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la lanterne de diogène
16 février 2018

Rugby 2018 : vers le désamour ? (4)

Le Tournoi des Six Nations de 2018 est en train de devenir un feuilleton qui traite davantage des à-côtés que du sport proprement dit car ce n’est pas que du rugby ni même que du sport. Les questions posées dépassent le cadre des enceintes sportives et sont des questions de société. Nous dénonçons les coups, les violences sur le terrain. Nous dénonçons le poids excessifs des lignes d’avant et les risques en cas de collision. Voilà que maintenant, dès lundi, on apprenait que des joueurs du XV de France étaient retenus à Édimbourg par la police après une bagarre dans une boite de nuit. La nouvelle n’a été reprise que par la presse spécialisée qui a supprimé nombre des articles publiés suite à un « tweet » de M. Philippe Kallenbrunn, journaliste expert en rugby. https://www.rugbyrama.fr/rugby/6-nations/2018/sept-joueurs-du-xv-de-france-entendus-par-la-police_sto6610622/story.shtml

 

Bien sûr, nous ne nous attardons pas sur les faits divers. Simplement, le mardi suivant, nous apprenons que M. Brunel a décidé de châtier les participants. Ce qui retient notre attention aujourd’hui, c’est la polémique qui s’ensuit. Face au tollé provoqué par cette affaire, le sélectionneur a cru bon sévir et prendre le risque d’affaiblir une équipe déjà brinquebalante. On peut le comprendre. Pourtant, quand on entend l’argument mis en avant, on peut se poser des questions. Soi-disant que des joueurs qui ont perdu n’ont pas le droit de sortir en boite après la défaite ? De qui se moque-t-on ? Ce sont des gars des 20 ans qu’on doit priver de dessert après avoir été battu sans déshonneur. Ils ne sont pas responsables de la série de défaites précédentes. "Par ce comportement inapproprié, ils n'ont pas respecté leur statut de joueur international et les devoirs qui en découlent".Inapproprié de sortir après le boulot ? À l’heure où toute sanction est mal vue, où les punitions infligées aux élèves sont déconseillées, où les peines de prison ferme posent un vrai problème, on va exiger que des jeunes restent cloîtrés dans leur chambre d’hôtel à regarder la TV ou à se lamenter sur leur match perdu ?

Les « troisièmes mi-temps » sont proverbiales au rugby. Dans ce cas, il s’agirait plutôt d’une quatrième qui tourne mal. On rapporte que l’ovalie est vent debout contre les joueurs mis en cause et que M. Brunel est allé dans leur sens ; probablement après en avoir discuté avec son ami Laporte, président de la Fédération. On a parlé de bagarre puis que les joueurs retenus par la police l’ont été à titre de témoins mais la populace se jette sur un fait divers, juge et condamne en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire. On ne sait pas grand-chose de cette histoire mais on veut des têtes. Comme des joueurs ont effectivement été blessés, on se dit qu’il s’est passé quelque chose. Dans le rugby, on a l’habitude de traiter ces histoires en famille mais le tribunal des réseaux dits sociaux impose la présomption de culpabilité.

https://le10sport.com/rugby/rugby-xv-de-france-le-petit-coup-de-gueule-de-philippe-saint-andre-sur-la-polemique-qui-touche-les-bleus-357821

https://www.rugbyrama.fr/rugby/6-nations/2018/xv-de-france-le-pire-oui-pour-le-moment._sto6618506/story.shtml

On peut aussi penser que le sélectionneur a trouvé cette martingale pour excuser une éventuelle défaite contre l’Italie. Privé de ses titulaires (d’ailleurs pas si titulaires que ça puisque ça change tout le temps), il pourra toujours invoquer la difficulté à reconstituer l’effectif. Le fait est que, une fois de plus, il fait appel à un très bon joueur, Trinh-Duc, qui n’en finit pas de revenir dans le XV tricolore chaque fois que l’ouvreur déclare forfait. C’est quand même un manque de respect !

Remarquons aussi que cinq joueurs de Toulon, l’ancien club de M. Laporte, figurent sur la liste qui affrontera l’Italie à Marseille. Ça ne peut pas être dû qu’à leur talent.

http://www.varmatin.com/rugby/cinq-joueurs-du-rct-appeles-avec-le-xv-de-france-pour-le-match-contre-litalie-anthony-belleau-ecarte-207959

 

Le rugby français va mal. Après la Fédération qui sanctionne durement ces jeunes joueurs, voici que les clubs auxquels ils appartiennent lui emboîtent le pas et prennent des sanction qui vont de la suspension jusqu’à leur sucrer leurs primes. Là encore, on a trouvé les bons boucs émissaires. Plutôt que de s’interroger sur ce championnat décrié, trop long et, surtout, qui ne consacre plus les centres de formations puisque, professionnalisme oblige, on préfère recruter des vieilles vedettes de l’hémisphère sud, on s’en prend aux jeunes espoirs. Ce sont eux qui vont payer pour les défaites accumulées depuis un an, les victoire étriquées plus anciennes et le déclin du rugby français depuis 2000. On peut dire qu’il y a eu presque une nouvelle charnière à chaque rencontre et combien de butteurs incontestables ont regardé leur camarade taper les pénalités à leur place ? Il y a des choix qui laissent perplexes et qui sont, en fait, des erreurs. Le pire, c’est de ne pas le reconnaître et de crâner.

Après la deuxième défaite du début de Tournoi et l’affaire de la sortie mouvementée d’après match, les cadres ont trouvé la solution de facilité. Les plus jeunes n’ont pas eu le temps de faire connaître la mesure de leurs talents : on s’en passera sans causer la moindre polémique. On en trouvera d’autres et, surtout, on rappellera des anciens. C’est ce que M. Brunel a commencé à faire avec Beauxis puis Trinh-Duc. Ce ne sont pas les internationaux en activité qui manquent. Bien sûr, ça ne résoudra rien mais on aura encore le culot de louer la fermeté de ceux qui ont pris la décision de sanctionner durement les jeunes joueurs. Ces chamboulements, seront avancés pour justifier les échecs à venir.

L’accumulation des défaites fausse la réflexion et fait oublier que la défaite est inhérente de la compétition, surtout quand il n’y a que deux acteurs. Forcément, l’un va gagner et l’autre perdre. Il ne faut pas confondre défaite et raclée. Depuis le début du Tournoi, l’effectif a changé un peu et suffisamment pour qu’il n’y ait pas de climat de confiance pour le nouveaux. De plus, il a fallu remplacer deux des nouveaux. Ça n’excuse pas les deux défaites mais ça n’est qu’un jeu où il y a nécessairement un perdant. Il est dommage que ce soit encore le XV tricolore. Répétons-le, pour gagner et pour faciliter l’intégration des jeunes joueurs, il faut un patron sur le terrain et, peut-être, une vedette.

 

Tant que les cadres de la Fédération et des clubs ne voudront pas se poser les vraies questions, le rugby français sera malade et le XV au coq ne gagnera pas. Entre les soupçons de dopage, les percussions entre poids super-lourds et autres violences, les aberrations des cadres de la FFR, on va finir par dégoûter une partie du public du rugby et notamment ceux, venus plus récemment (les femmes notamment), attirés par des valeurs de plus en plus rares dans le sport professionnel.

 

https://www.rugbyrama.fr/rugby/6-nations/2018/xv-de-france-le-pire-oui-pour-le-moment._sto6618506/story.shtml

 

https://www.ouest-france.fr/sport/rugby/equipe-de-france/xv-de-france-le-rugby-francais-defend-une-3e-mi-temps-moderee-5570048

 

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