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la lanterne de diogène
14 février 2016

Pourquoi je soutiens la candidature de Mélenchon

M. Mélenchon a créé la surprise en annonçant sa candidature à la Présidence de la République dans la perspective de l'élection de l'année prochaine. Aussitôt, je me suis informé et j'ai tout de suite répondu sur la page de web consacrée. En d'autres termes, cette candidature est tout sauf une impulsion soudaine. La chose a été non seulement réfléchie mais aussi préparée avant l'annonce officielle. En effet, outre l'annonce au journal télévisé, on constate qu'une vidéo a été enregistrée et qu'un site web a été créée avec une système qui permet en quelques clics de soutenir son initiative.

 

Jean-Luc_Mélenchon_-_avril_2012

J'ai déjà expliqué ici pourquoi je voterai et pourquoi j'ai voté Mélenchon en 2012. La sincérité de l'homme, la langue, le respect du peuple, la culture, tout ça additionné font que j'aime l'homme et les idées qu'il porte. J'aime aussi cette fois que sur la page web déjà citée, il précise qu'on n'est pas forcément d'accord avec tout ce qu'il dit mais j'ajouterai qu'on ne trouvera jamais un candidat avec lequel on sera d'accord sur tout.

 Maintenant, sur le plan politique, la démarche est tout à fait conforme avec la lettre et l'esprit de la Constitution qui a voulu que favoriser la rencontre d'un homme avec son pays. Bien sûr, il s'agissait d'institutionnaliser la démarche du Général De Gaulle mais il était déjà vieux à l'époque et savait qu'il ne durerait pas. L'esprit de la Constitution entendait favoriser un successeur dans la lignée du fondateur de la Ve République.

 

Rien à voir, donc, avec le triste spectacle de ces « primaires à la française » où ce qui détourne le plus les Français de la politique dite politicienne est réuni. Si l'on peut saluer le processus qui va obliger les prétendants à s'effacer devant celui qui a été plébiscité, on peut regretter – et l'on doit regretter – qu'on ne puisse plus se présenter à la Présidence de la République sans le soutien d'un parti politique fort et qui a les moyens d'une campagne onéreuse. M. Rocard l'a appris à ses dépens. Lui qui avait quitté le PSU pour bénéficier de la logistique d'un grand parti, il n'a jamais su manœuvrer en interne pour rallier à lui tous les cadres du PS au contraire de Mitterrand qui a essayé plusieurs options, y compris celle consistant à créer son propre parti avant de faire main-basse sur le PS.

 

