègues. Sans compter les rivalités épuisantes auxquelles elles se livrent. Ça use tout ça. Et le tabac ? Les filles fument. C'est une marque d'émancipation. C'est le signe qu'elles aspirent (pas que la fumée donc) à entrer dans le monde des adultes. Très important quand on est ado.

En marge de cette étude, on entend également un commentaire qui revient tout le temps : la comparaison avec l'Allemagne. On se réjouit de dépasser numériquement notre vieille ennemie. Déjà, on accuse la mère (mutti) Merkel d'accueillir des réfugiés, non pas par humanité mais pour combler le déficit démographique prévu. Pas de ça chez nous, pas besoin, donc, on n'en veut pas. Pas bête comme raisonnement.

Enfin, une remarque. Aujourd'hui, avec tous les outils qui sont à notre disposition, avec les recoupements possibles, avec les diverses statistiques, on en est encore à effectuer un recensement comme aux temps évangéliques. Depuis 2000, nous en sommes déjà à notre troisième recensement, soit une moyenne d'un tous les cinq ans. Autrefois, c'était un tous les dix ans et encore, car ça coûte cher. Aujourd'hui que les caisses sont vides, on n'hésite pas à lâcher les pépettes pour quelque chose de non-productif et pour des résultats qu'on peut connaître par d'autres moyens. Déjà, dans la deuxième moitié des années 1990, le recensement avait été annoncé en anticipant sur les résultats, sur l'air de : on a besoin de connaître l'état de la population parce qu'on vit davantage en ville, qu'on travaille moins, qu'on se déplace plus, que les femmes travaillent davantage etc. Autrement dit, avant même d'avoir les résultats on nous disait ce qu'on allait trouver. C'est pas grave, c'est le contribuable qui paie et ça fait autant en moins pour « ces fainéants de chômeurs qui n'ont qu'à aller bosser, non mais ! ».

 

http://www.20minutes.fr/societe/1768899-20160119-fecondite-deces-esperance-vie-7-chiffres-clefs-population-francaise-2015

http://www.insee.fr/fr/service/default.asp?page=agendas/dossiers_actualite/conference-presse-recensement-13-janvier-2015.htm

http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/09/population-francaise-70-millions-habitants-2050-ined_n_8108182.html

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