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la lanterne de diogène
18 janvier 2018

Notre-Dame-des-Landes : la fin ?

Cette fois, c’est fini !

Du moins, on veut le croire, après la décision du Gouvernement / Chef de l’État, de ne pas construire d’aéroport international sur le site de Notre-Dame-des-Landes. On veut le croire mais la teneur des réactions, au lendemain de la décision, laisse planer de nouvelles incertitudes. D’après la revue de la presse de M. Askolovitch, sur Inter, les éditorialistes sont presque tous vent debout contre cette décision* qu’ils assimilent à un renoncement du Gouvernement et à un marque de faiblesse de l’État. Les formules ne sont pas choisies au hasard. Dans un pays où, culturellement, l’État est fort, présenter le renoncement à la construction de cet aéroport vise à culpabiliser ceux qui ont pris la décision afin de faire pression sur des choix futurs qui sont tout aussi contestés. Ça pourrait être de bonne guerre si les éditorialistes en question n’étaient pas de ceux qui, à longueur d’année, accusent l’État de tous les maux et militent pour la réduction de son rôle aux seules fonctions dites « régaliennes » et pour lesquelles on est bien content de pouvoir compter dessus.

Ces mêmes éditorialistes ont milité, dans le passé, pour la privatisation des fleurons de l’économie, ont approuvé le dépeçage des PTT, de Thomson, de Péchiney de tant d’autres et, récemment, d’Alstom jusqu’à sa disparition. Ils ont trouvé également formidable que, malgré leur appel à la non intervention de l’État dans l’économie, il vienne au secours du groupe Peugeot qui n’a cessé, tout au long de son histoire, d’affirmer son caractère familial et indépendant et de dénoncer la participation de l’État dans la régie puis dans le groupe Renault.

Ces mêmes éditorialistes appellent sans arrêt, à la baisse des impôts, afin de priver l’État des moyens de l’indépendance de la France, de sa souveraineté et, tout en participant à la baisse de la qualité des services publics afin de préparer l’opinion à leur suppression ; sans préciser que, dans ce cas, il faudrait que chacun paie de sa poche des prestations qui varieront en fonction des cotisations versées et donc des revenus de chacun…

NDDL non

Aujourd’hui, voici que ceux qui n’ont habituellement pas de mots assez forts pour dénoncer la puissance de l’État s’inquiètent de ce qu’ils font passer pour une marque de faiblesse. Sans doute, veulent-ils aussi donner des arguments au Gouvernement pour le jour où il devra arbitrer d’autres projets controversés ; et il n’en manque pas. Ayant renoncé à l’aéroport international du grand ouest, les éditorialistes et les intérêts qu’ils défendent, entendent faire pression sur le Gouvernement afin qu’il renonce à l’arrêt du programme nucléaire, à la fermeture des centrales obsolètes qu’il faut réparer en permanence, aux projets fumeux qui ont déjà englouti des milliards en pure perte. Désormais, en mettant une telle pression sur le Gouvernement et sur le Président de la République, il leur sera impossible de faire montre de fermeté, à l’avenir, en refusant des projets qui ne servent que des intérêts privés. Également, en faisant pression sur le Gouvernement, les éditorialistes le dédouanent, à l’avance pour les bavures qui seront commises à l’occasion de l’évacuation de la fameuse ZAD. Il semblerait, en effet, que, dans le contexte actuel, il n’y ait rien de plus urgent que d’expulser ceux qui occupent le site du projet d’aéroport et ont mis en place une économie fondée sur l’agriculture mais en dehors des circuits contrôlés par les groupes agro-alimentaires. Apparemment, il n’y a pas d’autre problème de sécurité et le Gouvernement a, dores et déjà, envoyé plusieurs escadrons de forces de l’ordre comme Trotski l’avait fait pour mater les marins de Cronstadt qui, eux, étaient effectivement armés puisque c’étaient des militaires. Par conséquent, on peut être sûr et certain que, les journaux qui, au lendemain de l’arrêt du projet d’aéroport international du grand ouest, parlent de faiblesse de l’£tat, feront passer les victimes pour les auteurs de violence, légitimant la disproportion des moyens employés par les forces de l’ordre et concluront en disant que vraiment, l’État a eu bien tort de céder à de véritables terroristes.

Malgré tout, le Gouvernement a annoncé que l’évacuation n’aurait pas lieu avant le printemps, laissant ainsi une ouverture. Ce sera sans doute présenté comme une nouvelle marque de faiblesse. On peut quand même se demander qui les zadistes dérangent-ils ? Est-ce que des propriétaires de terrain ont demandé à récupérer leurs biens (qui auraient été pris pour construire l’aéroport) ? Est-ce que la production agricole sur la ZAD est telle qu’elle menace les autres agriculteurs ? À l’heure où on loue les initiatives visant à lutter contre la désertification des campagnes, où l’on montre comment, chez nos voisins, des réfugiés font revivre des villages abandonnés, on s’étonne de cette nouvelle contradiction qui vise des personnes décidées à refuser le chômage, la précarité et les aides sociales.

En renonçant à construire un aéroport international, sur des terrains cultivables et des terrains nécessaire à l’équilibre de la nature, le Président de la République et le Gouvernement, ont pris une décision courageuse face à la puissance des groupes privés qui opèrent en synergie dans des domaines tels que le BTP mais aussi la finance et, bien entendu, la presse qui relaie leurs intérêts. Il convient de rappeler l’incapacité du Président Hollande à tenir sa promesse de fermer 1 seule centrale nucléaire (alors qu’il faudrait en fermer tout de suite au moins une dizaine) sous la pression d’intérêts privés. Sans successeur, le Président Macron, a, au moins, le mérite d’avoir lancé une consultation avec des experts indépendants (ce qui est déjà à souligner) et d’avoir pris une décision raisonnable.

 

 

* à moins qu’il n’ait choisi, délibérément, de ne citer que les journaux qui désapprouvent la décision du Gouvernement et du Président de la République.

 

https://www.la-croix.com/France/Politique/Notre-Dame-des-Landes-decision-approuvee-politiques-2018-01-17-1200906681

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