Triste spectacle que de voir des vieux chevaux appeler à des primaires élargies à toutes les forces progressistes. La faiblesse d'un tel dispositif c'est que, en cas d'élimination au premier tour, il ne reste plus personne. Les partisans d'une primaire élargie à gauche font valoir, au contraire, que si l'on est éparpillé, on risque plus sûrement l'élimination. Ils rappellent celle de M. Jospin en 2002. Nous avons dit souvent que l'argument ne tient pas. Il y avait autant de candidats à droite qu'à gauche. Chacun avait, pour ainsi dire, son vis à vis. Cet argument a évité et évite encore au PS de se poser des questions et de se remettre en question. Et puis, j'ai envie de dire qu'une « primaire élargie » ne serait qu'une parodie. De quelle gauche parle-t-on ? Le PS est-il seulement à gauche ? Déjà le Gouvernement Jospin avait procédé à plus de privatisation que les gouvernements de droite qui l'avaient précédé. Sous la Présidence Hollande, on a poursuivi la casse de la protection sociale, les allègements (en fait les suppressions) de cotisations patronales qui sont autant d'argent sur lequel la Sécurité Sociale ne peut compter. Sur le plan écologique, c'est la catastrophe. Alors que les pays voisins se sont engagés sur dénucléarisation, le Président Hollande avait promis de ne fermer qu'une seule centrale. On se doutait bien qu'il n'en serait rien. Pas de déception donc. La France va connaître le prix de l'électricité le plus cher des pays comparables afin de financer le vieillissement du réseau de centrales atomiques. Ne parlons pas de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (projeté pour feu Air Inter). Le Président a dit et répété que les travaux commenceraient à l'automne après épuisement des recours. C'est donc qu'il sait parfaitement l'issue des procédures, tout comme il a prévu un référendum dont l’issue ne fera aucun doute. Et quand bien même, une surprise sortirait des urnes, gageons qu’un tour de passe-passe quelconque (annulation de la légalité du scrutin par exemple) permettra de passer outre. Tout ça pour faire montre de fermeté. On attend d’un gouvernement qui se dit de gauche qu’il se montre ferme vis à vis de la finance. On est loin du « mon ennemi, c’est la finance ». Le Président Hollande a fait avec les Verts ce que son mentor, Mitterrand, avait fait avec le PCF en son temps. Triste spectacle que celle du délitement de ce parti qui, après avoir incarné à lui tout seul la gauche pendant les « Trente glorieuses », n’en finit pas de s’effilocher. Depuis les années 1980, on a connu « les rénovateurs », «les refondateurs » etc. le PCF a connu les tendances, et l'émiettement de ses militants dans des groupuscules qui ont intégré ou non le Front de Gauche. L'atomisation des Verts a déjà commencé. Elle va se poursuivre.selon un processus désormais connu. Et c'est avec ça qu'il faudrait organiser des « primaires » ? De plus, d'aucuns voudraient y soumettre le Président de la République lui-même. C'est tout à fait contraire à la Constitution puisque la candidature étant une démarche personnelle (ce qui n'empêche pas des formations politiques de la soutenir), le Président est « au-dessus des partis » comme aimait le dire le Président Giscard. Lui-même était parti seul et avait été soutenu aussitôt par son moyen parti (les Républicains Indépendants) puis par les centristes et quelques autres. Depuis 1981, les candidatures sont plus homogènes et obèrent les chances de réussite des candidats indépendants. La crise politique qui sévit en France depuis ces années vient probablement de la main-mise des grands partis sur la vie politique. En tout cas, elle y contribue fortement. D’ailleurs, à l’occasion de la nomination du dernier gouvernement du quinquennat, le Président Hollande a laissé entendre qu’il ne se représenterait pas, conscient que sa promesse d’inverser la courbe du chômage ne serait pas tenue. Parions que son successeur n’y parviendra pas non plus tant qu’on ne mettra pas en place une politique réellement innovante, qui tient compte des nouvelles données que sont la démographie, l’arrivée des nouvelles technologies dans tous les domaines, de nouvelles façons de penser l’économie et le rapport à l’autre et à la nature.

 

C’est bien ce que propose M. Mélenchon sous le vocable de « la transition écologique » qui englobe la plus grande partie des défis qui se pose à la France d’aujourd’hui et de demain quand les autres se réfèrent encore à des vieilles recettes qui datent de l’époque du pétrole abondant et pas cher. Par conséquent, quand on est porteur d'un projet innovant, il n'y a aucun intérêt à se plier à la règle des « primaires » où c'est forcément le moins disant, le plus consensuel qui l'emporte. Bien sûr, à l'issue, il n’a d’autre solution que de s'allier, non pas avec son suivant immédiat pour former un « ticket » mais avec un plus lointain qui aura été distancé en raison de l'indigence de ses propositions et qui aura d'autant plus de raison de se montrer zélé s'il veut obtenir ce que les militants lui ont refusé. Personnellement, je craignais que le jeu des alliances au Front de Gauche n'impose à M. Mélenchon de céder la place. Il était donc de toute première instance qu'il fasse acte de candidature afin de créer un élan populaire capable de le porter au second tour de la Présidentielle. Face à la dérive droitière du PS, du délitement des Verts, de l'émiettement de la gauche (dans le FdG), il faut un candidat apprécié par les masses populaires et au-delà. C'est la seule chance de la gauche. C'est la seule chance de ne pas voir une abstention massive. C'est pour cela que, dores et déjà, je soutien la candidature de M. Jean-Luc Mélenchon.

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